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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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était illuminée.
    – Avec mon premier salaire je t’achèterai un collier de perles en verre, dit-il. Celles-là, les rouges ; elles te plaisent ?
    Elle regarda le prix et puis regarda Iohann. Elle ne savait que lui répondre. Tous ses rêves où Iani revenait et lui achetait un collier de perles en verre s’étaient réalisés.
    – Nous ne nous séparerons jamais plus, dit-elle.
    – Si demain je commence à travailler, samedi j’achèterai les perles.
    Lorsqu’ils arrivèrent dans leur rue, il faisait presque jour.
    Moritz serra Suzanna dans ses bras et l’embrassa.
    – Je ne peux pas t’embrasser à la maison, parce que les enfants pourraient se moquer de nous, dit-il. Ils nous croient vieux. Mais nous, nous ne sommes pas vieux. N’est-ce pas que nous ne sommes pas vieux ?
    Devant la porte, il y avait un camion aux phares allumés.
    Le cœur de Moritz se mit à battre très fort. Il tâta la poche dans laquelle il mettait ses papiers. Il était en règle. Pourtant il était inquiet. Le camion ressemblait à celui du camp. Et les phares donnaient la même lumière crue.
    Moritz savait bien que tous ses papiers étaient en règle, qu’il les avait sur lui et que tous les phares du monde donnaient la même lumière.
    – Pourquoi trembles-tu ? demanda Suzanna.
    Il ne répondit pas. Mais il se dépêcha de pénétrer dans la maison.
    En montant l’escalier, ils rencontrèrent deux gendarmes qui venaient de chez eux. Ils avaient réveillé les enfants de Iohann Moritz et ils avaient dit à Petre qu’à sept heures du matin ils devaient se tenir tous devant la porte, avec cinquante kilos de bagages par personne.
    Mais puisqu’ils rencontraient Iohann Moritz dans l’escalier, ils profitèrent de l’occasion pour le lui dire à lui aussi.
    – À sept heures du matin, vous devez-vous trouver devant la porte.
    – Où nous menez-vous ? demanda Suzanna.
    – Tous les étrangers de l’Est de l’Europe sont internés, répondit le gendarme. C’est une mesure politique. Vos pays sont en guerre avec les Alliés de l’Occident. Mais ne vous inquiétez pas ; on vit très bien dans les camps. Vous mangerez comme les Amé ricains. Ce n’est qu’une simple mesure de sûreté. Ne vous effrayez pas, vous n’êtes pas arrêtés.
    Cette nuit-là, Iohann Moritz voulut s’enfuir.
    Il avait déjà été invité une fois à raconter au commandant de la ville comment il avait sauvé les Français. Et alors il y avait cru. Et c’est pourquoi il était resté enfermé pendant de si longues années. Mais maintenant Iohann Moritz ne croyait plus rien. Il prit le sac avec lequel il était arrivé dix-huit heures auparavant du camp de Dachau, et réveilla les enfants pour leur dire adieu.
    Petre se mit à rire en voyant son père prêt à s’enfuir. Petre parlait couramment l’anglais et était un ami passionné des Américains.
    – Où veux-tu aller, père ? demanda-t-il. Ne sois pas naïf. Moi je connais les Américains. J’ai un tas d’amis américains. Nous sortons chaque soir ensemble. Lorsque les Américains vous disent qu’il ne s’agit pas d’arrestation, on peut les croire. Si c’est une simple mesure politique, cela veut dire que nous aurons de la nourriture américaine, du bon café, des cigarettes et du chocolat. Et nous ne serons même pas obligés de travailler. Ce serait bête de t’enfuir. Tu ne connais pas les Américains.
    Iohann Moritz pensa à tout ce qu’il savait. À tout ce qu’il avait souffert. À tout ce qu’il avait vu. Puis il regarda Petre. Il ne voulait pas lui gâter ses illusions et lui dire ce qu’il savait.
    Iohann Moritz se débarrassa du sac et le mit sur la table. Il se dit qu’il ne savait où s’enfuir. S’il fuyait les Américains, il arriverait chez les Russes. Et chez les Russes c’était pire. Cela ne voulait pas dire qu’il croyait tout ce que lui racontait Petre. Il savait à quoi s’en tenir. Mais il était fatigué. Il n’avait plus la force de s’enfuir. Il n’avait rien d’autre à faire qu’à rester – rester pour être de nouveau arrêté.
    – Tu as raison, dit Iohann Moritz à Petre. Ce serait bête de m’enfuir.
    Petre lui tapa amicalement sur l’épaule.
    – Nous nous engagerons comme volontaires dans l’armée américaine, dit Petre. Quand nous aurons battu les Russes nous reviendrons en Roumanie. C’est la guerre « le la Civilisation contre la Barbarie. Toi aussi il faut que tu sois volontaire.
    Iohann Moritz ne

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