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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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avoir étonné par ma dextérité la société de sir Hugh Robsart, en votre présence, je pris le parti du théâtre, et je me suis pavané sur les planches avec les plus fameux artistes du Taureau-Noir , de la Fortune-du-Globe et des autres salles {54} . Mais les pommes étaient à si bon marché cette année que les spectateurs n’en mangeaient jamais qu’une bouchée ou deux, et jetaient le reste à la tête des acteurs à mesure qu’ils paraissaient sur le théâtre. Cela me dégoûta de la profession. Je renonçai à la demi-part que j’avais dans la compagnie ; je laissai les pommes à mes camarades, les brodequins au directeur, et je tournai les talons au théâtre.
    – Et quel nouvel état pris-tu alors ? demanda Tressilian.
    – Je devins moitié associé, moitié domestique d’un homme ayant beaucoup de science et peu d’argent, qui faisait le métier de médecin.
    – Ce qui veut dire, dit Tressilian, que tu étais le paillasse {55} d’un charlatan.
    – Quelque chose de plus, mon bon M. Tressilian, permettez-moi de le dire. Et cependant, pour parler vrai, notre pratique était un peu hasardeuse ; et ce que j’avais appris dans mes premières études pour me rendre utile aux chevaux servit plus d’une fois à l’espèce humaine. Mais les germes de toutes les maladies sont les mêmes ; et si la térébenthine, le goudron, la poix, et la graisse de bœuf avec un mélange de gomme, de résine et une gousse d’ail, peuvent guérir le cheval blessé par un clou, je ne vois pas pourquoi la même recette ne serait pas aussi utile à l’homme qui a été percé d’un coup d’épée. Mais la science de mon maître allait plus loin que la mienne, et s’étendait sur d’autres branches. Non seulement il était hardi praticien en médecine, mais c’était encore un adepte au besoin. Il lisait dans les astres, et vous prédisait ce qui devait arriver, par la généthliologie, comme il le disait, ou de toute autre manière. Il était encore profond chimiste, savait distiller les simples, avait fait plusieurs tentatives pour fixer le mercure, et se croyait bien près de trouver la pierre philosophale. J’ai encore des vers qu’il conservait à ce sujet, et si Votre Honneur les comprend, vous êtes plus savant que tous ceux qui les ont lus, et probablement que celui qui les a faits.
    En même temps il remit à Tressilian une feuille de parchemin, au haut, au bas, et sur les marges de laquelle étaient les signes du zodiaque avec des caractères grecs, hébreux et talismaniques. Au milieu étaient quatre vers de la composition d’un auteur cabalistique, en lettres si nettes que l’obscurité qui régnait en ce lieu n’empêcha pas Tressilian de les lire facilement. Voici ce chef-d’œuvre poétique :
    Si fixum solvas, faciasque volare solutum,
    Et volucrem figas, facient te vivere tutum ;
    Si pariat-ventum, valet auri pondere centum.
    Ventus ubi vult spirat. – Capiat qui capere potest {56} .
    – Tout ce que j’y comprends, dit Tressilian, c’est que la dernière ligne n’est pas un vers, et que les quatre derniers mots semblent signifier, me comprenne qui pourra.
    – C’est précisément d’après ce principe qu’agissait toujours mon digne maître et ami le docteur Doboobius. Mais enfin, dupe de sa propre imagination, et infatué de son savoir en chimie, il dépensa en se trompant lui-même l’argent qu’il avait gagné en trompant les autres. Jamais je n’ai pu savoir s’il avait découvert par hasard ou fait construire en secret ce laboratoire. C’est ici qu’il venait souvent se renfermer loin de ses malades et de ses disciples ; et l’on pensa que ses longues et mystérieuses absences de la ville de Faringdon, où il faisait sa demeure ordinaire, étaient occasionnées par ses études dans les sciences mystiques et par son commerce avec le monde invisible. Il essaya de me tromper moi-même ; je voulais bien paraître sa dupe, mais il vit que je connaissais trop bien ses secrets pour que ma compagnie lui fût plus longtemps agréable. Cependant son nom devint fameux, et la plupart de ceux qui venaient le consulter le faisaient dans la persuasion qu’il était sorcier. La réputation qu’il avait d’être initié dans les sciences occultes attira à lui en secret des gens trop puissans pour être nommés, et dont les projets étaient trop dangereux pour être mentionnés. On finit par le maudire et le menacer ; et moi, aide innocent de ses études, on me

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