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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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sut aux anciennes redoutes en ajouter de nouvelles, qui étaient autant de chefs-d’œuvre dans l’art des fortifications.
    Avec de tels éléments de résistance et en des circonstances qui paraissaient si propices, il n’est pas surprenant que les Lyonnais aient cédé à la dangereuse tentation de montrer la seconde ville de France tenant tête à la première.
    Tout contribuait donc à égarer l’opinion dans la ville   ; le bulletin publié chaque jour par Roubiès mentait, répandant d’ignobles calomnies.
    En voici une au hasard   :
    « Les assiégeants, dit Lamartine, avaient essayé leurs batteries établies sur le tertre de Montessuy   ; et l’on racontait que c’était à une femme lyonnaise dont il avait fait sa maîtresse, que Dubois-Crancé avait réservé, ce jour-là, le triste honneur de donner le signal du feu après avoir reçu comme un hommage des mains de son amant, la corde fumante ».
    Le Bulletin contient chaque jour de pareilles calomnies.
    Ainsi s’explique l’aveuglement des Lyonnais.
    Ainsi s’expliquera, pour le lecteur, comment la troisième proposition de Dubois-Crancé fut repoussée avec un sombre enthousiasme.
    Mais nous avons à raconter cette scène du premier coup de canon tiré par une prétendue maîtresse de Dubois-Crancé.

Némésis
    Le 9 août, vers le soir, madame Saint-Giles se présentait chez Dubois-Crancé   ; elle était accompagnée d’une autre femme, la citoyenne Rameau, mariée à un négociant lyonnais.
    Elles apportaient toutes deux des renseignements précieux sur l’état de Lyon.
    Rameau, qui était un esprit très pénétrant, un républicain ardent, mais que des infirmités cruelles retenaient sur son lit, Rameau avait expliqué aux deux femmes le pourquoi de l’obstination des Lyonnais.
    Elles furent reçues par Dubois-Crancé et son secrétaire.
    Elles avertirent le représentant des menées de Roubiès.
    Elles lui apportaient des numéros de l’Officiel que nous avons cités, des pamphlets, des mots d’ordre circulant sous le manteau.
    Enfin, elles révélaient à Dubois-Crancé qu’une sorte de pétition ou de déclaration circulait et pour laquelle on récoltait des signatures.
    Ces signatures étaient données de confiance, sur des feuilles blanches portant ce simple titre   :
    Réponse des corps constitués de la ville de Lyon, approuvée par les signatures.
    Chaque feuille était numérotée, mais ceux qui signaient ignoraient le texte de la réponse et les meneurs en disaient ce que bon leur semblait selon qu’ils s’adressaient à un républicain ou à un royaliste.
    Dubois-Crancé prit note de ces renseignements.
    Mais il remarqua que Madame Rameau lui faisait un signe d’intelligence, comme si elle avait eu quelque chose de particulier à lui dire.
    Il s’agissait donc d’éloigner madame Saint-Giles.
    – Citoyenne, lui dit-il, toute l’armée vient d’acclamer ton fils, qui a battu les muscadins très brillamment. Je vais te faire conduire près de lui. Tu ne veux pas lui dire que tu résides à Lyon   ; rien ne t’oblige à le lui révéler. Tu lui apportes tout simplement des nouvelles de Villefranche et de sa famille.
    – J’y vais, dit simplement madame Saint-Giles.
    Et elle suivit un guide qu’on lui donna.
    Dubois-Crancé resta en présence de madame Rameau, curieux de savoir ce que celle-ci voulait lui révéler.
    M me  Rameau, heureuse d’avoir été comprise, dit à Dubois-Crancé qui lui montrait son secrétaire du regard   :
    – Oh   ! je puis parler devant tout honnête homme.
    Le secrétaire qui s’apprêtait à s’éloigner demeura.
    – Citoyen, dit M me  Rameau, mon mari et moi, nous savons que la citoyenne Saint-Giles a conçu un projet terrible.
    – Je le connais   ! dit Dubois-Crancé.
    – Alors tu as compris que la citoyenne Saint-Giles périrait en l’exécutant.
    – Je le crains   ! dit Dubois-Crancé.
    – Mais connais-tu le motif qui la pousse à chercher la mort.
    – Non   !
    – Elle se croit déshonorée.
    – Elle   ?
    – Oui, elle, la plus honnête femme de Lyon, et pour tout homme, pour toute femme de mauvaise foi, ce déshonneur est prouvé.
    Dubois-Crancé restait profondément surpris.
    – Oui, reprit M me  Rameau, les royalistes pourront plus tard jeter à la figure de la citoyenne Saint-Giles, l’injure de « prostituée ».
    Et M me  Rameau raconta l’incarcération si perfidement ourdie de M me  Saint-Giles, dans la prison où l’on

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