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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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ami   ; on ne visitera même pas votre carrosse.
    Et, au fond d’un compartiment secret de ce carrosse admirablement construit, vous emmènerez votre infante.
    – Mon infante   ?
    – Eh oui votre infante.
    Puis, d’un air singulier   :
    – Est-ce que vous oubliez l’escalade de ce balcon où vous vous êtes montré si hardi galant   : il me semble que vous devriez vous en souvenir. Une fiancée révolutionnaire. Cela ne vous inspire donc pas… Si vous ne la rendez pas à l’Église, du moins, qu’elle ne soit pas à ce Saint-Giles.
    Et saluant dom Saluste étourdi, il lui dit   :
    – Au revoir   ! je vous ferai prévenir quand tout sera prêt.
    L’Espagnol s’en alla stupéfait de cette étonnante conversation avec un prêtre français qu’il avait eu la naïveté de croire austère.
    La lutte commençait donc sérieusement et s’engageait à fond.
    Les forces étaient disproportionnées.
    D’un côté, d’après le témoignage de Lamartine, vingt mille gardes nationaux.
    « Les sectionnaires, dit-il, rassemblés au nombre de plus de vingt mille sur la place Bellecour choisissent pour commandant un apprêteur de drap nommé Madinier, homme au cœur de feu et au bras de fer. Madinier enlève l’arsenal et marche à l’Hôtel-de-Ville. »
    Et ces vingt mille hommes avaient huit pièces de canon.
    Les Jacobins disposaient de quatre mille hommes à peine, tant de troupes de ligne que de Carmagnoles.
    Cette faiblesse est constatée par Louis Blanc et elle est la condamnation de Châlier comme organisateur.
    La municipalité, dit-il, disposait de forces moins considérables, auxquelles du reste avait été donné l’ordre formel de se borner à la défensive, ce qui fut exécuté, ainsi que le prouve le lieu de l’engagement.
    Parmi les défenseurs de l’Hôtel-de-Ville de la place des Terreaux, les Jacobins comptaient beaucoup sur un corps superbe comme force physique, comme belle apparence et comme armement.
    C’était une troupe de trois cents Auvergnats, charbonniers pour la plupart, mains et figures noires de charbon, commandés par un certain capitaine Pierre.
    Ces volontaires s’offrirent à Saint-Giles comme ses gardes du corps « pour les grands coups de collier »   ; il les accepta.
    La défense s’improvisa rapidement.
    Sur les conseils des officiers de la troupe régulière, Saint-Giles avait organisé ses batteries de façon à foudroyer les colonnes insurgées   : il se tint prêt à charger celle des quais du Rhône avec les Carmagnoles de Monte-à-Rebours et les Auvergnats volontaires dont la mine résolue lui donnait confiance.
    Gauthier, le second représentant, devait tomber avec la troupe de ligne sur la colonne des quais de la Saône.
    Le canon décida partout d’un premier et grand succès des Jacobins.
    L’échec des royalistes fut complet au début, surtout pour la colonne du Rhône.
    « Du côté du Rhône, dit Louis Blanc, l’attaque ne réussit point   : là, les assaillants furent repoussés et perdirent leurs canons. »
    Lamartine, plus complet explique le rôle joué par l’artillerie des Jacobins.
    « La tête de la colonne du quai du Rhône, dit-il, est foudroyée, en approchant, par une batterie placée sur la culée du pont Morand, et qui balaye le quai dans sa longueur. Des centaines de sectionnaires expirent. Dans le nombre, quelques officiers royalistes et plusieurs fils des principales familles de la noblesse et du commerce de Lyon ».
    Voyant plier les royalistes, Saint-Giles jugea le moment venu de charger   : à la tête des Carmagnoles et des Auvergnats, il tomba sur les gardes nationaux si rudement qu’il les mit en déroute.
    – Aux canons   ! cria-t-il à Monte-à-Rebours, montrant l’artillerie royaliste que l’ennemi cherchait à entraîner.
    Et Monte-à-Rebours s’empara très brillamment des pièces, pendant que la Ficelle, officier très avisé, tournait les royalistes et coupait la retraite à leur artillerie.
    Saint-Giles se laissa entraîner à une poursuite imprudente par les Auvergnats qui continuaient à s’enfoncer dans les rues à la chasse de l’ennemi, enlevant par leur élan Saint-Giles avec eux.
    Celui-ci, se voyant bientôt loin de l’Hôtel-de-Ville et près de la place Bellecour, quartier général des insurgés, jugea cette poursuite menée trop loin.
    – Halte   ! cria-t-il.
    Mais le capitaine Pierre cria d’une voix de tonnerre à ses hommes et en auvergnat   :
    – En avant, les enfants  

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