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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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Amérique.
    – Je suis sûr, cependant, d’avoir entendu quelqu’un monter les marches de l’escalier, dit Traian. Mes sens sont aiguisés, je perçois facilement les bruits.
    – C’est peut-être un esclave technique qui vient de s’évader de ta voiture ? dit le procureur en souriant. Peut-être leur révolution est-elle déjà déclenchée et viennent-ils nous faire prisonniers cette nuit même ? Combien d’esclaves techniques assurent le service de ta voiture, Traian ?
    – Tu n’as qu’à faire le compte : 55 H. P. et chaque H. P. est l’égal de 7 hommes.
    – L’effectif de quelques compagnies, dit le procureur. Et nous ne sommes que trois. S’ils nous attaquent nous serons obligés de capituler sans condition.
    – Sans la complicité d’un homme, les esclaves techniques ne peuvent attaquer les êtres humains. Ayant comme complice un citoyen – qui n’est pas un être humain – les esclaves techniques deviennent des bêtes d’Apocalypse.
    – Qu’entends-tu par citoyen ? demanda le procureur. Nous, tous, nous sommes des citoyens.
    – Le citoyen est l’être humain qui ne vit que la dimension sociale de la vie. Comme le piston d’une machine il n’effectue qu’un seul mouvement et le répète à l’infini. Mais contrairement au piston, le citoyen a la prétention d’ériger son activité en symbole, de la donner en exemple à l’univers tout entier, de se faire imiter par tout le monde. Le citoyen est la bête la plus dange reuse qui soit apparue sur la surface du globe, depuis le croisement de l’homme avec l’esclave technique. Il possède la cruauté de l’homme et de la bête et la froide indifférence des machines. Les Russes ont créé le type le plus parfait de toute l’espèce : le commissaire.
    Au carreau retentirent deux coups légers. – Je vous avais bien dit que j’avais entendu des pas ! fit Traian. Les sens d’un poète ne le trahissent jamais.
     
     
     
17
     
     
     
    Le prêtre sortit sur le balcon, laissant la porte ouverte. Il revint accompagné d’un jeune homme. Le nouveau venu n’était vêtu que d’une chemise et d’un pantalon. Il était nu-tête et complètement trempé.
    – C’est Iohann Moritz, dit le prêtre.
    Il tendit à Iohann Moritz un verre de vin et l’invita à s’asseoir.
    Le jeune homme refusa et resta debout contre la porte. Il ne voulait pas mouiller les tapis et la chaise. L’eau tombait de ses cheveux comme d’une gouttière. Il était évident qu’il avait dû marcher longtemps sous la pluie.
    – Tu veux me parler à moi tout seul ? demanda le prêtre.
    – Je peux vous parler ici aussi ! répondit Moritz.
    – J’ai regretté que tu ne sois pas passé chercher ton paquet ce matin, dit le prêtre.
    – Je ne pars plus en Amérique, expliqua Moritz.
    Il regarda les deux jeunes gens, puis se tourna vers le prêtre et ajouta :
    –  Hier vous m’aviez donné la permission de dormit dans la chambre près de la cuisine.
    Le prêtre comprenait maintenant pourquoi Moritz avait frappé à sa porte en pleine nuit.
    – La chambre t’appartient, fit-il. Tu peux la prendre quand bon te semblera.
    – Est-ce que quelqu’un d’autre peut y dormir cette nuit ? demanda Moritz.
    – Mais sûrement, dit le prêtre. Si ce quelqu’un se trouve dans le besoin et que tu veuilles l’aider, c’est très bien de ta part.
    – C’est Suzanna, la fille de Iorgu Iordan. Elle s’est enfuie de chez elle. Son père voulait la tuer.
    Moritz se rappela que tous les paysans auxquels il avait dit le nom de la jeune fille, lui avaient refusé l’hospitalité. Il regarda le prêtre bien en face.
    – S’il fait froid dans la chambre, fais du feu, dit le vieillard. Tu sais où se trouve le bois.
    Iohann Moritz demeurait debout contre la porte. Il ne voulait pas partir avant de raconter au prêtre, comme à la confession, tout ce qui s’était passé. Lorsqu’il arriva au bout de son histoire et dit que la jeune fille se trouvait en plein champ à mi-chemin entre Fântâna et la ville, Traian Koruga se mit debout, et enfila son manteau. Il partit avec Iohann Moritz, en auto. Une demi-heure plus tard ils étaient de retour.
    L’auto s’arrêta au même endroit, devant le balcon. Moritz prit Suzanna dans ses bras. Le procureur regardait la scène du haut du balcon. La femme du prêtre marchait à côté de Moritz, à sa gauche. Le prêtre à sa droite. La jeune fille gisait dans les bras de Moritz, comme un enfant

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