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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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surplus je vais éprouver ton talisman. Voilà mon cheval attaché à cette pierre, voici un groat d’argent sur cette autre ; maintenant il faut siffler trois fois, dis-tu ?
    – Oui, mais un hibou sans plumes sifflerait mieux dans son nid ; il faut siffler plus fort pour que le maréchal vous entende : qui sait où il se trouve en ce moment ? il est peut-être dans les écuries du roi de France.
    – Mais tu m’as dit que ce n’était point un diable, reprit Tressilian, qui se sentait presque honteux de ce qu’on lui faisait faire.
    – Homme ou diable, je vois qu’il faut que je l’appelle pour vous. En même temps il siffla trois fois avec un bruit si aigu que Tressilian se boucha les oreilles. Voilà ce que j’appelle siffler, ajouta-t-il ; maintenant allons derrière ces arbres, ou Pieds-Blancs ne sera pas ferré aujourd’hui.
    Tressilian, curieux de voir à quoi aboutirait tout ce cérémonial, et tenté de croire qu’il aurait un résultat sérieux, attendu l’assurance que montrait l’enfant, qui ne semblait nullement songer à vouloir s’échapper, se laissa conduire derrière le buisson ; et, réfléchissant que ce pouvait être une ruse pour lui voler son cheval, il continua de tenir la main sur le collet de Richard, résolu d’en faire un otage pour la sûreté de son coursier.
    – Chut ! dit Richard, écoutez : vous allez entendre le bruit d’un marteau qui n’est pas de fer forgé par la main des hommes, car il a été fait avec un métal tombé de la lune. En effet, presque au même instant Tressilian entendit le bruit que fait un maréchal en ferrant un cheval. La singularité d’un tel bruit, dans un endroit éloigné en apparence de toute habitation, le fit tressaillir involontairement. Mais regardant l’enfant, et voyant, à l’expression maligne de sa physionomie, qu’il jouissait de son étonnement, il fut convaincu que c’était un stratagème concerté d’avance, et il résolut de savoir par qui et dans quel dessein cette comédie était jouée.
    Il resta donc fort tranquille tant qu’il entendit le bruit du marteau, ce qui dura à peu près le temps dont un bon ouvrier a besoin pour ferrer un cheval ; mais, dès que le bruit cessa, au lieu d’attendre l’intervalle que l’enfant lui avait prescrit d’observer, il s’élança l’épée à la main vers le lieu de la scène ; et, dès qu’il eut fait le tour du buisson, il aperçut un homme portant le tablier de cuir d’un maréchal, mais dont tout le reste du costume était bizarre ; il avait sur le dos une peau d’ours dont le poil était en dehors, et sa tête était enfoncée sous un bonnet semblable qui cachait en partie ses traits enfumés.
    – Revenez ! revenez ! cria l’enfant à Tressilian, ou il vous déchirera en pièces. Personne ne peut le voir sans périr. Et dans le fait l’invisible maréchal, maintenant devenu visible, levant son marteau, semblait se préparer à l’attaque ou du moins à la défense.
    Quand l’enfant s’aperçut que ni ses cris ni l’air menaçant du maréchal n’avaient le pouvoir d’arrêter Tressilian, qui s’avançait toujours l’épée à la main, il s’adressa à l’artisan à son tour : – Wayland, s’écria-t-il, ne le touchez pas ; c’est un gentilhomme, un vrai gentilhomme, et il ne se laisse pas effrayer.
    – Ainsi donc, tu m’as trahi, Flibbertigibbet {53} dit le maréchal ; tu en seras le mauvais marchand.
    – Qui que tu sois, dit Tressilian, tu ne cours aucun danger avec moi ; mais il faut que tu me dises pourquoi tu exerces ton métier d’une manière si mystérieuse.
    Le maréchal, se tournant vers Tressilian, lui répondit d’un air menaçant : – Qui ose questionner le gardien du château de cristal de la Lumière, le seigneur du Lion-Vert, le maître du Dragon-Rouge ? Retire-toi, éloigne-toi avant que j’évoque Talpack avec sa lance de feu, pour t’écraser et t’anéantir ! Il accompagna ces paroles de gestes violens, et brandit son marteau d’un air formidable.
    – Paix, vil fourbe ! dit Tressilian : crois-tu m’en imposer par un tel jargon ? Suis-moi à l’instant chez un magistrat, ou je te pourfends la tête.
    – Paix, bon Wayland ! dit Richard ; les grands mots ne réussiront pas aujourd’hui, et il faut le prendre sur un autre ton.
    – Je crois, monsieur, dit le maréchal d’un air soumis, et en baissant son marteau, que quand un pauvre homme fait bien sa besogne, il lui est permis de

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