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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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ses plans, et jetant ses deux bras autour du cou de Georges ; « Ô Georges ! s’écrie-t-elle, ne me reconnais-tu pas ? Je suis ta sœur Émilie ! »
    Cassy, demeurée assise avec plus de tenue et de calme, se préparait à jouer de son mieux son personnage, lorsque la petite Éliza lui apparut sous les traits, la taille, toute l’apparence de sa fille si longtemps perdue et pleurée, et secouant sur sa petite tête ronde les mêmes boucles flottantes. La petite espiègle épiait la figure de la dame avec de grands yeux curieux. Cassy n’y tint pas, elle la saisit, l’enleva et la pressa contre sa poitrine en criant, ce qui, dans l’émotion du moment, lui semblait réel : « Ma chérie, je suis ta mère ! »
    C’était en vérité chose difficile que de remettre tout en ordre et de tranquilliser chacun. Ce ne fut pas sans peine que le digne pasteur y arriva. Enfin, il put débiter le discours qui devait ouvrir la séance, et réussit de façon à satisfaire tout orateur ancien ou moderne, car l’auditoire entier fondit en larmes.
    Tous s’agenouillèrent, et l’excellent homme prononça la prière pour tous. – Il est des sentiments si agités, si tumultueux qu’ils ne peuvent trouver de repos qu’en s’épanchant au sein de l’Éternel, source de tout amour. – En se relevant, frère, sœur, mère et fille si inopinément retrouvés, s’embrassèrent avec des élans de reconnaissance pour ce Dieu qui, au travers de tant de souffrances, de tant de périls, et par de si obscures voies, les réunissait enfin.
    Les notes recueillies par un missionnaire du Canada abondent en histoires plus merveilleuses que les fictions les plus romanesques. En peut-il être autrement sous un état de choses qui lance les familles dans toutes les directions, comme un vent d’orage disperse les feuilles d’automne ? Semblable aux rives éternelles, ce pays de refuge réunit souvent, dans une commune allégresse, ceux qui, durant de longues années, se sont pleurés l’un l’autre, se croyant à jamais perdus. Rien de plus touchant que l’ardeur inquiète avec laquelle on accueille chaque arrivant qui peut apporter quelques nouvelles de mères, de sœurs, d’enfants, de femmes perdus encore dans les sombres limbes de l’esclavage.
    Il se fait des actes d’héroïsme au-dessus de toutes les fictions romanesques, lorsque, défiant les tortures et bravant la mort, le fugitif, sauvé une première fois, retourne volontairement s’exposer à tous les périls de ces lieux de ténèbres, pour en arracher une mère, une sœur, une épouse !
    Un jeune homme, dont un missionnaire nous racontait l’histoire, deux fois repris, déchiré de honteux coups de fouet pour son héroïsme, s’est échappé de nouveau, et, dans une lettre que nous entendions lire, parle de retourner à tout risque pour tenter de délivrer sa sœur. Cet homme est-il, à votre avis, un criminel ou un héros ? Pour sauver votre sœur n’en feriez-vous pas autant ? et le pouvez-vous blâmer ?
    Revenons aux amis que nous avons laissés essuyant leurs larmes et cherchant à reprendre haleine au milieu des transports d’une joie trop vive et trop inattendue. Les voilà réunis autour d’un riant couvert, et devenus vraiment sociables et de bonne compagnie. Cassy seulement, la petite Éliza sur ses genoux, ne se peut modérer et la serre souvent avec transport. La petite espiègle étonnée la regarde, et ne comprend pas que la dame refuse de se laisser étouffer à force de gâteaux, que l’enfant persiste à lui fourrer dans la bouche ! et lorsque Cassy affirme avoir enfin trouvé ce qu’elle aime mieux que tous les gâteaux et bonbons, la petite fixe sur elle de grands yeux tout surpris.
    Deux ou trois jours ont rendu Cassy méconnaissable. Son expression de farouche désespoir a fait place à l’air d’une douce et tendre confiance ; elle semble se fondre tout doucement dans la famille et s’empare des enfants comme d’un bien longtemps convoité. Son affection déborde sur la petite, plus que sur sa propre fille. Dans l’enfant, elle voit l’image ni parfaite de celle qu’elle avait perdue. La petite créature, entre sa grand’mère et sa mère, est comme une chaîne fleurie, un lien de sympathie et d’affection. La ferme et solide piété d’Éliza, que la lecture constante de la sainte parole a nourrie, la rend un excellent guide pour l’esprit inquiet et fatigué de sa pauvre mère, et bientôt, soumise à tant de

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