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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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aurait trop tremblé.
    Iohann Moritz mit sa main sur l’épaule de Suzanna. Elle demeurait toujours penchée.
    Ils restèrent un bon moment ainsi sans bouger. Ils étaient loin l’un de l’autre. Seule la main de Iohann Moritz se trouvait sur l’épaule de Suzanna. Ils n’osaient pas se rapprocher davantage.
    – Tu sais, Suzanna, dans le camp j’ai langui de toi…, dit Iohann Moritz.
    Quelques étoiles scintillaient dans le ciel. Suzanna regarda le ciel et se pencha davantage vers Iohann Moritz sans qu’il le sente. Elle avait honte.
    – Il faut me pardonner, Suzanna, mais dans le camp je rêvais bien souvent que tu étais là, nue devant moi. Quand on est arrêté cela arrive souvent. Moi je veux te dire toute la vérité, dit-il en s’excusant. Je rêvais de toi, toute nue, telle que tu étais dans l’herbe derrière la maison de ton père… Cet été restera le plus beau de notre vie.
    Suzanna s’approcha encore de lui et elle posa sa tête sur son épaule. Il lui caressa l’épaule. Puis le dos. Puis il lui mit la main entre les seins.
    – Tu vas froisser cette belle robe que tu as réussi à garder treize ans, dit-il.
    Elle aurait voulu lui dire que la robe ne se froissait pas.
    – Tu feras mieux de l’enlever et de la mettre sur l’herbe comme tu le faisais à Fântâna.
    Elle retira sa robe. Elle le fit vite comme si elle se cachait pour qu’il ne puisse la voir. Elle était toute nue. L’herbe était verte et son corps se détachait, comme du marbre. Elle était encore loin de lui. Il lui prit la taille – et il dit tout étonné :
    – Tu es la même qu’alors. Tu n’as pas du tout changé. Tu es la même. Comme lorsque nous nous trouvions dans le jardin. Comment as-tu fait pour ne pas changer ?
    – Ce n’est pas vrai, dit-elle. J’ai vieilli. Mais toi tu es le même.
    Moritz l’attira vers lui. Elle s’écarta.
    – Tu t’écartes comme alors, dit-il. Comme si ces treize ans n’avaient pas existé.
    Elle pensait la même chose de lui.
    Il lui avait passé son bras autour du corps comme alors. Il l’avait attirée à lui et lui avait couvert la bouche jusqu’à l’étouffer. Elle sentit sa poitrine l’écraser comme une armure. Tout était pareil.
    – Ton corps sent comme l’herbe de Fântâna, dit Suzanna. Ton corps a toujours eu cette odeur d’herbe et de foin. Moi aussi je n’ai fait que penser à toi. Je te le jure. Nuit et jour, j’ai pensé tout le temps à toi. Avec toutes mes pensées. Je te le jure. Tu as été mon soleil, mon mari, mon ciel. Toi seul.
    Iohann Moritz savait qu’elle ne mentait pas. Elle n’avait appartenu qu’à lui, à lui tout seul. Il le sentait à travers son corps brûlant, à travers les battements de son cœur, par ses paroles qui lui brûlaient les oreilles.
    Iohann Moritz savait qu’il était son soleil, son ciel et qu’elle n’avait fait que penser à lui et l’attendre. Iohann Moritz sentait que tout ce qui s’était passé pendant ces treize ans, venait tout à coup de s’effacer. Ils étaient de nouveau ensemble. Exactement comme par le passé. Eux deux, et devant eux : la vie.
    Iohann Moritz n’avait plus peur de la vie.
    Peu avant l’aube, ils se levèrent. Ils étaient tout honteux.
    – Maintenant nous ne sommes plus jeunes comme il y a treize ans, dit-elle. Nous aurions dû revenir plus tôt à la maison.
    Il se mit à rire.
    Ils s’étaient décidés à revenir au même endroit la nuit suivante.
    – Et toutes les nuits d’après, dit-il. Nous allons nous rencontrer ici. Seulement ici. Ici c’est comme à Fântâna. J’ai l’impression que nous sommes là-bas. Et que rien de ce qui s’est passé entre-temps ne s’est passé réellement.
    En revenant à la maison, ils riaient. Maintenant ils n’étaient plus étrangers l’un à l’autre. Et ils n’avaient plus honte. Il la prit à plusieurs reprises par la taille et elle le laissa faire.
    – Sais-tu, dit-il, je ne me sens plus du tout fatigué. Demain matin j’irai avec Petre chercher du travail. Pourquoi attendre encore ? Nous pourrons prendre deux chambres. Je vais gagner de l’argent. Et nous serons heureux.
    Elle voulait qu’il se repose d’abord. Mais Moritz était décidé.
    – Demain matin je partirai avec Petre, dit-il. Je suis habitué à travailler. Pendant treize ans, j’ai travaille du matin au soir et je ne me suis jamais reposé. Et rien que des travaux très dur.
    Ils s’arrêtèrent devant un magasin. La vitrine

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