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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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malin sera condamné. Vrai, je le regretterai. Mais il le faut… Le citoyen Dubois-Crancé ne badine pas.
    Et le capitaine commença à ruminer son rapport.
    Pendant ce temps-là, Saint-Giles se battait à la Croix-Rousse.
    Ce combat inaugura le siège de Lyon.
    Ce jour-là, le sang coula pour la première fois.
    Cette lutte est le prologue du drame militaire pendant lequel Lyon perdit ses meilleurs citoyens, sa jeunesse, qui fut si brave et qui eût si bien combattu aux frontières.
    Et, par une fatalité lamentable, la légende accuse Saint-Giles, un enfant de Lyon, d’avoir précipité les hostilités.
    Erreur que nous allons dissiper par notre récit.
    Selon le plan convenu, Saint-Giles avait pris position devant les redoutes ennemies, disposant ses canons de façon à couvrir la retraite de son bataillon, et laissant six compagnies en réserve pour garder ces canons.
    Les quatre autres compagnies, dispersées en petit piquet, avaient reçu ordre de laisser le trompette porter la sommation, puis de profiter de la trêve d’une heure accordée à Lyon pour s’approcher de l’ennemi et entamer avec lui des pourparlers.
    Naturellement, Saint-Giles, qui comptait beaucoup d’amis à Lyon, espérait s’aboucher avec quelques-uns.
    Il s’avança donc au milieu de son avant-garde.
    Parmi les compagnies de réserve qu’il laissait derrière lui, se trouvaient celles de Monte-à-Rebours et de la Ficelle, chargés tous deux de le surveiller, sans qu’il s’en doutât.
    La scène que nous allons décrire se passait devant le faubourg de la Croix-Rousse, aux abords desquels l’ennemi avait établi ses grands gardes.
    Des petites maisons construites plutôt à la paysanne qu’à la citadine, s’espaçaient un peu clairsemées, formant des rues pleines de larges travées et en voie de formation.
    De ces maisons, des voix sympathiques saluaient l’avant-garde des républicains   : le faubourg tenait en général pour la République.
    Saint-Giles, en tête des siens, répondait gracieusement à l’accueil des habitants, dont beaucoup le connaissaient.
    En passant devant une grande maison dont les fenêtres étaient fermées et qui semblait inhabitée, il sourit, sachant qu’elle appartenait à un de ces royalistes qui se cachent sous le masque girondin.
    Il ne se préoccupa pas de cette maison muette   ; il eut tort.
    Tout l’avant-garde défila devant cette maison, continuant sa route   ; derrière l’avant-garde, deux pièces de quatre marchaient en soutien.
    À trois cents pas de la maison, on voyait la tête des compagnies de réserve arrêtée en observation.
    Mais bientôt, un petit peloton d’une vingtaine d’hommes se détacha de cette réserve   ; il était conduit par deux capitaines ou plutôt ils les escortaient.
    Ces deux capitaines étaient Monte-à-rebours et la Ficelle qui s’avançaient, quittant leur poste d’arrière-garde pour observer Saint-Giles.
    Ils réglaient leurs pas de façon à ne point perdre de vue le commandant.
    Comme la maison aux fenêtres fermées était très rapprochée des avant-postes, il en résulta que Saint-Giles ne le dépassa point de plus de quatre-vingt pas, car les sentinelles lyonnaises lui criaient déjà   : Halte-là   !
    D’autre part, la Ficelle et Monte-à-rebours, distinguant tout très bien, s’étaient arrêtés à quarante pas avant d’arriver auprès de la maison.
    Telle était la position de chacun quand se passa le fameux incident des coups de fusils.
    Les deux capitaines de Carmagnoles, ex-policiers au service du comité de Châlier étaient d’un caractère tout différent.
    Tandis que Monte-à-Rebours se contentait, en homme de main qu’il était, d’exécuter la consigne, la Ficelle, plus intelligent, observait tout ce qui se passait, alors même que les choses dont il se préoccupait n’avaient en apparence aucun rapport avec les missions dont il se chargeait.
    Ainsi la maison fermée n’intéressait nullement Monte-à-Rebours   ; elle attira l’attention de la Ficelle.
    Cette maison fermée ne lui disait rien qui vaille   ; évidemment, elle était hostile, puisqu’elle boudait et tenait portes et fenêtres closes.
    Si elle était hostile, elle était dangereuse, à moins qu’elle ne fût vide.
    Mais était-elle vide   ?
    La Ficelle, plus prudent que Saint-Giles, résolut de s’en assurer.
    Il envoya chercher au pas de course une section de sa compagnie, qui arriva promptement, conduite par un officier.
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