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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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nègre : « Il priait tout droit en haut. » Ses paroles surexcitaient tellement la piété des auditeurs, qu’elles finissaient par être étouffées sous la foule d’improvisations qu’elles provoquaient de toutes parts.

    * *

    *
    Tandis que cette scène se passait dans la case de l’oncle Tom, une autre, d’un genre bien différent, avait lieu dans l’habitation du maître.
    Le marchand d’esclaves et M. Shelby étaient de nouveau assis dans la salle à manger, devant une table couverte de papiers. Le premier comptait des liasses de billets de banque, et les poussait à mesure vers le marchand, qui les recomptait à son tour.
    « C’est juste, dit l’homme ; maintenant, signez-moi cela. »
    M. Shelby tira les contrats de vente à lui, et les signa comme un homme qui dépêche une besogne désagréable, puis il les repoussa de l’autre côté de la table avec l’argent. Haley sortit alors de sa valise un parchemin, et, après l’avoir parcouru des yeux, il le tendit à M. Shelby, qui s’en saisit avec un empressement à demi réprimé.
    « Eh bien, voilà qui est fait et fini, dit le trafiquant en se levant.
    – Oui, fait et fini, reprit M. Shelby d’un ton pensif.
    Il respira péniblement, et répéta : fini…
    – Vous n’en avez pas l’air charmé, dit le marchand.
    – Haley, vous vous rappellerez, j’espère, que vous m’avez promis, sur l’honneur, de ne pas vendre Tom sans savoir dans quelles mains il tombera.
    – Vous venez bien de le vendre, vous ?
    – Les circonstances, vous le savez trop bien, m’y obligeaient, dit M. Shelby avec hauteur.
    – Et elles peuvent m’y obliger aussi, moi , reprit le marchand. C’est égal, je ferai de mon mieux pour trouver une bonne niche à Tom. Quant à le maltraiter, vous n’avez que faire de craindre, Dieu merci, par goût, je ne suis pas cruel. »
    L’exposition qu’il avait déjà faite de ses principes d’humanité n’était pas des plus rassurantes ; mais comme le cas ne comportait guère d’autre consolation, M. Shelby laissa partir le marchand en silence, et se mit à fumer solitairement son cigare.

CHAPITRE V

Sensation de la propriété vivante lorsqu’elle change de propriétaire.

Monsieur et madame Shelby étaient rentrés dans leur chambre ; le mari, étendu dans sa large bergère, parcourait les lettres arrivées par le courrier du soir ; debout devant la glace, sa femme démêlait les tresses et les boucles, ouvrage d’Éliza, car frappée de l’air hagard et de la pâleur de la jeune femme, elle l’avait dispensée de son service, et envoyé coucher. En arrangeant ses cheveux, elle se rappela tout naturellement sa conversation du matin, et se retournant vers son mari :
    « À propos, Arthur, lui dit-elle d’un air d’insouciance, qu’est-ce que ce grossier personnage que vous nous avez amené à dîner ?
    – Il se nomme Haley, répliqua Shelby, s’agitant sur son siège, et sans quitter des yeux sa lettre.
    – Haley ? qui est cela ? Qu’a-t-il à faire ici, je vous prie ?
    – Mais… j’ai eu quelques intérêts à démêler avec lui à ma dernière tournée à Natchez.
    – Et il s’en prévaut pour se mettre à l’aise, venir dîner et s’établir ici comme chez lui ?
    – Pardon ; il était invité ; j’ai un compte à régler avec l’homme.
    – Serait-ce un marchand d’esclaves ? demanda madame Shelby, en observant dans les manières de son mari une nuance d’embarras.
    – Bah ! qui vous met pareille idée en tête, ma chère ? et cette fois Shelby leva les yeux.
    – Rien. Seulement, cette après-dînée Éliza m’est arrivée tout en larmes, criant, se lamentant. Ne prétendait-elle pas que vous étiez en marché, et qu’elle avait entendu un trafiquant d’esclaves vous faire des offres pour son Henri ? Quelle absurdité !
    – Vrai !… elle l’a entendu ? reprit M. Shelby toujours absorbé dans ses lettres, bien qu’il les tint sens dessus dessous. – Puisqu’il en faudra venir là, se disait-il à lui-même, mieux vaut en finir tout de suite.
    – J’ai dit à Éliza, pour sa peine, continua madame Shelby brossant toujours ses cheveux, qu’elle n’était qu’une petite folle, et que vous n’aviez rien à démêler avec gens de cette sorte. Certes, je sais assez que de la vie vous ne songeriez à vendre un des nôtres, et surtout à pareille espèce !
    – Fort bien, Émilie, j’ai parlé, j’ai pensé comme vous. Mais le

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