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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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la cellule. Le rapport du directeur de la prison relatait : " Le prisonnier a déclaré à l’hôpital qu’il avait essayé de mettre fin à ses jours parce qu’il ne pouvait supporter l’idée que les quatre pur sang arabes qu’il possède meurent de faim et de soif. À ce qu’il paraît le prisonnier est un amateur passionné de chevaux. Son état de santé est grave. "
    Une autre note, arrivée au même moment, annonçait la mort de Iolanda. Le procureur George Damian sentait dans la bouche comme un goût de cendre. Au restaurant, avant de se mettre à table il se lava longuement les mains à l’eau froide et au savon. " La loi punira Iorgu Iordan pour coups mortels donnés à sa femme. Ces coups, et le fait qu’il aime ses chevaux plus que les êtres humains, ne sont pas ses plus grands péchés, mais les simples effets d’une mentalité. La barbarie, voilà le seul péché de Iorgu Iordan. Comme tout barbare, il sous-estime l’homme jusqu’à l’annuler. Pour ce crime, duquel découlent cependant tous les autres – nulle loi ne le punira jamais. La barbarie n’eSt une attitude illégale qu’en certains cas bien déterminés. "
     
     
13
    Suzanna marcha quelques kilomètres, puis s’assit par terre, au bord de la route. Elle était lasse et brûlante.
    – Je n’en peux plus, Iani ! dit-elle.
    Elle s’étendit sur l’herbe. Ils étaient à mi-chemin entre Fântâna et la ville. Il la laissa dormir, attendant qu’une charrette passe et les emmène. Mais sur la route ne passaient que des piétons ou des cavaliers. Vers cinq heures de l’après-midi il se mit à pleuvoir. Moritz leva les yeux. La pluie froide lui mouillait les joues. Il pensait : " S’il avait plu hier soir, je ne serais pas allé voir Suzanna. Elle serait encore chez elle. Et moi sur le bateau à Constantza. S’il avait plu hier soir… Tant pis. "
    La nuit tombait déjà et la pluie n’avait pas encore cessé. Moritz se dit qu’il devait prendre une décision.
    – Je vais au village chercher une charrette, dit-il, en jetant un regard de pitié à Suzanna.
    Elle était accroupie sous un abri de feuillage. Sa robe et ses cheveux étaient trempés. Elle frissonnait et elle claquait des dents. Elle avait froid.
    – Comme tu voudras, Iani !
    – Tu n’auras pas peur, toute seule ? demanda-t-il.
    – Si tu reviens, je n’aurai pas peur !
    Il l’embrassa et partit. Lorsqu’il arriva à Fântâna il faisait noir comme dans un four. Les paysans s’étaient couchés. Il frappa à toutes les portes. Mais il ne trouva personne pour l’aider. Les paysans voulaient savoir le nom de la femme. Dès qu’ils apprenaient qu’il s’agissait de la fille de Iorgu Iordan ils s’excusaient. Ils n’avaient pas où la caser. Tous avaient peur de Iorgu Iordan. Vers minuit, Moritz pénétra dans la cour du prêtre Koruga. La bibliothèque était éclairée. Devant la porte une grande auto noire luisait sous la pluie comme un miroir. De la maison sortaient des bruits de voix. " Le prêtre a dû recevoir des visites ", pensa Moritz. Il aurait voulu partir. " Il ne faut pas que je le dérange. " Il pleuvait à torrents, et l’eau dégoulinait du toit de la maison. Moritz l’écouta un moment, en silence. Puis, il se rappela que Suzanna l’attendait toute seule au bord de la route et frappa doucement au carreau.
     
     
     
14
     
     
     
    –  Tu es arrivé juste à temps ! Je voulais te voir, dit le prêtre Koruga à son fils Traian. Il aidait son fils à sortir les valises de l’auto et à les transporter à l’intérieur. L’auto était arrêtée devant le balcon, à moitié enfoncé dans le lierre grimpant et les rosiers sauvages. Il pleuvait toujours à verse.
    –  Tu n’es pas seul ? demanda le prêtre.
    Un jeune homme venait de descendre de l’auto.
    – Je te présente George Damian, un camarade de Faculté et un excellent ami, dit Traian. Je viens de le rencontrer cet après-midi en ville. C’est le nouveau procureur du juge de paix de notre département.
    Le prêtre s’excusa de sa tenue. Il n’avait pas prévu de visites. Il conduisit les jeunes gens au salon et se retira un moment. Le procureur regarda longuement le coucou de la pendule, les tapis orientaux qui couvraient les murs et les rayons pleins de livres.
    – Je devine à quoi tu penses ! dit Traian en riant. Tu t’étonnes que le romancier le plus moderne du pays qui chante, dans ses livres, l’auto, l’avion, le bar et la lumière

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