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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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les sourcils froncés. Qu’en penses-tu citoyen capitaine   ?
    – Après ce que nous savons de Saint-Giles, c’est louche   ! fit Monte-à-Rebours. Une fois que l’on est entré dans la voie du soupçon, on s’y enfonce volontiers.
    Dubois-Crancé ne pouvait se dissimuler que Saint-Giles avait été vaillant, mais il expliqua sa conduite à son point de vue.
    – Morbleu, dit-il, je ne comprends pas pourquoi ce Saint-Giles n’a pas ramené son bataillon au pas de course après avoir constaté la trahison. Pourquoi diable battre en retraite au petit pas sous les obus de l’ennemi   ? Son devoir était de mettre rapidement son monde hors d’atteinte.
    – C’est ce que je me disais   ! fit Monte-à-Rebours.
    – Sans doute, reprit Dubois-Crancé, Saint-Giles, par un étalage de courage inutile, aura voulu masquer sa trahison, car, pour moi, il était de connivence avec l’ennemi.
    Et il rédigea sur-le-champ les notes suivantes qu’il fit porter à l’accusateur public chargé d’incriminer Saint-Giles devant la cour martiale.
    Ces notes complétaient celles que le prévôt avait déjà prises et qui accusaient Saint-Giles   :
    1 e D’avoir entretenu des relations avec M me  de Quercy   ;
    2 e De l’avoir accompagnée jusqu’à Marseille   ;
    3 e D’avoir simulé une détention et d’avoir quitté la prison par connivence avec l’ennemi   ;
    4 e D’avoir auparavant abandonné ses bataillons vainqueurs dans l’émeute du 20 mai en se faisant volontairement enlever par l’ennemi.
    Telles étaient les premières notes sur lesquelles le prévôt basait le gros de l’accusation.
    Les secondes, celles que lui faisait passer Dubois-Crancé étaient ainsi conçues.
    Les royalistes lyonnais, ayant à craindre que les républicains girondins égarés qui font cause commune avec eux ne se décidassent à faire leur paix avec la Convention, avaient tout intérêt à mettre du sang entre les deux partis.
    Ils ont tramé avec Saint-Giles un guet-apens.
    Celui-ci a proposé d’entamer des pourparlers avec les révoltés et il s’est entendu avec des traîtres pour que, pendant une trêve, des coups de fusil partissent dans les rangs républicains contre les Lyonnais.
    Le guet-apens a eu lieu.
    Sous le coup de pareilles accusations à cette époque, la tête du suspect ne tenait plus qu’à un fil.
    Il fallait un miracle pour sauver Saint-Giles.
    Jamais, dans aucun temps, on ne vit le gouvernement imposer plus durement que la Convention la discipline aux armées.
    Les généraux tombaient sous la hache, les officiers et les soldats sous les balles d’un peloton d’exécution   !
    Pour les généraux, le tribunal révolutionnaire siégeant à Paris et jugeant sans appel…
    Pour les officiers et les soldats la cour martiale jugeant aussi sans appel.
    Pour tous les condamnés, l’exécution dans les vingt-quatre heures…
    Le jugement rendu, point de grâce possible.
    Pour la cour martiale, comme juges, des officiers dont les sentences étaient étudiées, surveillées, commentées.
    Malheur à ceux qui cédaient à un sentiment d’indulgence coupable.
    Et quel code terrible.
    Trahison   : mort   !
    Sommeil en faction   : mort   !
    Vol   : mort   !
    Infraction à la discipline   : mort   !
    Selon le mot lugubre de Danton, la Convention qui avait fait pacte avec la mort, imposait ce pacte à l’armée.
    Ayant décrété la mort, il se trouva que la Convention avait décrété la victoire. Telle était la justice d’alors, justice devant laquelle allait comparaître Saint-Giles.
    Comme prétoire, un immense hangar.
    Comme public, l’armée accourue, silencieuse et pressée autour de l’enceinte. Dix sentinelles contenant, l’arme au bras, cinq ou six mille spectateurs.
    Le tribunal siégeant sur de simples bancs de bois.
    L’accusateur debout.
    L’accusé assis sur un escabeau.
    Point d’appareil.
    Et cependant la terreur planait sur cette scène d’une simplicité républicaine et militaire.
    La mort que chaque soldat voyait au-dessus de l’accusé, il la sentait sur sa propre tête.
    Et le pouvoir implacable de la Convention lui apparaissait dans un représentant, celui de son écharpe, immobile comme une statue, juge lui-même, de ces juges qui allaient juger.
    Dubois-Crancé, qui n’avait jamais vu Saint-Giles, le regardait.
    Des doutes sur sa culpabilité lui venaient.
    Trop tard…
    Il avait livré l’accusé à la cour martiale   ; eût-il voulu le sauver qu’il ne

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