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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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la faire de la manière qui lui convient. Votre cheval est ferré, votre maréchal est payé ; avez-vous rien de mieux à faire que de vous mettre en selle et de continuer votre route ?
    – Oui, répondit Tressilian ; car c’est un devoir pour tout homme honnête que de démasquer les charlatans et les imposteurs ; et ta manière de vivre fait que je te soupçonne d’être l’un et l’autre.
    – Si vous y êtes déterminé, monsieur, je ne puis me sauver que par la force, et je ne voudrais pas l’employer contre vous, M. Tressilian ; non que je craigne votre arme, mais parce que je sais que vous êtes généreux et compatissant, et que vous auriez plus de plaisir à tirer d’embarras un pauvre homme qu’à lui en causer davantage.
    – C’est bien parlé, Wayland, dit l’enfant qui attendait d’un air inquiet le résultat de leur conférence. Mais descendons dans votre antre, car vous savez que le grand air est contraire à votre santé.
    – Tu as raison, Lutin, répondit le maréchal ; et, s’avançant du côté le plus voisin du cercle de pierres, et opposé à celui où Richard avait conduit Tressilian pendant l’opération mystérieuse, il découvrit une trappe soigneusement cachée dans les broussailles, la leva, et, descendant sous terre, disparut à leurs yeux. Tressilian, malgré sa curiosité, balança un instant à le suivre dans ce qui pouvait être une caverne de voleurs, surtout quand il entendit la voix du maréchal, sortant, des entrailles de la terre, crier : – Flibbertigibbet, aie soin de passer le dernier et de bien fermer la trappe.
    – Ce que vous avez vu du maréchal Wayland vous suffit-il ? demanda l’espiègle à Tressilian avec un sourire malin, comme s’il eût remarqué que son compagnon hésitait.
    – Pas tout-à-fait, répondit Tressilian avec fermeté ; prenant son parti, il descendit l’escalier étroit auquel la trappe conduisait, et fut suivi par Richard Sludge, qui, fermant ensuite la trappe, fit succéder à un faible crépuscule de profondes ténèbres. L’escalier n’avait qu’un petit nombre de marches, et il aboutissait à un passage d’une vingtaine de pas, au bout duquel on apercevait le reflet d’une lumière rougeâtre. Arrivé en cet endroit, Tressilian, qui marchait toujours l’épée a la main, trouva un détour sur la gauche, et arriva, ainsi que l’enfant qui le suivait pas à pas, sous une petite voûte où était une forge de maréchal pleine de charbon de bois embrasé, dont la vapeur aurait pu suffoquer si elle ne s’était échappée par quelques ouvertures ménagées artistement. La clarté que répandaient le charbon allumé et une lampe suspendue par une chaîne de fer, montrait qu’indépendamment de l’enclume, du soufflet, des tenailles, du marteau, d’une assez grande quantité de fers prêts à être employés, et de tous les outils nécessaires à la profession de maréchal, il s’y trouvait aussi des creusets, des alambics, des cornues et d’autres instrumens de chimie. La figure grotesque du maréchal, et les traits difformes mais spirituels de l’enfant, vus à la lumière de ce feu de charbon et d’une lampe mourante, s’accordaient parfaitement avec cet appareil mystique, et, dans ce siècle de superstition, auraient fait quelque impression sur le courage de bien des gens.
    Mais la nature avait doué Tressilian d’une grande fermeté ; et son esprit, cultivé par une bonne éducation première et les études d’un âge plus mûr, était incapable de céder à de vaines terreurs. Jetant un coup d’œil autour de lui, il demanda de nouveau à l’artiste qui il était, et comment il se faisait qu’il connût son nom.
    – Votre Honneur doit se rappeler, dit le maréchal, qu’il y a environ trois ans, la veille de sainte Lucie, un jongleur ambulant se présenta dans un certain château du Devonshire, et y exerça son savoir faire en présence d’un digne chevalier et de sa respectable société. Je vois sur votre figure, malgré le peu de clarté qui règne ici, que vous ne l’avez pas oublié.
    – Tu m’en as dit assez, dit Tressilian en se détournant, comme s’il eût voulu lui cacher les souvenirs pénibles qu’il venait de réveiller en lui.
    – Le jongleur, continua le maréchal, joua si bien son rôle que les paysans et les gentilshommes campagnards crurent presque qu’il employait la magie. Mais il y avait une jeune demoiselle de quinze ans ou environ, la plus belle que j’aie

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