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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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mots «À l'honneur de Montcalm ».
    Pendant ce temps, le prince de Galles, tête nue, écoutait les accents du O Canada, chanté dans les deux langues. Les Canadiens anglais faisaient connaissance avec ce qui allait devenir leur hymne national. Puis la représentation se termina comme elle avait commencé, sur God Save the King.
    —J'espère que te voilà édifié, murmura Thomas à l'intention de son fils.
    —    À un point que tu ne mesures pas, répondit le garçon en lui faisant un clin d'œil.
    —    Vous nous accompagnez à la maison ? poursuivit le père à haute voix.
    Edouard consulta son amie des yeux, alors qu'ils sortaient lentement des estrades.
    —    Nous projetions de marcher un peu, mais je dois rentrer tôt.
    Thomas se le. tint pour dit. Il décida de chercher son épouse dans la foule de comédiens.
    Au moment de descendre de son cheval, Élisabeth s'était encore retrouvée en tête-à-tête avec Joseph Savard. Elle avait échappé à son attention au moment de l'entrée en scène, sa chance ne pouvait durer.
    —    Madame Picard, cet accessoire n'a pas été autorisé par monsieur Lascelles.
    Du bout des doigts, il désigna la cravache, puis continua:
    —    En plus, cela me semble anachronique, pour le XVII e siècle.
    —    Les femmes de ce siècle ne voyaient sans doute jamais d'hommes rôder autour des baraques qui leur servaient de vestiaires, ou de leur monture. De nos jours, mieux vaut être plus prudente.
    Elle coupa le vide d'un coup de son petit fouet de cuir, puis tourna les talons sans rien ajouter. L'habilleuse lui apprit qu'une nouvelle fois, Eugénie s'était esquivée dès la fin de la scène de François I er .
    —    Vous avez aimé le spectacle? interrogea Édouard en tendant son bras à sa compagne.
    —    Oui, plus que je ne l'espérais, en fait. Quoique tous ces soldats, à la fin, me laissent plutôt indifférente.
    —    Ce sont les moments héroïques de notre histoire.
    —    Vous croyez vraiment? Juste pour le plaisir, essayez de donner naissance à douze enfants et de les élever, vous changerez peut-être de point de vue. À mes yeux, tous ces garçons qui jouent aux soldats en bombant le torse...
    Ils marchaient vers le fleuve, alors que les comédiens regagnaient la Grande Allée. La nuit promettait d'être douce, les étoiles commençaient à briller dans le ciel. Le vent venu de l'ouest chassait les nuages vers le golfe Saint-Laurent. Après quelques minutes, Elise s'appuya contre son compagnon. Il prit cela pour une invitation, lâcha son bras afin de la prendre par la taille. Imperceptiblement, le garçon se dirigea vers les bosquets.
    —    Que croyez-vous trouver dans les sous-bois, à cette heure ? demanda-t-elle, moqueuse.
    —    Des fraises ?
    Le regard de sa compagne l'amena à continuer, plus sérieux :
    —    Je voulais vous embrasser.
    Comme la suggestion ne paraissait pas soulever d'enthousiasme chez elle, Edouard décida de continuer dans l'allée de gravier longeant le fleuve.
    —Je me fiancerai bientôt. A tout le moins, je le crois. Mon prétendant doit parler à mes parents d'abord.

La confidence laissa le garçon perplexe. Comment convenait-il de réagir dans une situation de ce genre ? Un peu plus tôt, il tentait de lui voler quelques moments d'intimité.
    —    Il y a peu de temps, vous me disiez que personne ne vous intéressait vraiment, parmi vos visiteurs.
    —    Mieux vaut ne pas trop s'intéresser à quelqu'un qui ne s'est pas encore déclaré.
    Edouard acquiesça. Comme dans ces situations, la décision venait de l'homme, la prudence évitait les cœurs brisés. Surtout, Elise annonçait des projets matrimoniaux tout en tolérant son bras autour de sa taille. Cela trahissait l'ambiguïté de ses sentiments. Il demanda bientôt :
    —    Qui sera l'heureux élu ?
    —    Un médecin de l'hôpital de papa. Le premier à être venu chez moi, dès ma sortie du couvent.
    —    Aux fêtes, j'ai eu l'impression que Brunet vous plaisait...
    Puis à quelques reprises, il m'a parlé de vous en termes intéressés. J'en étais à vous imaginer pharmacienne.
    Elle laissa échapper un rire discret, puis confessa :
    —    Honnêtement, j'ai eu peur de ne pas être à la hauteur. Je me suis montrée un peu plus froide, après le mois de mars.
    —    Je ne comprends pas...
    —    Comme maman, j'épouse un médecin. Je connais déjà toutes les réponses, je saurai

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