La Bataillon de la Croix-Rousse
témoignages éclatants de sa reconnaissance à tous ceux qui se distingueront en faisant frapper des médailles qui seront la juste récompense due à la valeur.
« Après avoir parlé des canonniers, je m’empresse de rendre la même justice à tous les grenadiers et chasseurs : tous ont montré du courage, de l’énergie, et je jouis en commandant de si braves gens. Je vous prie d’insérer aussi dans votre bulletin que la prise du cimetière ne doit point alarmer les citoyens : ce poste peu important nous était plus à charge qu’utile par le nombre d’hommes qu’il occupait et j’avais eu souvent envie de le faire abandonner. J’ai cru devoir à mes concitoyens cet avis : je pense qu’il suffira pour détruire toute impression fâcheuse.
« Le général estime qu’environ deux cents de nos ennemis sont restés sur la place ; nous avons eu un mort et quelques blessés. »
Ainsi, d’après le bulletin des assiégés, deux cents morts seulement.
Comme nous sommes loin des douze cents cadavres de républicains laissés sur le champ de bataille…
Inutile d’insister sur la contradiction existant entre l’importance que De Précy attachait au cimetière le matin et le dédain qu’il affecte le soir pour la redoute qu’il a perdue…
Cette victoire sur un des points les plus inabordables de Lyon nous rapprochait beaucoup de l’ennemi, serrait le blocus et donnait cet espoir que l’armée, ayant enlevé un poste si difficile, réussirait contre d’autres positions moins difficiles.
C’est ainsi que le rapport du général républicain Petit-Guillaume apprécie cette victoire :
– Si Lyon, dit-il dans son rapport, n’est pas pris ou rendu dans huit jours, sa position devient bien critique, car, nous-mêmes qui étions à l’endroit le plus inabordable, nous touchions au faubourg de la Croix-Rousse par la prise de la maison Panthod de la maison Nérat et du cimetière de Cuire.
Hier, à l’attaque de ce cimetière, les soldats de la République ont fait des prodiges : ils ont escaladé un mur de vingt cinq pieds de haut et se sont précipités de l’autre côté au travers d’une grêle de balles et de mitraille.
N’est-il pas vrai que cette lutte du cimetière fut une grande journée, même débarrassée des sottes et folles imaginations inventées pour créer une fausse légende ?
Si les Lyonnais grandirent aux yeux du monde par ce combat de géants, les républicains se hissèrent à leur hauteur.
Quand la vérité est si glorieuse pour les deux partis, pourquoi donc inventer de fabuleux exploits ?
La vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Comme nous l’avons dit pendant toute la période du siège, on n’attaqua Lyon que par la Croix-Rousse, on ne le bombarda qu’avec des batteries de Montessuy et celles de la rive gauche du Rhône établies aux Brotteaux et à la Guillotière.
La prise du cimetière termina les opérations offensives de l’armée républicaine devant la Croix-Rousse.
On reconnut que l’on avait eu tort en poussant des approches sur ce point qui était le plus fort de Lyon et qui cependant n’était point la clef de la position.
En effet, le cimetière pris, on reconnut que les batteries de Fourvière battant et dominant la Croix-Rousse, il était impossible et inutile d’aller plus avant, sans avoir pris Fourvière.
Les notes du chef de l’état-major de l’armée républicaine expliquent très clairement pourquoi les attaques furent abandonnées de ce côté après avoir été poussées si loin et si énergiquement.
Depuis le 23 août, dit-il, jusqu’au 29 septembre, on canonna et l’on bombarda presque journellement la ville, tantôt la nuit, tantôt le jour. Les attaques sur la Croix-Rousse se poussaient également : mais après avoir emporté les maisons Panthod, Nérat, Rousset, Bouvard et le cimetière de Cuire qui étaient des postes fort éloignés des remparts de la ville, on attaqua et l’on prit d’abord le poste du centre, placé entre la maison Rousset et la tête du faubourg, à une croisée de chemin où les feux étaient si puissamment dirigés qu’il ne fut pas possible de s’y maintenir. De sorte que l’espace qu’occupait ce poste abandonné de part et d’autre était comme une barrière mutuelle que personne n’osait plus franchir, d’autant mieux que l’espèce de ravin qui part de la tête du faubourg et descend vers le Rhône, à la Boucle, réduit pour l’assaillant
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