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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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salutaires influences, Cassy devient une pieuse et tendre chrétienne.
    Il s’était à peine passé deux jours, que madame de Thoux, mettant son frère au fait de ses affaires personnelles, offrait de partager avec la famille de Georges la fortune considérable et indépendante que lui avait laissée son mari.
    « Oh ! chère Émilie, lui répondit son frère, donne-moi ce que j’ai toujours désiré par-dessus tout, une bonne et complète éducation, et je me charge du reste. »
    Après mûre délibération, il fut décidé que la famille tout entière se rendrait en France. Ils partirent, emmenant avec eux Emmeline. Celle-ci ayant, dans la traversée, gagné le cœur du second du navire, devint sa femme peu après leur arrivée au Havre.
    Georges suivit quatre ans à Paris les cours de l’université avec un zèle assidu. Il prit des maîtres, et son éducation se compléta de façon à faire de lui un homme tout à fait supérieur. Les troubles politiques survenus en France à cette époque décidèrent le retour de la famille en Amérique. Ce que l’instruction et la fréquentation des hommes lettrés apportèrent de maturité dans les sentiments et les vues de Georges se fera mieux comprendre par les fragments d’une lettre qu’il écrivit à cette époque à un de ses amis :
    « Je me sens fort combattu quant à mes plans d’avenir. Il est vrai que je puis, comme vous m’y engagez, faire partie de la société des blancs de ce pays. Le mélange de couleur, chez moi à peine perceptible, disparaît tout à fait pour ma femme et mes enfants. Il ne tient donc qu’à moi de me faire passer pour un blanc ; mais, à vous parler vrai, je ne le souhaite point.
    « Mes sympathies ne sont pas pour la race de mon père. Qu’étais-je pour lui ? Ce qu’est un beau chien, un beau cheval, peut-être. Pour ma pauvre chère mère, j’étais un fils, et sa race est la mienne. Jamais je ne l’ai revue depuis la cruelle vente qui nous sépara : elle est morte sans m’embrasser ; mais je sais, je le sais par mon propre cœur, jusqu’au bout elle m’a chèrement aimé. Quand je songe à ce qu’elle a souffert, aux angoisses de mon enfance et de ma première jeunesse, au désespoir, aux luttes de mon héroïque femme, de ma sœur vendue dans un marché d’esclaves à la Nouvelle-Orléans, – sans manquer de charité chrétienne, je l’espère, je puis dire que je ne souhaite nullement passer pour être Américain, et que je n’adopte point l’Amérique pour patrie.
    « C’est à la race opprimée, réduite en esclavage, c’est à la race africaine que je me rallie de toute l’énergie de mes affections. Loin de désirer m’en éloigner en perdant toute trace de couleur, je me souhaiterais d’une teinte plus sombre, afin de me rapprocher d’elle.
    « Toutes mes sympathies, toutes les ardeurs de mon âme sont pour une nationalité africaine. Je veux rentrer dans un peuple ostensiblement séparé des autres peuples. Où le chercher ? Pas dans Haïti. Partis de bas, ces hommes ne sauraient s’élever. Le fleuve ne remonte pas au-dessus du niveau de sa source. La race qui forma le peuple haïtien était molle, efféminée, et pour que ceux qu’elle tenait assujettis se régénèrent, il faudra des siècles.
    « Où regarder alors ? Sur les rives de l’Afrique, je vois une république formée d’hommes choisis partout, élevés pour la plupart au-dessus de sa condition d’esclave à force d’énergie individuelle, dont l’intelligence s’est formée, s’est éclairée, toujours grâce à des efforts personnels. Cette république a traversé des temps de faiblesse et d’épreuve ; elle est arrivée à se faire reconnaître sur la surface du globe. – Elle est avouée par la France, par l’Angleterre. – Là j’irai, là est mon peuple.
    « N’allez pas tous vous récrier, attendez ; avant de me jeter la pierre, écoutez-moi. Durant mon séjour en France, j’ai étudié avec un intérêt profond l’histoire de ma race captive en Amérique ; j’ai suivi les opinions, observé les débats entre les colonisationnistes et les abolitionnistes [50] . Spectateur à distance, j’ai pu me former une opinion qui serait peut-être autre si j’avais pris part à la lutte.
    « Je ne nierai pas que la colonie de Libéria n’ait servi d’instrument à toute sorte de desseins contre nous ; qu’elle n’ait été une arme dans les mains de nos oppresseurs ; qu’elle n’entre dans

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