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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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donnât une marque de politesse qu’il ne voulait pas lui accorder le premier. Presqu’à l’instant de leur arrivée la cloche du château sonna midi : les portes du palais s’ouvrirent, et les deux comtes y entrèrent avec les personnes de leur suite à qui leur rang en donnait le droit ; les autres restèrent dans la cour, chaque parti jetant sur l’autre des regards de haine et de mépris, et semblant ne désirer qu’un prétexte pour en venir aux mains ; mais ils furent retenus par les ordres précis de leurs chefs, et peut-être encore plus par la présence d’une garde sous les armes, d’une force supérieure à la leur.
    Cependant les hommes les plus distingués de chaque cortège avaient suivi les deux comtes jusque dans la grande antichambre, semblables à deux rivières dont les eaux, forcées à entrer dans le même lit, semblent ne se réunir qu’avec peine. Ils se rangèrent, comme par instinct, chacun d’un côté différent de l’appartement, et semblèrent empressés de tracer entre eux la ligne de séparation qui, lors de leur entrée, s’était trouvée momentanément effacée. Deux portes battantes au fond de l’antichambre, qui était une longue galerie, ne tardèrent pas à s’ouvrir, et un huissier annonça que la reine était dans la salle d’audience. Les deux comtes s’avancèrent à pas lents et d’un air majestueux vers la porte ; Sussex suivi de Tressilian, de Blount et de Raleigh, et Leicester n’ayant avec lui que Varney. L’orgueil de Leicester fut obligé de céder à l’étiquette de la cour, et, saluant son rival d’un air grave et solennel, il s’arrêta pour le laisser passer avant lui comme pair de plus ancienne création. Sussex lui rendit sa politesse avec la même gravité cérémonieuse, et entra dans la salle d’audience. Tressilian et Blount voulurent l’y suivre ; mais l’huissier leur en refusa l’entrée en leur disant qu’il ne pouvait laisser passer que ceux dont la liste lui avait été donnée. Raleigh, voyant le refus essuyé par ses deux compagnons, restait en arrière ; mais l’huissier l’apercevant lui dit : – Quant à vous, monsieur, vous pouvez entrer ; et il suivit le comte de Sussex.
    – Suis-moi, Varney, dit le comte de Leicester, qui s’était tenu un peu à l’écart pour voir entrer Sussex ; et s’avançant vers la porte, il allait entrer, quand Varney, qui le suivait pas à pas, et qui était revêtu du costume le plus à la mode à cette époque, fut arrêté par l’huissier, comme Tressilian et Blount l’avaient été avant lui.
    – Que veut dire ceci, maître Bowyer ? dit le comte de Leicester ; savez-vous qui je suis, et ignorez-vous que ce gentilhomme est de ma maison et mon ami ?
    – Votre Seigneurie me pardonnera, répliqua l’huissier avec fermeté ; mais mes ordres sont précis, et il est de mon devoir de les exécuter.
    – Tu es un drôle, s’écria Leicester, le sang lui montant au visage, et tu agis avec partialité ! Tu oses me faire cet affront quand tu viens de laisser entrer un homme de la suite du comte de Sussex.
    – Milord, répondit Bowyer, M. Raleigh est maintenant au service de Sa Majesté, et mes ordres ne s’appliquent pas à lui.
    – Tu es un misérable ! un ingrat ! s’écria Leicester ; mais celui qui t’a mis en place peut t’en faire sortir ; tu n’abuseras pas long-temps de ton autorité.
    Oubliant sa discrétion et sa politique ordinaire, il prononça ces mots à voix haute, après quoi, entrant dans la salle d’audience, il salua respectueusement la reine, qui, vêtue avec encore plus de magnificence que de coutume, et entourée de ces guerriers et de ces hommes d’État dont le courage et la sagesse ont immortalisé son règne, était prête à recevoir les hommages de ses sujets. Elle rendit d’un air gracieux le salut du comte son favori, et, portant les yeux alternativement sur lui et sur Sussex, elle semblait se disposer à leur adresser la parole, quand Bowyer, ne pouvant digérer l’insulte que Leicester lui avait faite publiquement dans l’exercice de ses fonctions, s’avança, sa verge noire à la main, et s’agenouilla devant elle.
    – Eh bien, Bowyer, dit Élisabeth, de quoi s’agit-il ? Il me semble que tu prends mal ton temps pour me donner cette marque de respect.
    – Gracieuse souveraine, répondit-il tandis que tous les courtisans tremblaient de son audace, je viens vous demander si, dans l’exercice de mes fonctions,

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