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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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de Mathieu lorsqu’on était venu le reconduire dès son mini-récital terminé. Elle
     avait préparé, pour souligner l’événement, un gros gâteau que les frères et
     sœurs avaient partagé. Elle avait essayé de questionner Mathieu, s’informant
     comment s’était passé sa prestation. Il s’était contenté de répondre qu’il avait
     fait une erreur à un passage.
    — C’est pas ben grave, mon chou, lui avait dit sa tante.
    Il l’avait regardée comme si elle avait dit la plus grosse énormité qu’il ait
     entendue. Après avoir couché les cinq enfants, Marie-Ange avait mis la maison en
     ordre et préparé sa réception.
    Ses invités arrivèrent un peu après minuit. Il était temps ! Marie-Ange dormait
     debout et s’était surprise à ronfler un peu, assise dans la chaise berçante. En
     entendant du bruit à la porte d’entrée, elle s’efforça de refouler un bâillement
     et « de se remettre les yeux dans les bons trous ». Le petit groupe s’installa
     au salon et, sans attendre, Marie-Ange leur servit les agapes préparées à
     l’avance. Monsieur Morin offrit des cigares aux hommes et cela ne prit guère de
     temps avant qu’un nuage à l’odeur épicée ne plane dans la pièce. Henry avait
     apporté du champagne et fit sauter le bouchon. Ils purent causer à leur goût.
     Évidemment, Julianna raconta en détail toute la soirée et décrivit les robes des
     participantes, critiquant certaines, vantant d’autres, et n’eut de cesse de
     revenir sur la performance de Mathieu. Elle en était si fière. François-Xavier
     trouvait Julianna lassante mais il ne disait mot. Il s’était royalement ennuyé
     pendant toute la durée du bal. Il ne savait pas danser ces valses et autres pas
     compliqués, ses souliers vernis lui avaient blessé les pieds et tout ce
     bavardage autour de lui était pour lui si insignifiant. Que son fils joue bien
     du piano, ce n’était pas cela qui en ferait un homme... Il accepta le verre dechampagne que Henry lui tendait. L’avocat avait semblé si à
     l’aise, lui, évoluant dans cette sphère guindée de la société comme si c’était
     la chose la plus naturelle du monde.
    Marie-Ange plongea le nez dans sa flûte de champagne et le huma d’un air
     méfiant. Elle n’avait jamais bu de cet alcool. Elle y trempa le bout des lèvres
     et aima ce goût sucré. Elle était bien contente d’avoir pensé à organiser cette
     petite fête. Évidemment, elle se serait passée de la présence de monsieur Morin,
     mais Léonie avait insisté pour l’inviter. Marie-Ange prit une autre gorgée du
     pétillant breuvage. Elle s’en faisait trop. Après tout, un rat se chassait à
     coup de balai…
    On parla un peu de tout, de la politique, de la crise, de la femme Dionne, en
     Ontario, qui avait donné naissance à cinq filles au mois de mai dernier, des
     quintuplées.
    — Des quoi ? s’étonna Marie-Ange.
    — Cinq bébés d’un coup, on appelle ça des quintuplés, expliqua Henry. Je l’ai
     lu dans le journal.
    — Mais ça se peut juste pas ! Ta feuille de papier, a parle à travers son
     chapeau !
    On revint sur l’encan de Ti-Georges et sur son récent mariage. Henry expliqua
     de long en large à monsieur Morin les ficelles de leur plan. Albert les
     complimenta sur le dénouement et redit à tous à quel point il admirait Léonie
     d’avoir ainsi aidé son neveu.
    — Madame Léonie, disait Albert, est d’une telle générosité envers son prochain.
     Une chance que je tiens les cordons de la bourse du magasin car on aurait fait
     faillite il y a longtemps.
    Il se mit à rire d’une drôle de façon. Marie-Ange se dit que cela n’avait
     certainement pas fait l’affaire du gérant que Léonie donne de l’argent à
     Ti-Georges l’été dernier.
    Avec son beau parler et ses manières distinguées, monsieur Morin était
     l’élégance même. Tiré à quatre épingles, longiligne, arborant une fine
     moustache, il dégageait l’assurance d’un homme qui possède de l’argent. Léonie
     rougit un peu. Toute la soirée, le gérant avaitmultiplié les
     compliments à son égard. C’en était même un peu trop. Elle sourit poliment à
     Albert et celui-ci s’enorgueillit. Plus la soirée avançait, plus monsieur Morin
     démontrait de l’attention à sa patronne. Depuis le retour de celle-ci, le gérant
     avait bien ressenti le changement chez la femme. Il ne laisserait certainement
     pas passer cette nouvelle

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