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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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s’appelle pas pour rien une bonne fortune.
    Madame Leroyer poussa alors son mari vers le salon où les conjurés causaient comme eussent fait des invités ordinaires, en le priant d’annoncer l’envoyée de son Altesse, Monseigneur le Régent.
    … Tout à coup la porte du grand salon s’ouvrit à deux battants et la baronne entra pour présider la séance qui allait décider du sort de Lyon. Elle s’assura que seuls les conjurés pouvaient entendre ce qui se dirait dans le salon   : elle constitua Étienne gardien de la porte et pria l’abbé Roubiès de lire un rapport très concis et très exact sur l’état de la France.
    L’abbé lut, et il sembla que chacune de ses phrases hachait la France.
    « La Convention est perdue   ! » lisait-il. « L’Angleterre, l’Allemagne, l’Autriche, la Prusse, l’Espagne, le Piémont, la Russie, enfin toute l’Europe liguée va écraser la Révolution. L’effet des victoires de Valmy et de Jemmapes est effacé depuis que Dumouriez est passé aux royalistes. Toutes les frontières sont envahies. La Vendée et la Bretagne sont soulevées et ont armé cent mille paysans qui écrasent les gardes nationaux envoyés contre eux. Les côtes sont bloquées. Les grandes villes se soulèvent, arborant le drapeau girondin, et la guerre civile entre les républicains est commencée. Tout le Midi est prêt pour ce soulèvement, et, Toulon, Marseille, Bordeaux, Toulouse fourniront des armées de secours quand Lyon donnera le signal de la révolte. Les Piémontais vont écraser l’armée de Kellermann, qui s’épuise en Savoie vingt mille Sardes de renfort vont anéantir la poignée d’hommes de Kellermann et marcher sur Lyon. Et pour repousser sept armées en marche contre elle, venant de l’extérieur, pour arrêter les Vendéens et les Chouans, pour comprimer les révoltes du Midi qui vont éclater, la Convention n’a que des armées de va-nu-pieds, de meurt-de-faim, qui sont découragés, qui voient partout la trahison, à qui de nombreux émissaires, qu’on a glissés dans leurs rangs, crient   : “Sauve qui peut   !” à chaque bataille. Il n’y a pas quarante départements qui reconnaissent la Convention. Que Lyon soulevé donne une capitale aux révoltés du Midi et c’en est fait de la République. »
    Tout le rapport concluait à ceci   : « Il faut que Lyon se mette immédiatement en lutte ouverte avec la Convention. »
    L’abbé en était là de son rapport, lorsqu’Étienne ouvrit la porte du salon et dit d’un air inquiet   :
    – On sonne à la porte de la rue et une troupe d’agents qui se disent investis d’un mandat, nous requiert d’ouvrir.
    – Si le mandat est régulier, dit la baronne, c’est que quelque chose de grave s’est passé à Lyon ce soir.
    La baronne ne se trompait pas   : un événement fortuit venait de donner aux Jacobins la force et l’audace. Châlier attendait à Lyon l’arrivée, pour ce soir-là même, de quatre représentants Jacobins envoyés en mission à l’armée des Alpes   : Dubois-Crancé, Albite, Nioche et Gauthier. Il avait préparé un décret qu’il comptait faire signer par la municipalité et les représentants qui lui avaient promis de s’arrêter à Lyon. Cet arrêté, le même que Paris avait adopté et exécuté déjà, que le département de l’Hérault avait accepté et qu’il exécutait, cet arrêté avait un but patriotique par lequel il s’imposait de lui-même à tous les bons citoyens. En voici les principales dispositions   :
    « Une armée révolutionnaire de huit bataillons sera formée au moyen de réquisitions personnelles adressées aux plus patriotes et aux plus braves   ; pour son entretien, on ouvrira un emprunt forcé de six millions. »
    Le décret fut signé le soir même et exécuté la nuit même avec rigueur, avec passion, avec un esprit d’emportement et de vengeance. Louis Blanc dont le jugement ne saurait être suspect, l’a lui-même constaté en écrivant   :
    « Il est juste d’ajouter que, de leur côté, les Jacobins lyonnais prêtèrent le flanc par des actes où il n’y avait ni modération ni prudence. L’article de l’arrêté du 14 mai qui faisait dépendre la perception de l’emprunt forcé de mandats impératifs avec terme fatal de vingt-quatre heures était d’une rigueur excessive et fut rigoureusement exécuté. »
    Ce qui détermina les représentants à signer ce décret, ce fut l’assurance donnée par Châlier, que, si on

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