Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
Vom Netzwerk:
informée de rien et n’a fait qu’obéir à mes ordres. J’espère que vous vous montrerez compréhensifs et indulgents envers elle afin qu’elle prenne soin de ma cadette. Nous ne nous reverrons pas de sitôt.
    L’euphémisme prêtait à sourire. La situation n’était pas ordinaire, mais le sang-froid et le fatalisme d’Affinius forçaient le respect. Les deux époux s’embrassèrent et se cajolèrent un long moment tandis que les trois hommes embarrassés regardaient ailleurs. Le vieux Franciscus lui prodigua de sages conseils pour sa famille et elle-même. Pistol en profita pour ramasser les hardes et Géraud entassa les piles de ses papiers dispersés sur la table dans le fameux sac de velours. Il y aurait sans doute là-dedans des documents fort édifiants à propos du complot 1 .
    — Votre enquête fut brillamment concoctée et menée avec habileté, commissaire Lebayle. J’avais un léger doute, mais ne me suis pas assez méfié, d’autant que vous me confiiez un précieux otage. Toutefois, à son sujet, j’affirme que ce sera un brillant élément. Je suis désormais à votre disposition. Je lis un certain étonnement dans votre regard. «  La vie n’est point un bien ni la mort un mal, n’être plus en vie ou n’être point à Constantinople c’est une chose égale. L’âme dégagée du corps gagne beaucoup à se trouver délivrée d’un mauvais compagnon de voyage qui l’afflige sans cesse par ses besoins et par les différentes impressions qu’elle est forcée d’en recevoir.  » Je suis tout à fait en accord avec ces principes enseignés par mon cher Baruch Spinoza.
    — Allons-y, écourta Lebayle que cette tirade laissait pantois. Ils descendirent, appelèrent le cocher, abandonnant la femme Medaëns dans un état de grand désarroi.
    — Vous escorterez Van den Enden jusqu’à la Bastille, ordonna-t-il à ses équipiers. Je file en éclaireur avertir monsieur de La Reynie, afin que le troisième conjuré, l’infâme La Tréaumont, soit poursuivi et mis hors d’état de nuire au plus tôt. Bonne route, mes amis.
    En montant dans la voiture noire, Affinius lui adressa un signe amical qu’il ne vit pas pour être déjà sur la route de Paris.
    1 - Scène relatée dans les mémoires de Jean-Charles du Cauzé.

XXXVIII
    E N TÊTE, GALOPAIT LE COMMISSAIRE L EBAYLE , rompu aux incertitudes de cette route et monsieur de Brissac qui, malgré ses cinquante-cinq ans, se tenait, vert et vigoureux dans son uniforme bleu galonné d’argent, son haut-de-chausses écarlate et ses bottes fortes de cuir noir ciré. Suivaient trois soldats armés. Sa Majesté elle-même avait pris la décision d’arrêter La Tréaumont sur le dernier rapport de Saint-Aignan, constatant les premières échauffourées sérieuses dans sa région, brûlots qui risquaient de s’étendre.
    Le vieux major des gardes avait été missionné en tant qu’ancien ami du rebelle. Ils avaient mené plusieurs campagnes de conserve. C’est lui qui avait plaidé la cause de George de Hamel quand celui-ci avait pris un mauvais chemin dans lequel il s’était hélas entêté et embourbé. Il était donc tout désigné pour se saisir de lui… à condition de le débusquer. Fallait-il se rendre au Havre ou à Rouen ? Suivre des Préaux et la marquise de Villars ? Investir le château d’Eudreville ? Tout atermoiement, toute heure perdue était favorable à la cabale, même si deux des principaux fondateurs moisissaient à la Bastille. La flotte hollandaise pouvait resurgir à tout instant et débarquer la nuit suivante des milliers d’hommes sur nos côtes, accueillis par « l’Union » et quelques hordes de hors-la-loi recrutés par La Tréaumont. Le ban et l’arrière-ban convoqués et bien visibles au long des côtes avaient impressionné l’ennemi. L’amiral Tromp s’était replié, mais devait se tenir à l’affût derrière l’horizon avec un renfort incalculable. Le roi ne disposait pas de troupes supplémentaires dans la région. L’arrestation de La Tréaumont et de ses deux principaux lieutenants était donc primordiale.
    Lebayle avait une fois encore abandonné Jurance au profit d’un puissant destrier des écuries royales. Malgré les tourbillons de vent qui dépouillaient les arbres à feuilles caduques et faisaient danser les autres, septembre annonçait un automne serein et lumineux.
    Ils ne s’arrêtèrent que le strict nécessaire afin de rallier Rouen avant la nuit où ils décideraient

Weitere Kostenlose Bücher