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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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Aurais-je sauvé la baronne de Quercy   ?
    En ce moment, François, le garçon, entra.
    Il avait le tact, mais aussi la familiarité caressante des gens de son état.
    – Monsieur Saint-Giles, dit-il, en présentant une petite lettre écrite à la hâte, voici ce que le fifre m’a dit de vous remettre.
    Saint-Giles ouvrit cette lettre et lut   :
    « Tu ne voulais pas épouser une baronne qui t’aurait tout sacrifié, même son parti, même sa naissance, on t’a donné une petite ouvrière.
    « Elle t’adore, tu l’aimes et tu reviendras ».
    Saint-Giles baisa le billet sans honte, car François était déjà parti en garçon bien dressé qu’il était.
    Mais, après avoir serré ce mot charmant dans son portefeuille qu’il mit sur son cœur, Saint-Giles dit   :
    – Je ne reviendrai pas.
    Quand il sortit du cabaret, la voix du père Rateau le salua joyeusement.
    Saint-Giles salua, mais ne répondit point.

Amour
    Saint-Giles, malgré tout ce que Châlier avait pu lui dire à ce sujet, Saint-Giles, fort de son courage et de sa conscience, rentra chez lui et se coucha.
    Il avait bien le droit d’être fatigué.
    Le dîner, à Lyon, a toujours été fixé à midi.
    Vers onze heures, dans une sorte de demi-sommeil, Saint-Giles entendit à sa porte comme un roulement sourd qui allait grandissant et qui fut bientôt accompagné de coups de pied bruyants   : c’était maître Ernest qui venait réveiller son frère.
    – Entrez   ! cria Saint-Giles.
    Il dormait, insouciant qu’il était, la clef sur la porte.
    Ernest se précipita en coup de vent dans l’atelier et il s’écria en tapant dans ses mains   :
    – Si tu savais comme elle est belle   !
    – Qui   ? demanda Saint-Giles.
    – Adrienne, notre nouvelle sœur.
    Saint-Giles tressaillit.
    – Ah   ! c’est vrai, fit-il.
    – Comment, c’est toi qui nous donnes une sœur et, le lendemain, tu n’y penses plus   !
    – Je dors encore.
    – Parce que tu es rentré au jour.
    – Ma mère m’a-t-elle entendu   ?
    – Non   ! mais moi qui ai l’oreille fine, j’ai reconnu ton pas.
    Saint-Giles se leva et commença sa toilette après avoir jeté un coup d’œil sur le panorama qui se déroulait devant ses yeux, du Rhône aux montagnes.
    – Beau temps   ! dit-il.
    – Oui, dit Ernest, très beau   ! Nous irons promener Adrienne   : ma mère a dit que, puisqu’il faisait du soleil, on ferait une partie de campagne.
    – Ma foi   ! tant mieux   ! dit Saint-Giles joyeux.
    – Adrienne, tu comprends, a besoin d’air   : elle a vécu enfermée.
    – A-t-on commandé une voiture, au moins   ?
    – Oui. Maman a tout arrangé. Avec mes sœurs elle a habillé Adrienne. Si tu la voyais   ! Comme elle est changée.
    Et il décrivit la robe que l’on avait achetée, le bonnet, la nouvelle coiffure, les cheveux noirs que l’on avait laissé pousser depuis que la communauté était à Lyon, et qui étaient si épais qu’on aurait marché dessus s’ils avaient eu des années de plus.
    Il écoutait ce verbiage un peu distrait, car il se souvenait de sa nuit, et chaque mot sur Adrienne lui rappelait la baronne.
    Enfin, vêtu très simplement, presque en ouvrier, car sa mère n’aurait pas voulu de son bras quand il était habillé en muscadin, il descendit.
    Ernest avait, selon sa coutume, dégringolé les étages et il avait crié en entrant   :
    – Le voilà   !
    Pour Adrienne, c’était un moment difficile et embarrassant.
    Elle était vêtue à la mode du temps (mode provinciale et très distinguée).
    On eut dit une statue de déesse descendue de son socle de marbre, vivifiée par le souffle révolutionnaire.
    Saint-Giles en demeura frappé de stupeur.
    Le ridicule costume de la veille, la lourde coiffe, tout le poids de ces nippes hideuses dont les dévotes s’ingénient à couvrir les beautés de la jeunesse avaient fait place à la robe si jolie de forme des ouvrières d’alors, au bonnet rond dont les rubans semblaient des ailes, à des ajustements simples qui se drapaient superbement sur ce corps merveilleux de lignes et de proportions.
    Et la tête, la tête surtout était transformée   ; avec son doux sourire, ses yeux calmés mais toujours profonds, sa coupe majestueuse et sereine, le type idéal que Saint-Giles avait su deviner la veille se trouvait réalisé.
    Il embrassa sa mère et vint prendre la main d’Adrienne un peu embarrassée.
    Mais Saint-Giles sut trouver des paroles gracieuses qui la

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