La Bataillon de la Croix-Rousse
intervint.
– Général, dit-il, fais-le toujours sous-lieutenant ; nous verrons après.
Et Coustard, selon le cérémonial, cria au bataillon :
– Sous-officiers, caporaux et soldats, vous reconnaîtrez pour sous-lieutenant Ernest Saint-Giles et vous lui obéirez en conséquence pour le bien du service et le salut de la République.
Les tambours qui avaient ouvert le ban le fermèrent au milieu d’acclamations sans fin.
Un sous-lieutenant prêta ses épaulettes au petit Saint-Giles et celui-ci, entouré de camarades, courut visiter la maison Panthod.
Le bataillon de la Croix-Rousse fit une ovation au petit sous-lieutenant et Saint-Giles fut bien obligé de donner l’accolade à son frère.
Celui-ci, lui montrant le cimetière, lui dit :
– Ce soir, toutes les autres maisons seront évacuées, elles sont insoutenables. Il ne restera plus que le cimetière à prendre devant la Croix-Rousse. C’est un gros morceau à avaler, mais à nous deux, Saint-Giles, nous y arriverons, aidés par nos deux bataillons.
Saint-Giles sourit à cette bravade et dit :
– Eh bien, oui, nous le prendrons.
Et pour la première fois il quitta la maison Panthod afin d’assister au punch que les sous-lieutenants de l’Isère offrirent au héros du jour.
La prise du cimetière de Cuire
Le combat du cimetière, une lutte de géants, vint clore la série d’attaques dirigées contre la Croix-Rousse.
Il eut lieu le 27 septembre et fut favorisé par une autre attaque qui se fit ce même jour par les renforts nouvellement arrivés et qui emportèrent les redoutes du pont d’Oullins et celles de Sainte-Foy.
Cette diversion facilita la prise du cimetière dont la garnison fut affaiblie par le général de Précy qui dégarnit ce point pour renforcer Oullins et Sainte-Foy.
De Précy laissa cependant en réserve, à la Croix-Rousse, cinq bataillons, dont trois sont cités textuellement par le bulletin officiel des assiégés.
Ces bataillons étaient en soutien en face et derrière le cimetière.
Dans celui-ci, le service était fait par vingt-cinq artilleurs que commandait le capitaine Verdun.
La légende, toujours menteuse, toujours fausse, ne parle que de ces vingt-cinq artilleurs qui auraient massacré douze cents républicains restés sur le carreau et qui les auraient chargés, vingt-cinq contre trois mille.
Le combat tel qu’il fut est assez glorieux pour Lyon, sans qu’il soit besoin de recourir aux exagérations.
Donc, dans le cimetière, vingt-cinq artilleurs.
En réserve, cinq bataillons !
Voilà les forces des Lyonnais.
Du côté des républicains, deux colonnes.
Une dirigée contre le cimetière, l’autre contre une redoute dite du centre, près de la maison Rousset.
À la tête de cette dernière colonne, la bataillon de l’Isère.
À la tête de celle qui attaquait le cimetière, le bataillon de la Croix-Rousse.
Le général de Précy, inquiet pour le cimetière, était venu lui-même haranguer ses défenseurs.
Nous devons au baron Raverat ce détail intéressant :
« Cette position du cimetière, dit-il, était très importante, en ce qu’elle surveillait la vallée de la Saône et une partie de la Croix-Rousse. »
À 3 heures du matin, le général Précy était venu dire à ses défenseurs :
– Je compte sur vous, mes amis, pour garder ce poste nécessaire à notre défense ; vous ne l’abandonnerez qu’à la dernière extrémité, lorsque les canons ne pourront plus vous garantir, que vos deux pièces seront hors du service et que les cartouches vous manqueront.
Telle fut, d’après le baron Raverat, la visite du général de Précy.
Les artilleurs firent serment de ne pas abandonner leurs pièces et ils tinrent parole.
Pendant le déchaînement de cette lutte d’une heure à la baïonnette, par reprises successives, qui se déroula autour d’eux, les canonniers ne cessèrent de mitrailler les groupes républicains dans les intervalles de la mêlée.
Parmi eux, comme nous le verrons, une jeune fille se montra héroïque dans son uniforme d’artilleur.
La lutte s’engagea comme de coutume par une attaque au pas de course des deux colonnes.
En tête de celle du cimetière, Saint-Giles et son frère, qui avait obtenu de passer au bataillon de la Croix-Rousse.
Le choc eut lieu en avant du cimetière entre la colonne républicaine et les deux bataillons que commandait Étienne Leroyer. Celui-ci et ses muscadins se tenaient, eux aussi, en
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