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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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mettra pas à cette besogne. Je n’y suis point habitué. – Je ne l’ai jamais faite – et ne saurais la faire : ça ne m’est pas possible.
    – Tu auras beaucoup de choses à apprendre que tu ne sais pas, avant que j’en aie fini avec toi ! dit Legris. Il prit un nerf de bœuf et le lui cingla à travers les joues : ce premier coup fut suivi d’une grêle d’autres. Là ! dit-il, s’arrêtant pour reprendre haleine ; me diras-tu encore que tu ne saurais le faire ?
    – Oui, maître, reprit Tom, tandis que du revers de sa main il essuyait le sang qui ruisselait le long de son visage. Je suis tout prêt à travailler de nuit comme de jour, à travailler tant qu’il y aura en moi un souffle de vie ; mais, quant à faire ce que je crois n’être pas bien, je ne le ferai pas : je ne le ferai jamais, maître – jamais ! »
    La voix douce de Tom, ses manières habituellement respectueuses avaient fait croire à Legris qu’il serait lâche et facile à dompter. Lorsqu’il proféra ces dernières paroles, un frisson d’épouvante courut parmi les assistants. La pauvre femme joignit les mains, et s’écria : « Ô Seigneur ! » Tous s’entre-regardèrent involontairement, et retinrent leur souffle dans l’attente de l’orage qui allait éclater.
    Legris était stupéfait, confondu : enfin sa rage se fit jour.
    « Comment ! maudite bête noire ! tu oses me dire que tu ne crois pas bien de faire ce que je te commande ! Qu’avez-vous à vous inquiéter, vous autres, damné bétail, de ce qui est bien ? J’y couperai court ! Que croyez-vous donc être ? Tu t’imagines être un monsieur, maître Tom, que tu en veux remontrer à ton maître et lui apprendre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas ! Ainsi tu prétends que c’est mal de fouetter cette fille ?
    – Je le crois, maître, répliqua Tom. La pauvre créature est faible et malade ; ce serait pure cruauté, et c’est ce que je ne ferai jamais ; ni ne commencerai-je. Maître, si vous voulez me tuer, tuez moi ; mais, quant à lever la main contre quelqu’un ici, je ne le ferai pas, jamais, – je mourrai auparavant. »
    Tom parlait avec un calme qui ne laissait aucun doute sur la fermeté de sa décision. Legris tremblait de fureur ; ses yeux verdâtres étincelaient d’un feu sauvage, et le poil de sa barbe se hérissait de colère ; mais, comme une bête féroce qui joue avec sa proie avant de la dévorer, il tenait en bride sa rage et se complaisait à d’amères railleries.
    « Eh bien, voilà, j’espère, un pieux chien lâché à la fin parmi nous autres pécheurs ! – un saint, – un gentilhomme, – pas moins que ça, pour nous prêcher sur nos péchés ! quel miracle de saint ça fait ! Ici, drôle, qui te pique de faire le dévot, ne sais-tu pas qu’il y a dans la Bible : « Serviteurs, obéissez à vos maîtres ! » Suis-je pas ton maître ? n’ai-je pas payé douze cents dollars, en bons écus sonnants, pour tout ce qu’il y a dans ta maudite carcasse noire ? N’es-tu pas à moi, corps et âme ? dit-il, en donnant à Tom un violent coup de pied de sa lourde botte. Réponds ! »
    Plongé dans un abîme de souffrance physique, terrassé sous une brutale oppression, Tom, à cette demande, sentit un rayon de joie et de triomphe traverser son âme. Il se redressa tout à coup, et contemplant le ciel avec ardeur, à travers le sang et les larmes qui se mêlaient sur son visage, il s’écria :
    « Non, non, non ! mon âme n’est pas à vous, maître ! vous ne l’avez pas achetée, – vous ne pouvez pas l’acheter ! Elle a été rachetée et payée par Celui qui a puissance pour la garder ! qu’importe le reste ! vous ne pouvez pas me faire de mal.
    – Ah ! je ne le peux pas ? dit Legris avec un hideux rugissement. Nous allons voir ! Ici, Sambo ! Quimbo ! donnez-moi à ce chien une roulée dont il ne se relèvera pas d’un mois ! »
    Les deux gigantesques nègres qui s’emparèrent alors de Tom, avec une joie démoniaque, semblaient de véritables suppôts de Satan. La pauvre mulâtresse poussa un cri d’effroi, et tous, comme par une impulsion générale, se levèrent, au moment où Tom, qui n’opposait aucune résistance, était traîné hors de la salle par ses bourreaux.

CHAPITRE XXXV

Histoire de la quarteronne.

La force est du côté des oppresseurs : c’est pourquoi j’estime plus les morts qui sont déjà morts, que les vivants qui sont encore

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