La Bataillon de la Croix-Rousse
s’était épuisé à la riposte : ses pièces, échauffées à nouveau très rapidement n’ayant pas eu le temps de refroidir, refusaient en une seconde le service ; il fallut abandonner la position.
« Huit canonniers lyonnais sur vingt-trois, dit le baron Raverat avaient été tués ; les autres, presque tous blessés, avaient épuisé leurs munitions. Il fallut songer à la retraite : Verdun en donna le signal, après avoir encloué les canons qu’il ne put emmener. Il se replia sur la redoute Gingenne. »
On voit, d’après ces notes du baron Raverat, que la part de gloire des vingt-cinq canonniers du cimetière est assez belle, sans que l’on ait besoin de les représenter seuls contre des milliers de républicains.
Mais le bulletin même des assiégés nous montre bien que les canonniers ne furent pas abandonnés à eux-mêmes, loin de là.
Nous y lisons ce qui suit :
« Le bataillon de Washington, selon le rapport fait au citoyen général, s’est distingué par un trait digne de l’attention de la cité, et qui a des droits à son admiration. Au moment où l’une des colonnes fut étonnée du feu de l’ennemi, le citoyen Balgère présenta au commandant son bataillon en ordre dans l’attitude la plus martiale et, parlant au nom de tous, il dit :
« – Ordonnez, je vous réponds de tous mes camarades.
« Nous nous hâtons de publier une nouvelle preuve de la bravoure des gendarmes à pied dont nous nous sommes informés dans ce moment. À l’attaque, que les ennemis ont faite samedi à la Croix-Rousse, les gendarmes ont fait des prodiges de valeur et d’intrépidité ; on les a entendus crier plusieurs fois, après les décharges :
« – Fondons sur eux à l’arme blanche. »
Ainsi, d’après une citation précédente, nous avons vu trois bataillons en ligne ici nous voyons la présence du bataillon de Washington confirmée et celle d’un quatrième, celui des gendarmes à pied, affirmée.
La légende s’efface devant les documents de l’époque.
Le Bulletin relève une anecdote des plus intéressantes.
Au cimetière, une femme de Lyon, une jeune fille se distingua comme Jeanne Hachette au siège de Beauvais.
Voici le trait raconté par le Bulletin même des assiégés :
« La citoyenne Adrienne, Lyonnaise, s’est distinguée à l’action qui a eu lieu à la Croix-Rousse, samedi matin : cette citoyenne, âgée de dix-huit ans, est au service de la cité depuis le 1 er du mois : elle a été blessée à côté de son frère, canonnier, qui l’a été mortellement : elle a continué son service malgré sa blessure.
« Nous saisissons avec empressement l’occasion que fournit un si bel exemple pour rendre à nos concitoyennes l’hommage qu’elles méritent : la fermeté, le courage, la patience sont des vertus qui ne sont point étrangères à leur sexe ; qu’elles continuent à le prouver. »
On le voit, la bravoure à Lyon était commune aux deux sexes et à tous les âges.
Le cimetière était à nous ; mais le poste du centre, redoute formidable, attaquée par le bataillon de l’Isère, ne put être forcé.
Nous avons sur cette lutte de curieux détails dans le bulletin officiel des assiégés :
« Au poste du centre, dit-il, l’attaque a été encore plus vive : les ennemis sont venus jusqu’à monter sur nos redoutes, la baïonnette au bout du fusil : mais un de nos braves canonniers a brûlé la cervelle au plus hardi, et il est même tombé dans la redoute.
« Au commencement de l’attaque, un de nos canonniers, craignant que le poste ne fût emporté, a eu le courage d’enclouer une pièce dont l’ennemi était presque maître.
« Là, les ennemis ont été repoussés avec autant de courage qu’au cimetière et les gendarmes à pied, ainsi que les grenadiers du Change, ont montré la plus grande valeur.
« Le citoyen général, toujours occupé des intérêts de la cité et dont l’œil vigilant s’étend sur tous ceux que son génie fait mourir, nous a chargés de consigner ici une note d’autant plus précieuse qu’elle est de sa main.
« La manière dont se sont comportés les canonniers dans l’attaque qui a eu lieu ce matin à la Croix-Rousse mérite les plus grands éloges : c’est une satisfaction bien flatteuse pour moi de rendre hommage à la bravoure de mes braves frères d’armes, et je vois avec plaisir que l’administration s’occupe de donner des
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