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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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citoyen.
    – Tu habites Lyon   ?
    – J’y suis resté commis jusqu’au moment où l’on a commencé à sa battre   ; c’est alors que je suis retourné à Grenoble.
    – Ma foi, dit Coustard intervenant, je risquerais volontiers la chose.
    – Risquons donc   ! dit Dubois-Crancé.
    Et à haute voix   :
    – Dix hommes pour exposer leur peau avec ce gamin   ?
    Tout le bataillon voulait en être.
    – Choisis   ! dit Lecomte au petit bonhomme.
    – Il me faut des hommes forts, capables chacun de porter, outre leurs fusils, des grenades dans un sac.
    – Les dix premiers numéros de la compagnie de grenadiers   ! commanda Lecomte.
    Dix hommes superbes se présentèrent.
    – Bon   ! ils sont de taille à porter le poids d’un âne   ! dit le gamin en riant. Appelez les tambours maintenant.
    Le commandant fit avancer les seize tambours de son bataillon.
    En tête, une sorte de géant, le tambour-major, tout galonné d’or.
    C’était un Grenoblois gigantesque, ex-Suisse de la cathédrale.
    Il avait conservé son ancien costume, n’y faisant que fort peu de changements.
    Il était, sans comparaison, le plus grand, le plus beau, le plus brillant mais le plus bête des tambours-majors de l’armée.
    On disait   :
    « Bête comme Chaput »
    Très brave, du reste, puisque Napoléon le décorera de sa main pour la prise d’un drapeau à la bataille d’Iéna.
    – Au lieu d’un sac de grenades, dit le petit soldat, en regardant le colosse avec admiration, il en portera deux.
    Puis à Lecomte   :
    – Mon commandant, dites-leur bien que j’ai le commandement.
    – Je te nomme sous-lieutenant provisoirement   ! dit Coustard à très haute voix, et, si tu réussis, tu garderas tes épaulettes.
    – C’est comme si je les avais   ! dit le gamin.
    Puis au commandant   :
    – C’est entendu   ! Vous ne vous lancerez que quand vous entendrez le signal, n’est-ce pas, mon commandant   ?
    – Va   ! dit Lecomte   ! et tâche d’arriver.
    Le gamin se mit en tête de son détachement et partit d’un air délibéré.
    À peine la nuit était-elle devenue tout à fait noire, que l’on entendit sur la droite de la maison Nérat une dizaine de coups de fusil.
    – Morbleu, dit Dubois-Crancé, je crois que le petit bonhomme a surpris un poste et qu’il passe   !
    Trois minutes plus tard, on entendait un grand bruit de tambours derrière la maison Nérat et des explosions.
    – Il est passé, nom de D… s’écria Coustard   ! lancez-vous, Lecomte.
    Et le commandant Lecomte entraîna son bataillon de l’Isère au pas de course sur la maison Nérat.
    La redoute était vide.
    On n’y trouva que deux blessés.
    Le rapport de Coustard le confirme.
    Quartier général de la Pape, le 14 septembre.
    « Lettre du général Coustard.
    « Citoyens représentants,
    « La prise de la maison Nérat ne nous a coûté pas un seul homme   ; nous n’avons eu que deux blessés, pris deux pièces de canon de 4 et deux coffres, fait deux prisonniers qui sont dangereusement blessés   ; l’un d’eux me paraît être une victime que les rebelles ont fait marcher la baïonnette dans les reins. »
    Voici ce qui s’était passé.
    Conduits par leur guide, les grenadiers et les tambours avaient surpris et fusillé un poste, puis, admirablement dirigés à travers un dédale de haies vives et de murs de jardins, la petite troupe avait tourné la maison Nérat.
    Une fois là, cachés au fond d’un chemin creux, les tambours avaient battu la charge, les grenadiers avaient lancé et fait rouler leurs grenades à une centaine de pas en avant d’eux.
    La garnison de la redoute et les soutiens, se croyant tournés par une grosse colonne munie d’artillerie, avaient pris la fuite… »
    C’était une surprise.
    Les plus vieilles troupes n’y résistent pas.
    Quand Lecomte fut dans la redoute, il s’inquiéta de ses tambours.
    Pas de nouvelles.
    Mais c’était là comme à la maison Panthod   : garder était plus difficile que prendre   ; cet officier, s’occupant de la mise en défense, n’eut pas le temps de s’occuper de ces tambours qui, ne revenant pas, furent jugés perdus, faits prisonniers ou morts   ; Lecomte en fit son deuil.
    Comme Saint-Giles, il subit la grêle de projectiles qui s’abattit sur lui.
    Cela dura trois heures…
    Alors l’ennemi, espérant avoir pilé la redoute, cessa d’éclairer le terrain de ses fusées et suspendit son feu.
    Une colonne de trois bataillons

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