La Cabale des Muses
dans les délais les plus courts. Hormis Rohan, les principaux accusés furent soumis à la question. Le procès se déroula sans heurts excessifs. À l’issue de celui-ci, Nicolas de La Reynie préconisa qu’on acquitte tous les autres inculpés, faute de preuves. Cette sage décision fut approuvée et appliquée.
Rohan fut condamné pour crime de lèse-majesté. Louis XIV hésita. Les années d’humiliation durant leur jeunesse, les esclandres et scandales du Grand Veneur pesèrent lourd dans la balance. Le roi finit par se résoudre à refuser sa grâce.
« Le chevalier fut d’abord étonné puis montra quelque faiblesse dès qu’il put soupçonner quel serait son sort. Il entra dans des transports épouvantables. On fut contraint de l’enchaîner et de le garder à vue pour empêcher qu’il se tuât lui-même. Les exhortations du père Bourdalouë dissipèrent cette fureur », nota le marquis de La Fare.
Rohan eut la tête tranchée le 27 novembre 1674, rue Saint-Antoine devant l’entrée de la Bastille et (ironie du sort !) tout près de son hôtel particulier. Ses biens furent confisqués puis restitués à Marie de Bretagne, duchesse de Montbazon, deuxième épouse d’Hercule de Rohan qui se retira à Rochefort-en-Yvelines. Elle y mourut en 1685.
Auguste des Préaux et la marquise de Villars furent exécutés à ses côtés. « Elle mourut plus constamment que le chevalier. » Quant à Franciscus Van den Enden, il fut pendu.
Malgré la froidure, une foule considérable assista à l’événement.
La Reynie écrivit à Seignelay les derniers moments des condamnés et conclut :
« L’exécution de tous a été faite sans tumulte, quoiqu’il y eût grand concours de monde ; les soins des officiers des mousquetaires et des gardes du roy ont produit en tout un si bon ordre qu’on a remarqué dans ce grand spectacle le même silence qu’on aurait pu entendre dans un lieu particulier. On peut dire, après ce qu’on a vu à ce jour, que la justice du roy a fait un exemple terrible sur des personnes qui pouvaient être, chacune à sa manière, capable de penser et d’agir dans le mal avec force et résolution. »
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Article de la Gazette des Renaudot
N° 133, p. 1181 – 1 er décembre 1674
« Le chevalier de Rohan, la dame de Villars, veuve d’un gentilhomme de Normandie, Préau [sic] , neveu de La Tréaumont, qui la devoit épouser, et Van den Enden, maistre d’école, convaincus par leurs propres confessions et par diverses autres preuves d’avoir traité avec les ennemis de l’Estat et de leur avoir promis de leur livrer plusieurs des places en Normandie et de faire révolter la province, furent condamnéz à mort et exécutez le 27 du passé dans la place qui est devant la Bastille, les trois premiers ayant eu la tête tranchée et le dernier ayant esté pendu. »
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Gazette du 14 décembre
« On a fait sortir de la Bastille quelques prisonniers 1 contre lesquels on [sic] a trouvé aucune preuve et dont l’innocence a été reconnue, sans que cette affaire ait eu aucune suite. »
1 - Jean-Baptiste de Chalon, seigneur de Maigremont ; Jacques Guersent, seigneur d’Aigremont ; Renée-Maurice d’O ; le comte de Créqui ; l’abbé des Préaux.
Références bibliographiques
B LUCHE François, Le journal secret de Louis XIV , éd. du Rocher.
B LUM André, Les modes aux XVII e et XVIII e siècles , Hachette.
B ORDONOVE Georges, Louis XIV , Pygmalion.
B OUCHER François, Histoire du costume , Flammarion.
B REL -B ORDAZ Odile, Biographie du capitaine d’Artagnan .
C AUZÉ DE N AZELLE Jean-Charles du, Un complot sous Louis XIV, Mémoire, Bibliothèque Plon.
C ELLER Ludovic, Les décors , les costumes et la mise en scène au XVII e siècle , Liepmannsshon et Dufour libraires , 1869.
C LÉMENT Pierre, La police sous Louis XIV, Élibron classiques.
C LÉMENT Pierre de l’Institut 1858, Trois drames historiques .
C LÉMENT Pierre, Revue des deux mondes , Nicolas de La Reynie p. 799, 1864, vol. 2.
C LÉMENT Pierre, Conspiration du chevalier de Rohan – Mémoire lu à l’Académie des sciences morales et politiques, 24 et 31 mai- 7 juin 1836, éd. Didier et Cie.
C OURTIS DE S ANDRAS Gatien, Mémoires de monsieur d’Artagnan : capitaine-lieutenant de la première compagnie de mousquetaires .
D ANIS Robert, La première Mais on royale de Trianon, 1670-1687 , éd. Albert Morancé.
D ARESSY Henri, Archives des maîtres d’armes de Paris ,
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