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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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je dois obéir aux ordres de Votre Majesté ou à ceux du comte de Leicester, qui vient de me menacer publiquement de son déplaisir, et qui m’a adressé des expressions insultantes, parce que j’ai refusé de laisser entrer un homme de sa suite, conformément à l’ordre précis de Votre Majesté.
    L’âme de Henry VIII s’éveilla dans le sein de sa fille, et elle se tourna vers Leicester avec un air de sévérité qui le fit pâlir ainsi que tous les amis qu’il avait dans la salle d’audience.
    – Par la mort de Dieu ! milord, s’écria-t-elle, car c’était son exclamation ordinaire, que veut dire ceci ? Nous avions une grande opinion de vous, et c’est pourquoi nous vous avons approché de notre personne ; mais ce n’est pas pour que vous cachiez le soleil à nos autres fidèles sujets. Qui vous a donné le droit de contredire nos ordres, et de contrôler les officiers de notre maison ? Il n’existe dans cette cour, dans ce royaume, qu’une seule maîtresse ! et je n’y souffrirai pas de maître ! Voyez à ce que Bowyer ne souffre en rien pour s’être fidèlement acquitté de ses devoirs, car je vous en rendrai responsable. – Allez, Bowyer, et ne craignez rien ; vous avez agi en homme honnête et en sujet fidèle. Nous n’avons pas ici de maire du palais.
    Bowyer baisa la main que la reine étendit vers lui, et retourna à son poste, surpris lui-même du succès de son audace. Un sourire de triomphe dilata la physionomie des partisans de Sussex, tandis que ceux de Leicester baissaient les yeux avec confusion ; et lui-même, prenant l’air de la plus profonde humilité, n’essaya pas même de dire un seul mot pour sa justification.
    Il agit en cela fort sagement ; la politique d’Élisabeth voulait l’humilier, mais non le disgracier, et il était prudent de la laisser se satisfaire en déployant son autorité sans s’y opposer et sans lui répliquer. La reine ayant joué le rôle qu’exigeait sa dignité offensée, la femme ne tarda pas à avoir pitié du favori qu’elle venait de mortifier. Son œil pénétrant avait aperçu les regards de félicitation que s’adressaient mutuellement ceux qui favorisaient Sussex, et il n’entrait pas dans sa politique d’accorder les honneurs d’un triomphe décidé à aucun des deux partis.
    – Ce que je dis à lord Leicester, ajouta-t-elle après un moment de silence, je vous le dis aussi, lord Sussex : vous aussi vous vous montrez à la cour d’Angleterre à la tête d’une faction…
    – C’est à la tête de ces amis, gracieuse souveraine, dit Sussex, que j’ai combattu pour soutenir votre cause en Irlande, en Écosse et contre les révoltés du nord ; mais j’ignore en quoi…
    – Silence, milord, dit la reine en l’interrompant. Avez-vous dessein de faire assaut de paroles avec moi ? La modestie de Leicester aurait dû vous apprendre à vous taire quand je vous adresse un reproche. Je vous dis, milord, que la sagesse de mon aïeul et de mon père a défendu aux nobles de ce pays civilisé de marcher avec de pareils cortèges armés ! Croyez-vous que, parce que je porte une jupe, le sceptre soit devenu entre mes mains une quenouille ? Je vous déclare qu’aucun roi de la chrétienté n’est moins disposé que celle qui vous parle à souffrir que son peuple soit opprimé, son autorité méconnue, la paix de son royaume troublée par l’arrogance d’un seigneur devenu trop puissant. Lord Leicester, lord Sussex, je vous ordonne d’être amis, ou, par la couronne que je porte, vous vous ferez un ennemi que vous trouverez trop fort pour vous.
    – Madame, dit le comte de Leicester, vous êtes la source de tout honneur, et vous devez savoir ce qu’exige le mien ; je le place à votre disposition ; je me permettrai seulement d’ajouter que la discorde qui existe entre lord Sussex et moi n’est pas mon ouvrage, et qu’il n’a lieu de me regarder comme son ennemi qu’après m’avoir outragé.
    – Quant à moi, madame, dit le comte de Sussex, je suis prêt à me conformer à vos ordres souverains ; mais je serais charmé que lord Leicester voulût bien dire en quoi je l’ai outragé, pour me servir de ses propres termes, attendu que ma bouche n’a jamais prononcé un seul mot que je ne sois prêt à soutenir à pied ou à cheval.
    – Et moi, dit Leicester, toujours sous le bon plaisir de ma gracieuse souveraine, mon bras n’est pas moins prêt à justifier mes paroles que celui de quiconque porte

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