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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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petite, ma longue expérience me permettant de juger qu’il n’y a pas de suite. Mais que l’on n’y revienne plus à commettre de ces imprudences-là.
    Se coupant   :
    – Il n’est tel que les jeunes filles vertueuses, les Lucrèce, pour avoir du toupet. Se fourrer dans une voiture avec le plus beau garçon de Lyon   ! On n’a pas idée de ça.
    – Mais, M. Rateau, il fallait bien vous rapporter vos clefs ou du moins vous les retrouver   !
    – Ta   ! Ta   ! J’aurais fait forcer les portes des armoires   : il me semble que cela vaut mieux que de s’exposer à être soi-même… compromise.
    Saint-Giles envoyait le père Rateau à tous les diables   : à part lui, il se demandait comment cet homme pouvait commettre cette contradiction de vouloir qu’on respectât la petite baronne et de plaisanter sur la délicatesse avec laquelle on se comportait vis-à-vis d’elle.
    S’il avait su la fin des choses, il aurait été moins surpris.
    Pour détourner la conversation, il demanda au cabaretier   :
    – Et le fifre   ?
    – Le fifre   ! fit le père Rateau qui voulait donner le temps à la baronne de mettre son uniforme. En voilà un qui est dégourdi pour son âge. On n’entend que les cris des filles dont il pince les mollets quand il vient ici. En voilà un auquel je ne confierai pas le… le… le saint sacrement de l’amour.
    – Enfin, est-il là   ? demanda Saint-Giles impatienté.
    – Je crois qu’il tourne autour du cabinet bleu. Il y a une petite blonde attirante qui attend quelqu’un, et il doit chercher à lui faire prendre patience.
    Et d’un air fier   :
    – Un mâle, en crapaud   ! mais je vais lui secouer les puces et lui dire que tu es arrivé   ; prends quelque chose en attendant.
    Le père Rateau s’en alla d’un pas leste pour sa corpulence, laissant Saint-Giles furieux.
    Celui-ci faisait ses réflexions et se disait   :
    – Décidément, les brutes sont les brutes. Voilà un homme qui devrait me remercier, puisque je me suis comporté en galant homme avec une jeune fille à laquelle il s’intéresse. Eh bien, non   ! L’instinct de la bête reprend le dessus et il me fait sentir qu’il me regarde comme un nigaud. Et il en fera des gorges chaudes avec ses clients.
    Saint-Giles se consola en se disant   :
    – Imbécile, le père Rateau   !
    – Que non pas, citoyen Saint-Giles.
    En ce moment, il disait en riant à la baronne déguisée en fifre   :
    – Pauvre Saint-Giles   ! il est chauffé à blanc.
    Elle sourit et courut chercher Saint-Giles.
    Et elle enfila l’escalier avec une légèreté d’oiseau.
    François, garçon intelligent, attendait à son poste.
    Le potage à la bisque fuma dans les plats.
    Saint-Giles qui en avait gros sur le cœur contre Châlier, raconta au fifre son entretien ou plutôt sa querelle avec lui.
    – Tu as l’air triste, lui avait dit le fifre, pour provoquer ses confidences.
    – Non, je suis furieux, dit Saint-Giles.
    Et il prit son récit au début.
    – Croirais-tu, dit-il, qu’un sale petit marchand de journaux, vexé de ce que je dessinais au lieu d’écouter Châlier, m’a pincé.
    – Et tu l’as calotté. Je sais cela. Je sais tout jusqu’au moment où tu as quitté la salle pour aller te disputer avec Châlier.
    – Mais comment diable, citoyen fifre, es-tu si bien renseigné   ?
    – Parce que je suis fifre, le fifre du lieutenant. Nos émissaires, de quart d’heure en quart d’heure, envoyaient des comptes-rendus de ce qui se passait et je lisais ces rapports par dessus l’épaule du lieutenant. Ainsi, mon pauvre Saint-Giles, je sais même un drôle de détail.
    – Lequel   ?
    – Tu faisais le portrait de cette sœur Adrienne.
    – Oui.
    – Tu l’as perdu   ?
    – Oui.
    – Châlier te l’a montré sans doute dans votre dispute.
    – Oui.
    – Sais-tu qui l’avait remis à Châlier   ?
    – Non.
    – Le petit marchand de journaux, mon cher.
    – Tu en es sûr.
    – Un de nos émissaires a surpris Châlier s’entretenant avec ce gamin qui lui montrait le portrait.
    – Ah, la petite vermine.
    – Baf   ! Ne lui en veux donc pas tant, mon cher.
    – Pourquoi   ?
    – Je vais te le dire.
    Au garçon   :
    – François, découpez et servez.
    À Saint-Giles   :
    – Sans le petit marchand de journaux et sans ma cousine, tu ne serais pas ici en train de manger des truffes et de déguster ce mâcon, tu serais chez ta mère et tu y ferais la

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