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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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mirent à l’aise en la charmant.
    Pour la première fois cette grande âme s’ouvrait aux joies de la famille.
    Ce qu’elle ignorait le plus, c’était l’homme.
    L’homme, c’est-à-dire pour elle, jusqu’alors, l’ennemi, le danger, l’auxiliaire du démon, l’être à fuir.
    Et voilà que le monstre se présentait à elle sous les traits de Saint-Giles.
    Toutes ses préventions s’envolèrent devant le sourire de l’artiste.
    Les sombres théories du couvent furent culbutées en un instant.
    Cette Révolution fut plus complète encore dans le cœur d’Adrienne que celle qui, la veille, s’était faite dans son esprit.
    La vie lui apparut charmante, en pleine lumière, au bras d’un compagnon taillé en demi-dieu comme l’était Saint-Giles.
    Il lui offrit la main pour la conduire à sa place, près de lui, à table.
    Ce repas que fêtait gaiement le soleil, fut un enchantement pour Adrienne.
    Toute la nichée d’enfants avait le génie artiste, le mot spirituel, la verve joyeuse   : on discutait avec entrain, les saillies sautaient hors des lèvres en moussant comme du champagne. Adrienne qui ignorait le rire en ressentit l’expansion et ses lèvres s’épanouirent pour la première fois, faisant accueil au bonheur qui venait à elle.
    Mais elle fut encore bien plus ravie quand on parcourut Lyon à pied pour aller prendre aux barrières une voiture de campagne louée par un paysan des faubourgs et que l’on devait trouver aux portes de la ville.
    Saint-Giles avait donné le bras à Adrienne.
    Ils formaient tous deux un couple si charmant que l’on se rangeait et que l’on se retournait sur leur passage.
    Les nombreux amis de Saint-Giles le saluaient et il traversait rues, places et carrefours au milieu d’une ovation faite de sourires sympathiques et de coups de chapeau.
    – Comme on vous aime   ! disait-elle, étonnée de cette popularité.
    Il prenait pour elle des proportions de statue.
    Peu à peu, elle se familiarisait   : de jeune homme à jeune fille, l’amitié va vite.
    Elle était si loyale et l’écho de sa conscience sonnait si purement qu’on eût dit qu’elle était d’or.
    Quand ils furent descendus en pleine campagne et qu’ils se furent égarés sous les ombres vertes d’un bois, elle lui raconta sa vie passée et ses enchantements nouveaux.
    Saint-Giles vit dans sa belle simplicité nue cette grande âme, candide et fière   ; il mesura la haute portée de cette intelligence   ; il vit s’épanouir la première fleur de tendresse de ce cœur.
    Il en reçut une impression si douce et si profonde qu’il oublia les enchantements de sa nuit.
    En reprenant le chemin de Lyon dans la voiture, tous deux se taisaient.
    Madame Saint-Giles les observait en souriant.
    En approchant des barrières, elle dit à son fils   :
    – Tu t’engages dans trois jours, je crois   ?
    – Oui   ! dit-il.
    – Ne crois-tu pas que nous ferons bien de renouveler cette promenade pendant les trois derniers jours que tu passeras avec nous   ?
    – Oui   ! dit Saint-Giles en souriant.
    Sa mère l’avait deviné et lui l’avait comprise.
    Mais, en ce moment, on entendit le bruit d’une troupe entrant à Lyon.
    C’était, comme on le dit à Saint-Giles, une colonne de soldats réguliers qui escortaient deux représentants du peuple venant à Lyon pour prêter à Châlier le concours de leur autorité et le poids de trois mille baïonnettes jetées dans la balance des partis.
    On était le 27 mai au soir.
    – Ma mère, dit Saint-Giles, les riants espoirs s’évanouissent   ; demain c’est la sanglante réalité car demain l’on se battra.
    Il ne se trompait que d’un jour.
    Le 29 mai, en effet, la bataille décisive se livrait dans les rues de Lyon.
    Voici ce qui était arrivé.
    Châlier avait reconnu la faute qu’il avait commise en attaquant ses ennemis avec des forces insuffisantes   : il avait organisé ses carmagnoles, armé le plus de peuple qu’il avait pu et écrit aux représentants en mission à l’armée des Alpes pour obtenir de la troupe de ligne.
    Les représentants promirent du secours et le comité devint très audacieux.
    – Les représentants, dit Lamartine, frappèrent les riches d’un emprunt forcé de six millions. Ils organisèrent un Comité de Salut Public, imitation de celui de Paris.
    Ils décrétèrent une armée révolutionnaire. Ils relevèrent l’audace de Châlier.
    Le Comité se hâta de pressurer les citoyens, d’armer ses

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