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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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de ralliement, une direction.
    En revanche, une propagande effrénée par la presse   : Châlier abusait non seulement de la parole mais du journal.
    Le peuple réclamait des fusils et on lui offrait des feuilles de papier.
    Ce soir-là, Châlier fit crier son fameux manifeste, la Boussole du peuple , écrit virulent.
    – C’est sa condamnation à mort qu’il fait publier dans les rues   ! dit l’abbé Roubiès.
    Les vendeurs de journaux annonçaient partout   :
    « Demandez   ! «  La Boussole du peuple . »
    C’était cet écrit de Châlier qui réclamait les têtes des mauvais citoyens.
    « Les têtes d’un millier de galantins, disait-il, de modérés, d’égoïstes, d’accapareurs, d’usuriers, d’agitateurs et tous les inutiles citoyens de la caste sacerdotale, ennemie irascible de la liberté et protectrice du despotisme. »
    C’était l’extermination après la victoire. Châlier eut-il réalisé ses menaces   ?
    Louis Blanc en doute.

Plan de défense des jacobins
    Lorsque Saint-Giles arriva au comité, celui-ci était en séance.
    Châlier fulminait à la tribune devant les représentants que les Girondins avaient reçus avec enthousiasme.
    Il dénonçait.
    Qui   ?
    Les royalistes   !
    Non   ! C’était fait depuis longtemps.
    Mais avec le sombre génie et l’étroitesse d’idées des fanatiques, il fulminait un réquisitoire contre les hommes de son parti qu’il n’aimait point.
    C’est la manie des hommes de cette trempe de voir la trahison partout et de semer le soupçon.
    Un dissentiment, une critique, un jour de tiédeur, une observation ou un silence, tout était interprété et noté.
    Et il lisait ses notes d’une voix aigre, attribuant les insuccès précédents à d’autres, tandis que seul il en était responsable.
    Mais la blessure la plus récente qu’il eût reçue, était la double désobéissance à ses ordres commise par Saint-Giles.
    Il croyait qu’avec l’aide des représentants et de leurs troupes, il tenait la victoire et il menaçait déjà ceux de ses propres partisans qui lui déplaisaient.
    – Nous mettrons, s’écria-t-il, le fer rouge à nos propres plaies   ; nous ferons une épuration dans nos rangs, sanglante s’il faut.
    Et il lança cet anathème contre Saint-Giles   :
    – J’ai à signaler, dit-il, la plus douloureuse désertion.
    L’un de nous, Saint-Giles, a terni la gloire de son passé.
    Hier, malgré mes prières et mes supplications, il allait dans un lieu infâme se livrer à la débauche.
    Aujourd’hui, il a osé offrir son bras souillé par le contact des courtisanes à la pupille du peuple de Lyon   : il la promenait dans la ville comme une conquête et la compromettait.
    Ce soir, il n’est pas au rendez-vous.
    Une voix puissante cria   :
    – Tu mens   !
    Et Saint-Giles fendit la foule, monta à la tribune et en chassa Châlier.
    Les uns murmurèrent.
    D’autres semblaient approuver.
    Les représentants du peuple attendaient muets le dénouement de cette scène violente.
    Saint-Giles secoua sa tête léonine, rejeta en arrière sa splendide chevelure crinière fauve et s’écria   :
    – Un fou m’accuse   ! C’est l’homme insensé qui n’a jamais su mesurer ses forces, combiner un plan, assurer la victoire. C’est un étourdi qui est arrivé avec un canon sans gargousses devant la maison Leroyer. C’est l’orgueilleux qui, ayant subi le plus épouvantable des affronts, ne l’a pas lavé dans son sang, se croyant indispensable quand il n’est que gênant pour le parti qu’il a toujours perdu. Cet homme vomit l’insulte sur moi.
    « Voici ma réponse   :
    – Hier, j’ai réglé mes affaires de cœur et j’ai dit adieu à la vie de garçon. J’ai vingt-deux ans et je réclame le droit de la jeunesse aux folles amours. Aujourd’hui, prêt à partir pour l’armée, je me suis fiancé à la pupille du peuple   ; mais s’il en est un plus digne qu’elle agrée, je m’incline devant sa volonté. Ce soir, je prends place dans les rangs. Demain, je combats.
    « Mais avant de marcher à l’ennemi, je proteste contre tous les tyrans et, parmi ceux-là, je mets Châlier qui n’a jamais cessé de commander en maître à ceux qui vont mourir pour la liberté.
    « Il n’a jamais pu courber mon front. De là sa haine. Je la brave   ! Que peut craindre l’homme qui sera demain au premier rang de vos soldats.
    Il se tût.
    Châlier était écrasé.
    Il avait froissé, fatigué, ulcéré bien

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