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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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jamais vue, dont les joues de rose pâlirent, et qui ne put sans crainte être témoin des merveilles que le jongleur opérait.
    – Silence, dit Tressilian, silence ; c’en est déjà trop !
    – Je ne voudrais pas offenser Votre Honneur ; mais ne croyez pas que j’aie oublié que, pour calmer les craintes de la jeune demoiselle, vous lui expliquâtes la manière dont ces illusions étaient produites, et que vous déconcertâtes le pauvre jongleur en mettant au grand jour les mystères de son art, aussi bien que si vous eussiez été un frère de son ordre. Il est certain qu’elle était si belle que, pour en obtenir un seul sourire, on aurait…
    – N’en parle plus, je t’en conjure ! s’écria Tressilian : je n’ai pas oublié la soirée dont tu parles ; elle est du petit nombre des soirées heureuses que j’aie jamais connues.
    – Elle a donc cessé de vivre ? dit le maréchal, interprétant à sa manière le soupir dont ces mots furent accompagnés ; elle a cessé de vivre, toute jeune, toute belle, toute chérie qu’elle était ! Mais je demande pardon à Votre Honneur ; j’aurais dû battre un autre fer, et je vois que j’ai enfoncé le clou jusqu’au vif.
    Il prononça ces mots d’un ton qui annonçait qu’il éprouvait un véritable sentiment de regret, quoique grossièrement exprimé, et Tressilian en conçut une opinion plus favorable du pauvre artisan, qu’il avait d’abord jugé avec un peu de sévérité : mais rien ne gagne le cœur d’un infortuné comme l’intérêt qu’on témoigne à ses malheurs.
    – Je crois, dit-il après un moment de silence, que tu étais alors un joyeux compagnon, en état d’amuser une société, non seulement par tes tours, mais par des contes et des ballades ; comment es-tu devenu artisan laborieux, exerçant ton métier d’une manière si extraordinaire, et dans une demeure si étrange ?
    – Mon histoire n’est pas longue, répondit Wayland, et si Votre Honneur veut s’asseoir, je la lui raconterai. En parlant ainsi, il approcha du feu un tabouret à trois pieds, et en prit un autre pour lui ; Richard Sludge ou Flibbertigibbet, comme il l’appelait, s’assit sur une escabelle aux pieds du maréchal, les yeux fixés sur lui ; sa figure, éclairée par le feu de la forge, exprimait la plus vive curiosité.
    – Et toi aussi, lui dit le maréchal, tu sauras l’histoire de ma vie : tu m’as rendu assez de services pour mériter ma confiance. D’ailleurs, autant vaut-il te la dire que te la laisser deviner, car jamais la nature n’a caché esprit plus fin sous une enveloppe moins prévenante. Eh bien, monsieur, me voici à vos ordres, et je vais commencer mon récit. Mais n’accepterez-vous pas un verre d’ale ? Malgré la pauvreté de ma demeure, je n’en suis pas dépourvu.
    – Je te remercie, dit Tressilian ; mais voyons ton histoire, car j’ai peu de temps à te donner.
    – Vous ne regretterez pas ce délai, dit le maréchal, car pendant ce temps votre cheval fera un meilleur repas que celui qu’il a eu ce matin, et il en voyagera mieux ensuite.
    Il quitta un instant sa demeure souterraine, et y étant rentré au bout de quelques minutes, il commença son histoire. Mais nous aussi nous ferons une pause en remettant le récit au chapitre qui va suivre.

CHAPITRE XI.
     
    « Oui, milord, tel est son savoir-faire :
    « Mais est-ce à moi de vous le raconter ?
    « Lui seul pourrait vous dire ce mystère.
    « Mais je le dis, son pouvoir est si grand
    « Qu’un geste, un mot, lui suffiraient pour faire
    « De ces pavés lingots d’or et d’argent. »
    Le prologue du Yeoman du Chanoine
    contes de Cantorbéry. CHAUCER.
     
    L’artiste reprit son récit dans les termes suivans :
    – J’appris dans ma jeunesse l’art du maréchal, et je connaissais ce noble métier autant qu’aucun compagnon ceint du tablier de cuir et au visage noirci ; mais je me lassai de chanter en battant le fer, et j’allai courir le monde, où je fis la connaissance d’un célèbre jongleur, qui, reconnaissant que ses doigts n’étaient plus assez souples pour les mystères de son art, désirait avoir un apprenti pour aide. Je le servis pendant six ans, et je devins passé maître dans ce nouvel état. J’en appelle à Votre Honneur, au jugement duquel on peut s’en rapporter ; ne m’acquittais-je point passablement de mon rôle ?
    – On ne peut mieux, dit Tressilian ; mais sois bref.
    – Peu de temps après

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