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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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M. Edmond Tressilian, et elle obtiendrait sans doute de lui de vouloir bien l’accompagner à Lidcote-Hall, où elle pourrait rester en sûreté jusqu’à ce que le temps permît de dévoiler ce mystère.
    Leicester gardait le silence en regardant Amy fixement, et la comtesse lut dans ses yeux le ressentiment et le soupçon.
    La comtesse se contenta de dire : – Plût au ciel que je fusse dans la maison de mon père ! Quand je l’abandonnai, je ne croyais guère abandonner aussi l’honneur et la paix de l’âme.
    Varney continua du ton d’un homme qui discute : – Sans doute cette mesure nous forcera d’initier des étrangers dans les secrets de milord ; mais sûrement la comtesse nous garantira l’honneur de Tressilian et celui de toute la famille de son père.
    – Tais-toi, Varney, dit Leicester : par le ciel ! je te passe mon épée à travers le corps si tu parles encore de confier mes secrets à Tressilian.
    – Et pourquoi non, dit la comtesse, à moins que ce ne soient des secrets de nature à être confiés à des gens comme Varney plutôt qu’à un homme d’honneur ? Milord, milord, ne jetez pas sur moi des regards courroucés. C’est la vérité, et c’est moi qui vous la dis. J’ai trahi une fois Tressilian par amour pour vous ; je ne serai pas une seconde fois injuste envers lui en gardant le silence lorsque son honneur est mis en question. Je puis bien souffrir, ajouta-t-elle en regardant Varney, qu’on porte le masque de l’hypocrisie ; mais je ne permettrai pas que la vertu soit calomniée en ma présence.
    Ces paroles furent suivies de quelques momens de silence. Leicester était irrité, indécis cependant, et pénétré de l’injustice de ce qu’il demandait. Varney, affectant une douleur hypocrite et une grande humilité, tenait les yeux baissés, vers la terre.
    Ce fut dans ce moment critique que la comtesse Amy déploya cette énergie de caractère qui l’eût rendue, si le sort l’eût permis, un digne ornement du rang qui lui était dû ; elle s’avança vers Leicester d’un pas grave et mesuré, avec un air de dignité et un regard dans lequel une vive affection cherchait en vain à tempérer cette énergie que donnent la conscience et la droiture du cœur. – Vous avez manifesté votre intention, milord, dit-elle, pour sortir de ce moment de crise, et malheureusement je ne puis pas y condescendre. Cet homme a ouvert un autre avis, auquel je n’ai pas d’autre objection à faire que de dire qu’il vous déplaît. Votre Seigneurie consentirait-elle à écouter ce qu’une femme jeune et timide, mais la plus tendre des épouses, croirait le plus convenable dans cette extrémité ?
    Leicester garda le silence ; mais il fit un signe de tête à la comtesse, comme pour lui dire qu’elle pouvait parler librement.
    – Tous les malheurs qui nous environnent n’ont qu’une cause unique, ajouta-t-elle ; ils découlent de cette duplicité mystérieuse dont on vous engage à vous entourer. Délivrez-vous enfin, milord, de la tyrannie de ces honteuses trames ; soyez un vrai gentilhomme anglais, un chevalier qui regarde la vérité comme le principe de l’honneur, et pour qui l’honneur est plus cher que l’air qu’il respire. Prenez votre malheureuse épouse par la main ; conduisez-la aux pieds d’Élisabeth : dites que, dans un moment de délire, séduit par les vaines apparences d’une beauté dont il ne reste plus maintenant aucune trace, vous avez uni votre main à celle d’Amy Robsart. Par là vous me rendrez justice, milord… vous rendrez justice à votre honneur ; et si alors la loi ou la puissance de la reine vous obligent de vous séparer de moi, je ne m’y opposerai plus, pourvu qu’il me soit permis d’aller, sans déshonneur, cacher mon désespoir dans cette obscure retraite d’où vous m’avez tirée.
    Il y avait tant de dignité, tant de tendresse dans les paroles de la comtesse, qu’elles émurent tout ce qu’il y avait de noble et de généreux dans l’âme de son époux. Ses yeux semblèrent se dessiller, et la duplicité dont il s’était rendu coupable lui apparut escortée de sa honte et de ses remords.
    – Je ne suis pas digne de toi, Amy, dit-il, puisque j’ai pu hésiter entre tout ce que l’ambition me promet et un cœur comme le tien. Quelle sera l’amertume de mon humiliation quand il me faudra découvrir moi-même, en présence de mes ennemis sourians et de mes amis consternés, tous les replis de ma

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