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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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du département réunies envoyaient-elles une réponse catégorique qui repoussait toute transaction.
    Et Roubiès triomphant put, après avoir dicté ce bulletin à son secrétaire, lui dire   :
    – Vous voyez, cher enfant, comment on mène le monde, par la façon dont on mène une ville. Toutes les autorités constituées, parmi lesquelles nombre de membres sont encore des Girondins, ont signé le refus de traiter.
    – C’est le bombardement du 10 août qui nous vaut ça   ! dit le petit abbé.
    – Et aussi cette fable heureuse de la maîtresse de Dubois-Crancé tirant sur la ville le premier coup de canon   !
    – Mais, sait-on, maintenant, qui était cette femme en deuil qui a mis le feu à la pièce   ?
    – Non   ! dit Roubiès. J’ai ordonné les recherches les plus actives sans résultat. Cette femme était voilée. Les abords de la batterie étaient soigneusement gardés et surveillés. Nos espions n’ont vu la scène que de loin.
    – Je voudrais bien savoir qui était cette Némésis   ?
    – Mon ami, nous devons souhaiter que ce secret ne soit point connu.
    – Pourquoi donc   ?
    – Pour la légende, toujours. Si la vérité se faisait jour, notre pieuse calomnie contre Dubois-Crancé ne serait plus soutenable.
    Puis, Roubiès demanda   :
    – Et notre pétition en blanc   ? combien de signatures   ?
    – Onze mille.
    – Mon enfant, il faut activer cela   : les Lyonnais, en lisant l’en-tête des listes, vont croire qu’il s’agit de notre réponse d’aujourd’hui faite par les autorités constituées. Que l’on présente la chose sous ce jour.
    Et il donna des instructions détaillées en ce sens.
    Puis il dit, après les avoir fait expédier   :
    – Est-il possible que l’on trouve des milliers d’imbéciles signant sans savoir ce qu’ils signent   !
    Comme il avait raison, ce prêtre, de compter sur la bêtise du peuple.

Les étonnements de Kellermann
    Comme on l’avait vu avec un entêtement d’humanité d’autant plus méritoire que son caractère était d’une extrême rigueur, Dubois-Crancé venait d’échouer, le 12 août, dans sa troisième tentative de conciliation.
    Il en prépara une quatrième, mais il désirait l’appuyer par quelques brillant fait d’armes.
    Il envoya donc l’ordre aux différents camps d’épier une occasion favorable.
    Le 13, vers quatre heures du soir, il recevait la lettre suivante de Saint-Giles.
    « Citoyen représentant,
    « Un républicain lyonnais que je connais et dont je réponds, éclairé enfin sur le but et les manœuvres des chefs royalistes, est passé de notre côté.
    « Il était capitaine, il sert maintenant comme simple grenadier.
    « Il m’a prévenu d’un projet de l’ennemi qui veut établir une grosse pièce de canon en avant du cimetière de Cuire pour battre mes avant-postes et prendre d’écharpe toute colonne qui chercherait à déloger les Lyonnais de la maison minée que j’ai fait sauter et où ils se sont rétablis.
    « Ils s’y sentent mal assis et menacés   : grâce à la pièce en question, établie à cinq cent pas de là, ils seraient en sûreté.
    « Notre déserteur m’a dit aussi que de Précy avait déclaré que nous l’avons étonné le 9 août.
    « Venez, citoyen, et tâchez d’amener le général Kellermann   ; je me charge ce soir de vous étonner tous les deux.
    « Je porte cette fois un défi sérieux à la mort. »
    – Morbleu   ! J’irai   ! dit Dubois-Crancé, et il faut que j’y conduise Kellermann.
    Et il s’en alla trouver le général.
    Celui-ci était de mauvaise humeur, comme toujours   ; c’était un des meilleurs généraux et l’un des plus mauvais caractères de l’armée.
    – Eh bien, général, dit-il, quelle que soit votre estime pour ce bataillon, vous ne l’estimez pas assez   !
    – Allons donc   ! Ce matin, j’ai rencontré trois de ces compagnies qui allaient à la cible et qui s’exerçaient à la manœuvre en marchant tantôt en bataille, tantôt en colonne. Je les ai prises pour de la ligne tant les mouvements étaient réguliers. Ma foi, je le leur ai dit pour les encourager.
    – Général, il paraît que ce bataillon veut se surpasser aujourd’hui même.
    – Ah   ! ah   !
    – Saint-Giles m’écrit qu’ayant étonné l’ennemi hier, il veut vous étonner vous-même ce soir.
    – Oh   ! oh   !
    – Il est homme à le faire, vous savez.
    – Citoyen, étonner Kellermann, ce n’est pas

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