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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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archevêque de Lyon, puis cardinal.
    Il sourit discrètement.
    – Vous savez comme moi que l’on oublie très vite dans une cour nouvellement restaurée.
    Il sourit finement, cette fois.
    – Bon   ! je comprends votre sourire. Vous avez vos moyens   ! Des pièces importantes, grosses de révélations gênantes. Nous en sommes tous là et nous tâchons de nous prémunir contre l’ingratitude des princes et des rois. Mais il s’agit de leur faire comprendre doucement et adroitement la portée de nos armes   : il importe de leur démontrer combien il serait dangereux et inopportun de nous forcer à user de ces armes. Un intermédiaire est en ce cas très utile. Je puis être le vôtre, et je serai à même, mieux que personne, par un cardinal de mes amis, d’agir sur le Saint-Père   ; quant au roi…
    – Je sais, dit l’abbé… Et que ferai-je pour vous, moi, madame la baronne   ?
    – Vous fermerez les yeux sur mes faiblesses, d’abord.
    – Ah   ! madame la baronne, voilà un mot bien inutile. Comme abbé, je ne suis point votre confesseur   ; comme homme politique je ne juge que les fautes et vous n’en commettez pas. Quant à ce que vous appelez des faiblesses, je n’y vois que des fantaisies charmantes   ; je parle comme homme bien entendu, et j’ajoute que, comme prêtre, je serais heureux de vous donner l’absolution.
    – L’abbé, vous êtes décidément un homme d’esprit. Ceci m’encourage   : causons donc de mes faiblesses.
    – Causons, madame la baronne   ! causons   ! Le sujet est des plus intéressants.
    – Je vous dirai donc que je voudrais sauver un jeune homme.
    – Bon   ! Je le connais. C’est Saint-Giles   !
    – Il faudrait, après notre victoire, me le mettre en prison, une prison sûre mais très douce.
    – Très bien, je me charge, si Saint-Giles n’est point tué pendant l’affaire, de vous le conserver ensuite à l’abri des balles royalistes et républicaines, pendant le siège que nous aurons probablement à subir.
    – Merci, l’abbé, mais il faudrait aussi me débarrasser de la fiancée de Saint-Giles.
    – Ah… sœur Adrienne…
    – Oui   !
    – Oh celle-là, ne vous en inquiétez pas.
    – Pourquoi donc   ?
    – Eh baronne, c’est une affaire d’église qui me regarde. Sœur Adrienne fut hors de son couvent. Elle est passible de la discipline ecclésiastique. On trouvera bien dans Lyon émancipé du joug des Jacobins une prison religieuse pour sœur Adrienne.
    – Oui, mais il l’aimera toujours et voudra la délivrer.
    – Peuh   !… Qui sait   ! Nous avons les in-pace de Fourvière pour dompter cette petite fille et la ramener au Seigneur.
    – J’aimerais mieux autre chose   ! dit la baronne.
    – Et quoi donc   ?
    – Je souhaiterais plutôt un petit enlèvement par quelqu’un qui la délivrerait de sa prison, avec fuite à la frontière, en compagnie du sauveur et… tout ce qui pourrait s’en suivre.
    – Oh   ! baronne   ! quel machiavel en jupons vous êtes. J’ai votre affaire. Dom Saluste n’est pas encore parti pour l’Espagne.
    – Bravo   ! Dom Saluste me va. C’est une trouvaille.
    Ils scellèrent leur pacte et se séparèrent sûrs de s’être bien compris.
    Saint-Giles, se rendant au Club, vit dans les rues de la Croix-Rousse une agitation extraordinaire.
    Le peuple d’ouvriers de ce haut quartier se préparait à l’attaque avec cette fièvre, ce tumulte, ce désordre qui caractérisent les insurrections des plébéiens.
    Châlier n’avait jamais eu l’esprit d’organisation.
    Saint-Giles le lui avait souvent reproché. Châlier se perdait dans des phrases, toujours des phrases.
    – Tu as tort, lui disait Saint-Giles. La parole n’est que le prélude de l’action. Tu ne sais que prêcher le combat, tu devrais le préparer.
    Malheureusement pour l’idée jacobine, Châlier s’occupait bien plus d’un discours à effet que d’un plan d’attaque ou d’un système de résistance.
    Quelle différence avec l’abbé Roubiès   ! Saint-Giles en fut navré.
    En bas, en effet, dans les quartiers riches, comme le constata Saint-Giles, tout se passait avec calme et méthode   ; dans les apprêts du combat on reconnaissait l’ordre actif et savant d’une milice organisée de longue main, ayant des instructions précises.
    En haut ce n’était que confusion.
    On criait, on gesticulait, on déclamait, on s’armait comme on pouvait. On cherchait des chefs, des centres, des points

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