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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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pénitences.
    – Pauvre fille   !
    – Bon   ! plaignez-la   ! C’est vous qui êtes chargé de lui donner le paradis après l’enfer.
    Et de rire.
    Le fifre reprit   :
    – Pas de précipitation   ! Cachez votre amour   ! Causez avec votre infante   ! Elle est devenue révolutionnaire, vous savez   ! Ayez l’air de vous convertir peu à peu à ses idées et de lui donner raison   ; puis proposez-lui de fuir Lyon avec vous. Quand vous serez à Genève, continuez à respecter cette farouche vertu et gagnez l’Espagne. Une fois là, elle est à vous.
    – Mais, demanda-t-il, comment traverser la frontière avec elle.
    – Ma sœur y a pourvu. Oh   ! elle a de l’imagination, la baronne   ! On s’est procuré un équipage immense où l’on a pratiqué une cachette.
    – Mais si l’on visite   ?
    – On ne la visitera pas. Vous serez pourvu d’un passeport comme diplomate américain. On ne fouille pas les voitures des chargés d’affaires et des attachés d’ambassade ou des courriers de cabinet. Donc, rien à craindre de ce côté et puis vous appartenez à la grande République américaine. On sera plein de sympathie pour vous.
    Elle lui recommanda   :
    – Exercez-vous à prendre l’accent anglais. Tenez, comme ceci.
    Et elle se mit à faire des imitations si cocasses que dom Saluste en rit de bon cœur.
    Il objecta cependant   :
    – Mais sœur Adrienne voudra-t-elle se laisser enfermer dans la cachette   ?
    – Oui, si vous êtes adroit   : à vous de la persuader. Qu’elle vous croie passé à la Révolution   ! Dites que vous avez horreur de l’Église et de la Monarchie depuis que vous avez vu persécuter sœur Adrienne et verser le sang des citoyens. Vous êtes éloquent   ; c’est une arme dont il faudra vous servir.
    Le moine objecta encore   :
    – Mais si elle consent à se cacher dans le carrosse pour partir de Lyon, elle voudra reprendre sa liberté hors de la ville.
    – Êtes-vous assez naïf   ! Est-ce que vous ne pouvez pas lui faire croire que tout le midi est soulevé, ce qui est vrai du reste, qu’il est arrivé de graves événements, que la Convention va succomber et que les alliés sont sous Paris. Cette pauvre sœur ne sait rien.
    – C’est vrai.
    – Vous pouvez passer avec elle en Italie et lui faire croire que c’est le plus court chemin pour la conduire en lieu sûr. Vous l’embarquerez pour l’Espagne sans qu’elle fasse de résistance, si vous ne l’avez pas alarmée. Faites-la écrire à son fiancé et je me charge de lui faire fabriquer des réponses qui lui donneront conseil de vous suivre partout où vous voudrez et, dans ces lettres, je lui ferai donner l’espoir de retrouver son fiancé là où vous irez.
    Le moine admirait ces ingénieuses combinaisons.
    Le fifre reprit encore   :
    – Vous passez par des pays hostiles à la Révolution   : rien ne vous sera plus facile que d’y trouver des gens qui diront à sœur Adrienne que la monarchie est rétablie ou sur le point de l’être. Elle en conclura qu’il y aurait danger pour elle de rentrer dans ce pays où on la murerait de nouveau dans un in-pace.
    – Je vois l’affaire maintenant, dit dom Saluste. La chose est possible, facile même.
    – À une condition.
    – Laquelle   ?
    – Ne démasquer vos prétentions qu’en Espagne, quand vous tiendrez votre infante en lieu sûr.
    – Oh   ! soyez tranquille.
    Le fifre prit un air grave   :
    – Vous savez que la baronne a le bras long et qu’elle peut vous atteindre jusqu’en Espagne   : elle ne craint qu’une chose, votre impatience.
    – Je sais me dompter, dit dom Saluste.
    D’un air riant, le fifre recommanda   :
    – Vous savez que, pour ce voyage, il faudra vous habiller en quaker américain. On vous donnera des passeports comme attaché à l’ambassade de ce pays. Mais nous règlerons ça au moment de votre départ.
    Tirant sa montre   :
    – Midi cinq, il est temps   ! À votre belle   ! Moi, à la mienne   ! Je vais arriver à point pour la trouver furieuse et la calmer. Mais si je tardais cinq minutes de plus, on me l’enlèverait…
    – Allez   ! allez   ! monsieur de Quercy, dit le moine, et baisez les mains de la baronne pour moi.
    Il s’en alla avec force protestations et remerciements.
    Quand il fut dehors, la baronne dit   :
    – Ouf   ! m’en voilà débarrassée à bon marché   ! S’il m’avait reconnue, il m’aurait accablée de fadaises.
    Et elle s’en alla de

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