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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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craignant d’être enveloppée, fit sa trouée et s’enfuit avant que la route ne fût tout à fait fermée.
    La surprise, l’explosion de l’arsenal, la furie de l’attaque expliquent cette retraite.
    Mais, comme l’avait dit Saint-Giles, prendre cette redoute n’était rien pour lui   ; s’y tenir, c’était tout.
    Et le succès dépendait de l’arrivée des chariots.
    Saint-Giles, d’un appel de trompette, donna à ce convoi le signal que la maison était à lui.
    Il avait fait ouvrir les portes de l’enclos.
    Un capitaine s’était chargé d’amener ces chariots.
    Il les accompagnait avec trente chevaux tout harnachés, montés par trente hommes.
    À l’appel de la trompette, les chariots partirent au galop   : mais déjà l’artillerie ennemie revenue de l’étonnement, avertie par une fusée rouge de la prise de la redoute Panthod, lançait tout autour des pots à feux qui éclairaient le terrain comme en plein jour.
    Puis, toutes les pièces des autres redoutes se mirent à jouer.
    Il semblait impossible que les chariots pussent traverser la trombe de feu qui s’abattait sur leur chemin.
    Le capitaine qui guidait ce train s’agitait comme un démon, petit sur un grand cheval.
    Avec une bravoure enragée, il avait déjà fait couper les traits de sept chevaux tirés et avait fait remplacer ces chevaux en un tour de main   ; mais le temps perdu avait retardé, coupé la marche du convoi.
    Heureusement, du côté de la maison Nérat, on entendit des cris, un bruit de lutte et les canons ennemis tournèrent leur feu de ce côté.
    Le convoi soulagé repartit, entraîné et lancé par le vaillant petit capitaine   ; les huit chariots s’engouffrèrent bientôt avec méthode et précision dans l’enclos de la maison Panthod.
    Les hommes de Saint-Giles se jetèrent sur les gabions, sur les fascines, sur les sacs à terre qu’apportaient les voitures   : ils purent consolider en un clin d’œil les trois côtés faisant regard sur l’ennemi et que les Lyonnais s’étaient bien gardés de fortifier, ce qui est un principe à la guerre.
    Les brèches et la gorge de la redoute furent comblées et, en cinq minutes, Saint-Giles se trouva retranché.
    Mais il subit des pertes affreuses   : la moitié du bataillon fondit pendant ces cinq minutes comme l’or dans le creuset.
    Saint-Giles avait pris la résolution désespérée de jeter dans les brèches cent dix cadavres auxquels il donna pour sépulture le terrain même du combat.
    Les blessés furent descendus dans les caves.
    Le sang ruisselait et les survivants en avaient jusqu’aux genoux.
    Un officier, spectateur de cette scène aux avant-postes, a compté le nombre des projectiles lancés pendant cette action de 8 minutes en tout, attaque et mise en défense   ; il s’élevait à deux cent trente…
    Cependant, les pots à feu cessèrent d’éclairer la redoute et une fusée bleue suivie d’une fusée blanche donna un signal aux batteries lyonnaises, qui cessèrent de tirer.
    C’était le prélude d’un retour offensif.
    Deux mille hommes sortirent du cimetière et se précipitèrent sur la maison Panthod.
    Ce fut un effort héroïque du côté des Lyonnais.
    Les muscadins, conduits par Étienne Leroyer, s’élançaient avec autant de furie que le bataillon de la Croix-Rousse en avait montré.
    Ils avaient moins de terrain à parcourir, pas d’artillerie à affronter.
    Leur masse allait produire un choc vigoureux.
    Dans les lignes républicaines, on s’apprêta à recevoir les débris du bataillon de la Croix-Rousse que cette charge allait chasser de la maison Panthod.

La charge antique
    Ainsi donc une colonne fraîche, une troupe d’élite, deux mille muscadins en culottes de soie, la jeunesse dorée de Lyon irritée par l’échec du 18 précédent et conduite avec intrépidité par Étienne Leroyer, son colonel, l’émule de Saint-Giles, la fleur de l’armée lyonnaise enfin venait se jeter, tête basse, sur le bataillon de la Croix-Rousse.
    Ces jeunes gens, enflammés d’ardeur, arrivèrent sans un moment d’hésitation, sur la redoute.
    Mais celle-ci était en défense   : ils vinrent se briser contre les retranchements si rapidement improvisés par Saint-Giles.
    Plus de brèche.
    Partout une fusillade meurtrière.
    Mais ces jeunes gens étaient des héros.
    Ils se laissèrent décimer par les balles, pendant que trois cents rudes travailleurs dont ils avaient protégé l’approche attaquaient les murs de la maison

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