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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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non...
    — Y est revenu...
    « Ouf, au moins, il est vivant. »
    — Pis... y s’est remarié...
    Elzéar essayait d’analyser ce que son frère laissait échapper par bribes. Il
     déposa la fourche et, un genou à terre, l’éclaira de plus près.
    — Que c’est que t’as marmonné ? Le père s’est remarié ?
    — Oui… Avec ma Rolande !
    Les pleurs de Jean-Marie redoublèrent d’intensité.
    — Quoi ? Quelle Rolande ? Matante Rolande ?
    Jean-Marie grommela un autre oui. Le jeune frère se redressa. Il hésita, puis
     avec un haussement d’épaules abandonna son frère à son ivresse. Elzéar rentra à
     la maison en pensant à sa mère. Elle lui manquait terriblement et sa tante
     Rolande ne lui arrivait pas à la cheville. Mais si cela pouvait rendre son père
     un peu plus de bonne humeur, pourquoi pas ! Non, vraiment, il ne comprendrait
     jamais son frère… Jean-Marie faisait toujours des drames pour pas
     grand-chose !

    Jean-Marie laissa une courte note disant qu’il était parti aux États-Unis, pas
     plus. On ne se rendit compte de son absence que le matinsuivant
     l’arrivée de Rolande. Ti-Georges fut un peu surpris, puis décréta qu’il ne
     voulait plus entendre le nom de Jean-Marie dans sa maison. Son fils l’avait
     abandonné, alors on allait le considérer comme mort. Léonie se douta un peu de
     la raison. Elle avait surpris le regard blessé de l’adolescent lorsque
     Ti-Georges avait annoncé son remariage. Elle pria longuement pour que le fils de
     son neveu retrouve la paix de l’esprit. Après une longue conversation avec son
     confident, le curé Duchaine, elle prit la décision de laisser les nouveaux
     mariés tranquilles. Sa mission à Saint-Ambroise était terminée. Elle retournait
     vivre à Montréal. Si jamais monsieur Morin lui démontrait encore un peu
     d’intérêt, qui sait, peut-être que cette fois, elle ne le repousserait pas.
     Peut-être était-ce la raison de son retour à la ville ? Qui sait… Les voies de
     Dieu sont impénétrables…

    Un homme heureux, voilà ce qu’était Ti-Georges. Il avait retrouvé avec une
     indicible jouissance le chemin qui mène au creux d’une femme. L’homme est fait
     pour avoir une compagne dans la vie et dans son lit. Mais que Dieu lui pardonne,
     jamais Marguerite ne lui avait autant échauffé les sangs que cette deuxième
     épouse. Marguerite, au lit, était comme un morceau de bois mort. Comme un de
     ceux que Ti-Georges retrouvait immanquablement lorsqu’il avait besoin de marcher
     sur la grève du lac quand il habitait sur la Pointe. Ce bois était lisse et
     doux, ni chaud ni froid. Elle restait couchée sur le dos à attendre qu’il ait
     terminé en pressant un mouchoir parfumé sur son nez, geste qu’il n’avait jamais
     compris. Il se rendit compte que son mariage avec Marguerite n’avait pas
     comporté de réel amour. Cela avait été une relation empreinte seulement de
     respect pour la mère de ses enfants. Avec Rolande, il sut ce qu’était la
     passion, celle qui chavire l’esprit et le corps, qui transporte dans un univers
     insoupçonné de sensations qui font perdre tout contrôle de sa propre personne…
     Lapremière fois, il s’était couché sur elle, dans la seule
     position qu’il connaissait. Il s’était étendu tout doucement pour ne pas la
     brusquer. Il la sentait craintive, apeurée. Tout à coup, il s’était traité de
     fou, qu’il était beaucoup trop vieux pour elle. Il avait regretté la folie qui
     l’avait pris d’aller lui demander sa main. D’aller expliquer au curé de là-bas
     l’urgence de sa situation. Un pauvre veuf laissé avec des enfants en bas âge… Et
     une belle-sœur, veuve elle aussi, avec un petit bébé à sa charge. Tous avaient
     été d’accord que c’était là la solution idéale et on avait fait exception à tout
     afin de les marier rapidement. Il avait plongé ses yeux dans ceux de sa nouvelle
     épouse et lui avait fait un sourire d’excuse. Il s’était rappelé qu’il ne lui
     avait pas forcé la main, qu’au contraire, elle avait accueilli sa demande avec
     surprise mais aussi un réel empressement. Il avait caressé la douce joue de
     Rolande et s’était mis à jouer avec une mèche de ses longs cheveux noirs.
     Rolande avait essayé d’être courageuse et lui avait souri en retour, étonnée que
     son mari lui offre ces marques d’affection, elle qui n’avait connu que
     l’agression et la

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