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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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de la suite des opérations. Ils s’installèrent dans la première auberge avant les faubourgs. Ils questionnèrent l’hôtelier, ses proches, son personnel sur des troubles éventuels, sur des rumeurs, des mouvements erratiques. Bien leur en prit car un marmiton dont le frère travaillait à « l’Auberge des uniques », au centre de la ville, avait entendu dire que La Tréaumont y descendait régulièrement. C’était une piste – déjà évoquée par le gouverneur – à explorer avant de s’aventurer plus loin. À l’aurore, ils s’y firent conduire par le garçon de cuisine, rue du Gros-Horloge, derrière la cathédrale. Ils entrèrent par les cuisines, abordèrent le propriétaire surpris, mais cependant coopératif :
    — Monsieur de Hamel de La Tréaumont, dites-vous ? Bien entendu, il loge chez nous depuis avant-hier. Il nous a confié avec une féroce assurance qu’il fallait s’attendre à de grands bouleversements dans le royaume. Il occupe sa chambre habituelle. Il doit dormir, son valet, Lanefranc, n’est pas encore paru.
    — Nous nous chargeons de le réveiller en douceur, imposa Brissac. Ne tentez rien qui pourrait l’alerter.
    — Je m’en garderai bien, messieurs, mais dites-moi ce qu’il se passe ?
    — Les désordres sont invalidés sur ordre du roi.
    Le major passa devant. Les cinq hommes montèrent au premier étage. Lebayle frappa à la porte indiquée et s’écarta.
    — George, c’est Brissac, ouvrez.
    On remua à l’intérieur. Ils mirent la main à la garde de l’épée. Les soldats se postèrent en retrait. Le loquet fut tiré. La porte s’ouvrit sur Lanefranc qui ne parut pas étonné par cette visite très matinale. Il invita la petite délégation à entrer. Brissac et Lebayle s’avancèrent dans la vaste chambre à deux fenêtres, occupée en son milieu par un grand lit où reposait le géant calé contre trois coussins. Il se dressa sur un coude puis, troublé, s’assit.
    — D’ordinaire, c’est la petite rousse qui est requise pour m’administrer la bonne médecine mollifiante.
    — Il faudra vous en dispenser désormais. La Tréaumont, sur ordre du roi, je suis venu vous arrêter pour crime de lèse-majesté.
    — C’est fort courtois de la part du roi de m’adresser un vieil ami des temps de guerre pour cette besogne ingrate, ainsi qu’un homme que je crois avoir déjà rencontré à plusieurs reprises, monsieur de la Calandre, si j’ai bonne mémoire.
    — Commissaire Lebayle, au service de monsieur de La Reynie, ne vous déplaise.
    — C’était sous un aspect différent, introduit par des gens chers qui ont été bernés, mais qu’importe aujourd’hui. Bien joué. Accordez-moi un instant afin que l’émotion me fasse retrouver un peu de convenance et je me lève.
    Il se gratta le sourcil gauche d’une façon qui intrigua Géraud, le pouce vers l’extérieur, avec un regard appuyé à son valet. Le commissaire vit celui-ci s’éclipser dans leur dos vers la chambre contiguë. Il ne lui concéda que quelques secondes pour agir à sa guise pendant que son maître monopolisait l’attention, puis se précipita à sa suite. Il le découvrit en train d’extraire des liasses de papiers d’une malle et s’apprêtait à les jeter dans le feu qu’il ranimait aux bouffées asthmatiques d’un soufflet percé.
    — Inutile de faire le tri, je me charge de tout, avertit Lebayle. Sa Majesté sera ravie d’avoir un peu de lecture édifiante pour ses longues soirées d’hiver.
    Tenant Lanefranc dans la ligne de son pistolet, il le dissuada de tenter une manœuvre désespérée et le ramena auprès de La Tréaumont qui, assis en caleçons au bord de sa couche, n’apparaissait pas tout à fait mollifié.
    — On s’encombre toujours d’objets inutiles, de lettres enflammées d’admiratrices et de vieux souvenirs, se justifia-t-il, non sans humour. Il faudrait les brûler au fur et à mesure…
    Le géant se dressa sans hâte, les dominant tous d’un pied et demi. D’un revers de main, il était capable d’assommer un homme. Il se tourna vers Brissac :
    — Je m’en vais te suivre, laisse-moi seulement pour quelques nécessités entrer dans mon cabinet.
    — Nous sommes entre gens d’honneur, n’est-ce pas ? Tu ne peux voyager dans cet appareil. Dispose du temps nécessaire et revêts une tenue décente.
    La Tréaumont passa devant le commissaire qui amorça un pas pour le suivre. Brissac l’en dissuada d’un geste et

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