La Bataillon de la Croix-Rousse
le front attaquable à moitié, tandis que la défense d’artillerie agit toujours puissamment sur la totalité et que c’était principalement sur la disposition de son artillerie que Précy comptait pour sa défense.
On revint à la première idée, et les derniers efforts furent dirigés sur Sainte-Foy.
Toute la première phase du siège se résume en ceci, nous l’avons vu : attaque de la Croix-Rousse, inutile puisqu’elle ne pouvait réussir, s’adressant au plus fort de la place ; bombardement inutile aussi, puisque Lyon se laissait écraser sans se rendre.
Ce fut l’illusion de Dubois-Crancé que cette espérance de réduire Lyon par le bombardement.
Il fallut bien se rendre à l’évidence et comprendre qu’il était nécessaire d’avoir recours à un siège régulier, c’est-à-dire à l’investissement complet et à une attaque méthodique sur un point culminant d’où l’on maîtriserait tous les autres.
Ce point était connu dès le début.
C’était la hauteur de Sainte-Foy, d’où l’on pouvait enlever Saint-Just puis Fourvière.
Si Dubois-Crancé n’avait pas attaqué Sainte-Foy d’abord, c’est qu’il ne pouvait étendre sa ligne plus loin que le camp devant la Croix-Rousse, à Caluire.
Et s’il s’était établi à Caluire, c’est que la position y était bonne pour repousser une sortie de l’ennemi et pour se relier au camp des Brotteaux.
La faiblesse de son armée l’enchaînait là : sur ces hauteurs de Caluire, défendu sur ses flancs par la Saône et le Rhône, barrant les communications de Lyon du côté de la Savoie, il était, somme toute, dans une bonne position d’expectative.
Il ne commit donc pas de fautes, comme on l’a dit.
Il fit ce qu’il put en attendant l’arrivée des renforts.
Mais les renforts arrivèrent enfin dans le courant de septembre.
Pendant ce temps, dit Louis Blanc, Couthon faisait lever toute l’Auvergne. Nous avons déjà décrit ce prodigieux mouvement. Le général Nicolas, détaché pour l’accélérer, fut enlevé dans le Forez, avec un détachement de hussards qui l’accompagnait. Mais cet échec, ne servant qu’à rendre les appels de Couthon plus brûlants et plus efficaces, un formidable cri de guerre ébranla les montagnes du Puy-de-Dôme ; de chacun de leurs sommets roule une avalanche énorme de paysans : à l’approche d’une de leurs colonnes, un bataillon de Lyonnais qui occupait Montbrison, se replie, et, le 17 septembre, Lyon voit arriver à St Genis une ardente cohue de pâtres, armés de faux, de piques, de fourches, de fléaux.
Maignet et Châteauneuf-Randon conduisaient ces rudes réquisitionnaires. Javogues, de son côté, amenait ceux du Forez. Lyon sentit comme le froid de la mort. Rien à espérer des Piémontais : Kellermann venait de les repousser dans le fond de la Maurienne.
Vers la fin de septembre, l’armée assiégeante, renforcée d’un détachement de la garnison de Valenciennes, était forte de trente cinq mille hommes dont huit mille environ de troupes réglées et de vingt-deux mille de réquisition, sans compter un nouveau renfort que Couthon, resté en arrière, promettait.
La Convention exigea un effort vigoureux.
Elle voulait qu’on en finît vite, car, si Marseille était pris par le général républicain Carteaux, Toulon était au pouvoir des Anglais et des Espagnols. La Convention ordonna donc de réduire Lyon à tout prix et en donna les moyens.
Kellermann, malgré ses victoires sur les Piémontais, était devenu suspect au Comité de Salut public.
Celui-ci le fit destituer par la Convention.
Doppet le remplaça.
– La Convention et le Comité de Salut public, dit Louis Blanc, à qui rien ne paraissait impossible, n’avaient pas attendu jusque-là pour témoigner leur surprise de la lenteur du siège : bientôt cette surprise se changea en colère. Quoi ! éternellement canonner ! éternellement bombarder ! Quand donc approcherait-on les Lyonnais à la baïonnette ? Cette impatience hautaine des pouvoirs révolutionnaires, Châteauneuf-Randon et Maignet, à peine arrivés devant Lyon, la représentèrent.
Dubois-Crancé, esprit méthodique, n’aurait pas voulu risquer un échec sachant les Lyonnais à la veille d’être affamés, il eût préféré les réduire par la disette, et Gauthier partageait à cet égard son sentiment.
De sorte qu’il se forma comme deux partis parmi les assiégeants celui de Dubois-Crancé et de
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