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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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ciel te donne un peu d’esprit ! dit Raleigh ; mais pour Tressilian, Dieu sait si je comprends rien à ce qu’il fait. Il m’a dit ce matin qu’il ne voulait pas quitter sa chambre d’ici à douze heures ou environ, et qu’il s’y était engagé par une promesse. Je crains bien que lorsqu’il apprendra la folie de cette dame, cette nouvelle ne contribue pas à accélérer sa guérison. La lune est aujourd’hui dans son plein, et le cerveau des hommes est soumis à son influence comme le levain. Mais, chut ! le cor sonne le boute-selle ; vite, montons à cheval : nouveaux chevaliers, nous devons aujourd’hui gagner nos éperons.

CHAPITRE XXXV.
     
    « Première des vertus, auguste vérité,
    « Fais briller en tous lieux ta céleste clarté :
    « Que tout mortel te rende un pur et juste hommage,
    « Et brave de l’enfer la menace et la rage. »
    HOME, Douglas .
     
    Ce ne fut qu’après une longue et heureuse chasse et le repas prolongé qui suivit le retour de la reine au château que Leicester put enfin se trouver seul avec Varney. Ce dernier lui apprit toutes les particularités de l’évasion d’Amy, telles que les lui avait racontées Foster, qui, dans sa frayeur, était venu lui-même en apporter la nouvelle à Kenilworth. Comme, dans son récit, Varney avait eu grand soin de taire les manœuvres pratiquées contre la santé de la comtesse, et qui l’avaient forcée à prendre la fuite, Leicester ne put lui supposer d’autre motif que celui de satisfaire son impatience jalouse de prendre le rang de son épouse. Dans cette idée, il fut offensé de la légèreté avec laquelle Amy désobéissait à ses ordres exprès, et l’exposait au ressentiment d’Élisabeth.
    – J’ai donné, dit-il, à cette fille d’un obscur gentilhomme du Devonshire le plus beau nom de toute l’Angleterre ; je lui ai fait partager ma fortune et mon lit. Je ne lui demandais qu’un instant de patience avant de proclamer son triomphe sur mille rivales, et cette femme orgueilleuse préfère risquer de se perdre avec moi, me précipiter au fond d’un abîme, ou me forcer à des expédiens qui m’avilissent à mes propres yeux, plutôt que de rester quelque temps encore dans l’obscurité où elle vit depuis sa naissance. Elle qui fut toujours si aimable, si délicate, si douce, si fidèle, se laisser emporter dans une circonstance où l’on aurait droit d’attendre de la modération de la femme la plus folle !… c’est se jouer de ma patience !
    – Si milady veut se laisser conduire et jouer le rôle que les circonstances commandent, nous pouvons encore sortir d’embarras, dit Varney.
    – Sans doute, Richard, répondit Leicester, il n’y a pas d’autre remède ; j’ai entendu la reine l’appeler ta femme, personne ne l’a détrompée. Il faut qu’elle porte ce nom jusqu’à ce qu’elle soit loin de Kenilworth.
    – Et même long-temps après, je pense, dit Varney, car je ne crois pas qu’elle puisse de long-temps prendre le titre de comtesse de Leicester. Si elle le portait du vivant de la reine, je craindrais pour elle et pour vous. Mais Votre Seigneurie est le meilleur juge en cette affaire. Vous seul savez ce qui s’est passé entre la reine et vous.
    – Tu as raison, Varney, dit Leicester ; je me suis conduit ce matin comme un fou, comme un misérable ; et quand la reine apprendra ce malheureux mariage, elle ne pourra s’empêcher de voir dans ma conduite un mépris prémédité qu’une femme ne pardonne jamais. Nous avons été aujourd’hui sur le point d’éprouver sa vengeance ; je crains que ce moment ne soit que différé.
    – Son ressentiment est donc implacable ? dit Varney.
    – Loin de là, répondit le comte ; car, malgré la supériorité de son rang, elle a eu aujourd’hui même assez de condescendance pour m’offrir l’occasion de réparer une faute qu’elle n’attribuait qu’à un caractère trop impétueux.
    – Ah ! répondit Varney, les Italiens ont raison : dans les querelles d’amour, disent-ils, celui qui aime le mieux est toujours prêt à s’avouer le plus coupable. Ainsi, milord, si nous parvenons à cacher votre mariage, votre position est toujours la même auprès d’Élisabeth.
    Leicester soupira, se tut un moment, puis il répondit :
    – Varney, je te crois sincère, et je te dirai tout. Non, ma position n’est plus la même ; emporté par je ne sais quelle folle impulsion, j’ai parlé à Élisabeth, je l’ai

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