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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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lyonnais donna au pas de course pour reprendre la redoute.
    Tout à coup, sur la gauche de cette colonne, le bruit d’une charge enragée battue par un grand nombre de tambours retentit   ; des détonations se font entendre.
    On dirait le feu de vingt canons.
    Le bataillon de l’Isère sort de la redoute.
    La colonne, menacée d’être coupée sur son flanc, fait demi-tour et ne risque pas plus loin une attaque jugée impossible.
    Les républicains vainqueurs rentrent dans la redoute désormais conquise.
    Quelques instants après, le commandant Dulong revoyait ses tambours et ses grenadiers ramenés par le petit soldat.
    La ruse de celui-ci avait réussi une seconde fois.
    Se doutant bien que l’ennemi chercherait à reprendre la maison, il s’était glissé de droite à gauche avec sa petite troupe et il avait attendu, bien caché derrière un mur de jardin en pisé.
    De là, au moment du retour offensif des Lyonnais, il avait fait battre sa charge et lancer les grenades dont les explosions faisaient croire à l’ennemi qu’il avait du canon sur ses flancs.
    Lecomte renvoya en arrière le gros de son bataillon et ne garda que la poignée d’hommes indispensable pour garder la redoute avec lui.
    Il subit un bombardement aussi terrible que Saint-Giles en avait essuyé dans la maison Panthod   ; moins heureux que lui, il y périt.
    Le rapport de Coustard donne une idée de ce feu meurtrier.
    « Depuis sept heures du matin, écrit-il, les rebelles font un feu infernal sur la maison Nérat   : bombes, boulets, obus et mitraille y pleuvent comme grêle ainsi que la mousqueterie. Ce feu nous coûte environ vingt hommes, tant tués que blessés, sur cinquante, dans le nombre desquels est le citoyen Lecomte, chef de bataillon. Le feu est aux quatre coins de la maison Nérat   : il nous faudra du huit, du douze et du seize pour nous y faire respecter, et les deux pièces que nous avons envoyées à Lymonet nous font bien faute dans ce moment ainsi que le bataillon de la Drôme.
    « Je n’ai pu relever mes gardes aujourd’hui et il est de toute nécessité que le bataillon de la Drôme nous rejoigne. J’attends votre réponse pour en faire passer l’ordre à Lymonet. Le général Rivas demande tout, garde tout, et prend tout ce qui passe chez lui   ; il finirait par s’adjuger toute l’armée.
    « Salut et fraternité.
    « Le général de division commandant l’armée devant Lyon,
    « Guy Coustard. »
    On le voit par cette lettre, le bataillon de l’Isère était le digne émule du bataillon de la Croix-Rousse.
    Pendant que le commandant Lecomte soutenait cette lutte contre les obus, opposant aux projectiles des sacs à terre et des gabions, bientôt en relevant lui-même le drapeau républicain renversé par un boulet, sept de ses compagnies sur huit étaient revenues au camp où Dubois-Crancé et Coustard les attendaient.
    Le représentant et le général félicitèrent en masse ce brave bataillon de l’Isère qui fut dès lors mis en permanence à l’ordre du jour.
    Mais Dubois-Crancé demanda à voir les grenadiers, les tambours et leur guide.
    – Chaque grenadier, dit-il, recevra un sabre et chaque tambour des baguettes d’honneur.
    Dubois-Crancé, pour couper court au ridicule, dit à Coustard en lui montrant le petit guide du détachement   :
    – Citoyen général, nous devons tenir notre promesse, faites reconnaître notre petit soldat sous-lieutenant.
    Le général ordonna au bataillon de porter les armes.
    L’armée accourue fit entendre des murmures d’étonnement et d’admiration.
    – Et moi général   ? demanda le tambour-major à Coustard.
    – Que veux-tu   ? demanda le général embarrassé.
    Le tambour-major l’était encore plus, lui, il ne put dire ce qu’il désirait.
    – Eh bien, lui dit le général, pense à cela et reviens me voir.
    Le tambour-major eut beau réfléchir, il ne trouva jamais rien…
    La République faisait des officiers de 14 ans, comme autrefois les rois. C’était un spectacle inattendu.
    Les tambours, voyant le général lever l’épée, battirent un ban, puis le silence se fit.
    Coustard demanda au petit héros   :
    – Ton nom   !
    – Ernest Saint-Giles   ! dit le gamin.
    – Comment, sacrebleu, c’est toi que l’on cherche depuis si longtemps   ? s’écria Coustard.
    – Oui, général.
    – Tu n’es donc pas de Grenoble, comme le disait ton commandant.
    – Je suis Lyonnais   !
    Dubois-Crancé

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