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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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des pétales de roses du jardin de son père. La chaleur de l’été était accablante. Elle n’avait pas empêché Antinoès de frissonner, tant était grand son désir.
    Ce soir, cette première nuit semblait à Lilah à la fois très proche et très lointaine. Tant de choses étaient advenues depuis…
     
    Croquant lentement des grains de raisin que la lumière du crépuscule rendait transparents, Lilah s’accouda au parapet qui cernait le haut de la tour. À cette heure où la nuit s’approchait comme une caresse, rien n’était plus splendide que la vue depuis cette terrasse.
    Surplombant le fleuve Chaour d’une centaine de coudées, se dressaient les falaises et les murs immenses de la Citadelle. Clôturant la cour royale que l’on appelait l’Apadana, des colonnades de marbre, sculptées en Égypte et transportées par des milliers d’hommes et de mules, reflétaient le soleil comme des flammes d’airain. Des terrasses de marbre plus vastes encore que le palais l’entouraient. Des sculptures géantes, taureaux, lions et monstres ailés, en étaient les gardiens. Des escaliers si larges et si hauts que la population entière de la ville aurait pu s’y tenir y conduisaient. Peu cependant étaient autorisés à les gravir.
    Au pied des falaises, les palais de la ville royale ceignaient la Citadelle d’un écrin compact. Les jardins y étaient nombreux. Dans un ultime éclat, les rayons du soleil reflétés par les méandres paresseux de la Chaour venaient y mourir, s’éteignant dans le frissonnement touffu des cèdres et des eucalyptus.
    Une muraille de brique, percée de petites fenêtres carrées, flanquée de hautes tours crénelées, ici ou là rouges, orangées ou bleues, cernait encore la ville royale et la séparait des rues affairées. Des rues serrées entre les toits plats, blanchis de chaux, aussi rectilignes que si elles avaient été taillées au glaive. Elles s’étendaient loin vers l’est, le nord et le sud. Lilah n’en devinait que les tranchées sombres et populeuses d’où montaient encore les bruits de la vie. La foule devait s’y presser alors que l’on rabattait les auvents des échoppes.
    Le jardin et la maison d’Antinoès occupaient une bande rectangulaire dans le quartier riche des patriciens, tout près de la ville royale. Le jardin était ancien et opulent. Les palmiers et les cyprès bordant l’allée principale, qui conduisait du mur d’enceinte à la maison, se dressaient, élégants, aussi hauts que la tour elle-même.
    Lilah tendit l’oreille et s’immobilisa.
    Le crépuscule allongeait déjà les ombres. Elle guetta la porte ouvrant sur l’escalier.
    Il y avait eu à peine un frottement. Mais elle savait qu’il était là.
    Elle appela :
    — Antinoès ?
    Un visage sortit de la pénombre. Ce visage qu’elle avait tant de fois évoqué dans ses songeries. Le nez busqué, un peu large, les narines bien dessinées, la bouche ourlée et tendre, les sourcils arqués et les paupières fendues sur un regard qui la fit frissonner.
    Il prononça son nom tout doucement :
    — Lilah !
    Il portait la tunique courte à longues manches des guerriers de Perse. Pourpre et semée de larges cercles fauves, elle lui moulait le torse. Un pantalon du même tissu couvrait étroitement ses jambes jusqu’aux chevilles. Les lanières de ses sandales remontaient haut sur ses mollets. Une tête de lion aux reflets d’or décorait la boucle de sa ceinture large d’une main. Trois chaînes, argent, or et bronze la reliaient à une broche en forme de tête de taureau agrafée sur son épaule droite. Un ruban de feutre brodé d’un filet d’or enserrait sa longue chevelure huilée et parfumée. Un sourire éclatant brillait dans sa barbe finement tressée.
    Il répéta son nom, cette fois riant et presque en criant :
    — Lilah ! Lilah !
    Lilah se mit à rire à son tour. Il lui tendit les mains, les paumes levées. Elle s’avança, un peu raide, lente. Elle posa ses paumes sur les siennes. Les mains d’Antinoès brûlaient. Il les referma sur les siennes et ce fut comme s’il l’enlaçait.
    Un éclat du soleil couchant dansa dans les iris d’Antinoès. Sans bien se rendre compte elle murmura :
    — Tu es là !
    Il leva leurs mains enlacées jusqu’à ses lèvres. Il riait encore, silencieusement, comme s’il n’avait déjà plus de souffle. Un rire de caresse et de pure joie qui les enveloppa et les emporta.
    Leurs mains se dénouèrent pour qu’ils

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