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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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gentiment moqué Axatria.
    Une Axatria qui se contentait de recueillir les mercis d’Ezra, ses rares et élusives attentions, comme de merveilleux et suffisants présents.
    Cependant, leur amour pour Ezra, amour de sœur, amour de servante, pareillement chaste et sans bornes, avait rapproché Lilah et Axatria.
    Puis était venu ce jour terrible où Ezra avait quitté la maison de l’oncle Mardochée pour s’installer dans la ville basse.
    L’oncle et la tante avaient tenté de l’en empêcher, sans parvenir à lui tirer une seule parole qui pût justifier son départ. Axatria, elle, s’était mise en travers de son chemin, le visage couvert de larmes.
    — Pourquoi ? Pourquoi quitter cette maison ?
    Ezra avait voulu la repousser. Se laissant tomber à ses pieds sans vergogne, Axatria avait entravé sa marche comme un boulet de chair et de sanglots. Ezra avait dû lui répondre.
    — Je pars là où les fils d’Israël n’oublient pas la douleur de l’exil. Je pars étudier ce que l’on n’aurait jamais dû oublier ! Je pars étudier le savoir que mon père Serayah, son père Azaryah, son père Hilqiyyah et tous leurs pères durant douze générations ont appris de leur père Aaron, frère de Moïse.
    Comment Axatria, fille de Perse venue des montagnes du Zagros, pouvait-elle comprendre pareil langage ?
    La stupéfaction la rendit au silence. Elle sembla céder, libéra les poignets d’Ezra. Pourtant, à son premier pas, elle agrippa sa tunique et supplia, oublieuse, pour cette seule et unique fois, de sa dignité :
    — Ezra ! Emmène-moi avec toi. Je suis ta servante où que tu ailles !
    — Là où je vais, je n’ai pas besoin de servante.
    — Et pourquoi ?
    — Parce qu’on ne fait pas son étude avec une servante.
    — Tu ne sais pas ce que tu dis ! Qui prendra soin de toi, te fera à manger, lavera ton linge, tiendra propre ta chambre ?…
    Ezra l’avait alors repoussée avec une rudesse qui n’appelait aucune réplique.
    — Tais-toi ! Je quitte cette maison pour être plus près de la volonté de l’Éternel, pas d’une servante !
    Des jours durant, Axatria, rongée de douleur tout autant que de honte, avait été incapable de sécher ses pleurs.
    Elle n’était pas la seule. La maison de Mardochée et de Sarah n’était que larmes et plaintes. Pour la première fois, Lilah avait vu son oncle terrassé, incapable d’aller au travail et même de se nourrir. Sa tante Sarah avait fermé son atelier six jours durant, comme pour un deuil. Les larmes d’Axatria s’étaient englouties avec modestie dans le chagrin général. Elle vaquait à ses tâches comme une âme déjà passée dans l’autre monde. D’un bout à l’autre du jour, elle murmurait dans un souffle stupéfait : « Pourquoi ? Pourquoi ? »
    Jusqu’à ce moment où Lilah lui avait annoncé :
    — Je sais où Ezra a trouvé refuge. Prépare-toi, nous allons lui porter de la nourriture et du linge.
    C’était la première fois.
    Moins d’une lune plus tard, à nouveau elles remplirent un couffin et empruntèrent l’un des chars de l’oncle Mardochée, qui fit semblant de l’ignorer.
    Les saisons avaient passé, la pluie, la neige, la canicule. Rien, ni la fatigue ni la maladie n’avaient pu contraindre Lilah et Axatria à renoncer à leur visite dans la ville basse.
    À peine le jour levé, Axatria remplissait un couffin désormais réservé à ce seul usage. Elle y fourrait tout ce qu’il pouvait contenir : cruchons de lait, pains et fromages, sacs d’amandes, d’orge ou de dattes. Un couffin devenu si volumineux au fil du temps qu’il pesait aujourd’hui plus qu’un âne mort, obligeant Lilah à bander ses muscles pour le porter.
    Aujourd’hui où elle voulait être seule devant Ezra.
    Ce qu’elle avait à lui annoncer était bien assez difficile sans qu’Axatria tourbillonne autour d’eux.
     
    *
    * *
     
    Les cris tirèrent Lilah de ses pensées alors qu’elle n’était plus qu’à un demi-stade de la ville basse. Comme surgie de terre, une troupe d’enfants jaillit entre les premières masures. Une vingtaine de gosses. Des garçons uniquement, de toutes tailles, entre quatre et onze ou douze ans. Un simple linge leur ceignant la taille, ils couraient pieds nus sur la terre dure semée de cailloux et braillaient à tue-tête.
    Deux vieux, qui portaient en direction de Suse-la-Ville un palan où se balançaient des baquets de bitume, se rangèrent précipitamment sur le bord du

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