La chance du diable
l’armée de terre allemande. C’est une minuscule bande d’éléments criminels qui vont être maintenant éradiqués sans merci.
J’ordonne donc à cet instant :
1. Qu’aucune autorité civile n’accepte d’ordre de quelque organisme que ces usurpateurs cherchent à contrôler.
2. Qu’aucune autorité militaire, aucun chef de troupes, aucun soldat ne doit obéir à aucun ordre de ces usurpateurs ; que tout le monde est au contraire tenu d’arrêter sur-le-champ quiconque transmet ou donne un ordre de ce genre ou, en cas de résistance, de l’éliminer immédiatement.
Afin d’établir l’ordre, j’ai nommé le Reichsminister Himmler commandant de l’Armée de l’intérieur. J’ai appelé le colonel général Guderian à l’état-major général afin de remplacer le chef de l’état-major général qui s’est actuellement retiré pour cause de maladie. Pour l’assister, j’ai nommé un second chef aguerri du front est.
Rien n’est changé dans aucune autre administration du Reich. Je suis convaincu qu’avec la disparition de cette minuscule clique de traîtres et de conjurés nous créons enfin à l’arrière, à l’intérieur, l’atmosphère dont les combattants du front ont besoin. Car il est impensable que sur le front des centaines de milliers et des millions d’hommes braves se donnent tout entier alors qu’ici, à l’intérieur, une petite bande de créatures ambitieuses et pitoyables s’efforce de circonvenir en permanence cette attitude. Cette fois, nous allons régler des comptes, comme nous autres nazis sommes habitués à le faire.
Je suis convaincu qu’en cette heure tout officier digne, tout soldat brave le comprendra.
Quelques-uns seulement peuvent peut-être imaginer le destin qui eût été celui de l’Allemagne si le complot avait réussi. Je remercie la Providence et mon créateur, mais pas de m’avoir préservé. Ma vie n’est que souci, que travail au service de mon peuple. Mais je le remercie plutôt de m’avoir permis de continuer à porter ces soucis et de poursuivre mon travail aussi bien que je le peux au regard de ma conscience.
Tout Allemand, quel qu’il soit, a le devoir de combattre ces éléments à tout prix, soit les arrêter tout de suite, soit, s’ils offrent une forme ou une autre de résistance, les éliminer immédiatement. Des ordres ont été donnés à toutes les troupes. Ils seront exécutés aveuglément, avec l’obéissance que connaît l’armée allemande.
Je puis vous saluer une fois de plus en particulier, vous, mes vieux camarades de combat, en ce qu’il m’a été donné d’échapper à nouveau à un destin qui n’avait rien de terrible en soi pour moi, mais qui aurait valu l’horreur au peuple allemand.
J’y vois aussi un signe de la Providence qui m’appelle à continuer mon travail, et je vais donc le continuer.
9 Discours de Jodl, 24 juillet 1944
Dans son discours à divers officiers de l’état-major opérationnel, qu’il dirigeait, le général Jodl (1890-1946), principal conseiller militaire de Hitler, reconnut que le complot jouissait de soutiens plus larges qu’il ne l’avait d’abord imaginé et en parla comme d’un jour de honte pire encore que le 9 novembre 1918, le jour de la Révolution, à la fin de la Première Guerre mondiale, qui s’était gravée dans la psyché des dirigeants nazis.
Le 20 juillet a été le jour le plus noir que l’histoire allemande ait connu à ce jour, et peut-être le restera-t-il à jamais. Jusque-là, cela avait été le 9 novembre 1918. Mais, en comparaison de ce qui vient de se produire, le 9 novembre a presque été un jour d’honneur. Car, pour excuser le 9 novembre, on peut plaider qu’une portion du peuple allemand qui avait été formée contre l’État et n’entretenait aucune relation avec lui s’est lancée dans une révolution. Même au regard de la trahison italienne de l’année dernière, on peut affirmer que les personnalités dirigeantes exécutaient un ordre du chef de l’État. Ainsi ces différents cas ne sont-ils pas comparables à l’acte du 20 juillet. Il est l’œuvre d’officiers qui étaient liés par leur serment d’allégeance, qui allaient et venaient au quartier général du Führer, constamment, étaient autorisés à serrer la main du Führer, et avaient été promus par lui. Sauf en Russie et au Mexique, on n’avait encore probablement jamais vu dans le monde entier une chose pareille. Elle
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