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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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citronnier odorant s’appuyait contre le mur d’enceinte.
    — Attends, chuchota Sogdiam en voyant Lilah se diriger droit vers la pièce d’étude. Il faut que je les prévienne !
    Lilah n’eut pas le temps de rétorquer qu’elle n’allait certainement pas attendre. Une voix claire et nette prononça son nom :
    — Lilah !
    Sogdiam disait peut-être vrai. À y être attentive, Lilah se rendait compte qu’Ezra était tout à fait soigné. La barbe courte lustrée. Les dents blanches et brillantes dans le sourire d’accueil. Les cheveux soigneusement séparés haut sur le crâne par une raie droite. Un anneau d’ivoire d’Orient, offert par Lilah il y avait bien longtemps, les retenait sur sa nuque. Une tunique claire, serrée sur son grand corps par une ceinture de lin marron, cachait mal sa maigreur.
    — Lilah, ma sœur…
    Il avança, les bras grands ouverts. Et s’immobilisa au dernier instant, alarmé :
    — Puis-je te serrer contre moi ?
    Lilah eut un rire moqueur. Ezra, fidèle à chaque ligne des lois de Moïse, voulait savoir si elle était accablée par ce qu’il appelait le « sang de la féminité ».
    Elle franchit le pas qui les séparait, posa les doigts sur ses lèvres. Son frère hésita, tiraillé entre le désir de reculer et celui d’embrasser. Lilah rit à nouveau. L’attrapant par le cou, elle l’attira contre elle. Ses lèvres baisant tendrement le lobe de son oreille, elle chuchota :
    — N’aie crainte. Je suis tout à fait pure ! Serais-je venue si je ne l’étais pas ? Ne peux-tu avoir confiance en ta sœur ?
    Un petit grognement de satisfaction vibra dans la poitrine d’Ezra. Lilah ferma les yeux, soudée à son frère bien-aimé, heureuse et oublieuse des craintes qui la tourmentaient depuis la veille. Un instant, ils se tinrent ainsi enlacés comme si leur séparation avait duré toutes les heures de l’éternité et non pas quelques semaines.
    La même émotion les étreignait à chaque retrouvaille. Frère et sœur engendrés d’une même chair, parfois si confondus qu’ils ne semblaient qu’un seul et même corps. Mais jamais un même esprit.
    Les lèvres pressées contre la nuque d’Ezra, Lilah releva les paupières. Sogdiam les contemplait. Dans un balancement de la hanche qui le ploya en deux, il se détourna, fila dans la maison en emportant le couffin.
    Ezra s’écarta, gardant la main de Lilah dans la sienne. L’œil encore moqueur mais le ton sérieux, elle remarqua :
    — Sogdiam m’assure que tu te fais beau à chacune de mes visites. Moi, je te trouve de plus en plus maigre. Comment est-ce possible ? Les couffins d’Axatria sont pleins à craquer. Ne manges-tu rien ?
    Ezra balaya les questions d’un revers de main.
    — Je vais très bien. C’est maître Baruch qui devrait t’inquiéter. De mauvaises nouvelles sont arrivées, engendrant de mauvaises nuits. Ce matin nous n’avons pas étudié car il se sentait trop faible.
    Lilah jeta un regard inquiet vers la pièce d’où était sorti Ezra. Il approuva d’un signe.
    — Va, entre. Il t’attend.
     
    La pièce était chaleureuse malgré la simplicité de son ameublement. Une large ouverture dans la paroi de l’ouest l’éclairait. De chaque côté de cette fenêtre, que l’on pouvait clore d’un volet de jonc tressé, des niches étaient surchargées de tablettes de cire. Un tapis offert par la tante Sarah recouvrait le mur du nord. Lilah avait eu le plus grand mal à convaincre Ezra de le suspendre. En hiver, il protégeait efficacement du vent et du froid qui sourdaient entre les briques pas toujours bien jointées.
    Disposé au centre de la salle, un coffre de cèdre noirci par les brûlures des lampes à huile servait d’écritoire. Deux tabourets et des jarres à large col remplies de rouleaux de papyrus l’entouraient. Un sac de cuir suspendu à l’une des poutres du plafond contenait les calâmes et les bâtons d’encre sèche.
    Un lit bas aux sangles de cuir avait été dressé contre le mur opposé à la fenêtre. Sur la couche de laine serrée dans une enveloppe de lin, la tête d’un vieillard dépassait de la couverture aux rayures brunes et vertes, que son corps frêle soulevait à peine.
    Lilah s’agenouilla. Dans son dos, Ezra annonça d’une voix forte :
    — Lilah est arrivé, mon maître !
    La couverture s’écarta avec plus de vivacité que Lilah ne s’y attendait. Deux yeux clairs, profondément enfoncés dans leurs orbites, la

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