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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le Gardien avait, lui aussi, vérifié une à une les possessions des victimes pour s’assurer qu’il ne restait rien de suspect. Les biens d’Ascham s’avérèrent sans intérêt et Corbett était sur le point d’abandonner ceux de Passerel quand il découvrit une petite sacoche contenant du matériel d’écriture. Il l’ouvrit et dispersa sur le plancher les fragments et les morceaux de parchemin qu’elle recelait. Quelques-uns étaient vierges, sur d’autres étaient gribouillées différentes listes de provisions ou d’articles professionnels. Un rollet établissait l’addition des dépenses que Passerel avait assumées pendant un voyage à Douvres. Un autre relevait les gages des valets de l’hostellerie et du collège. Sur quelques-uns étaient griffonnés des mots et l’un d’entre eux retint tout particulièrement l’attention de Corbett. Passerel y avait tracé «  Passera », « Passera » à plusieurs reprises.
    — Qu’est-ce que cela veut dire ? murmura le magistrat en se remémorant le message qu’avait laissé Ascham en mourant.
    Passerel faisait-il des calembours sur son nom ? Passera signifiait-il quelque chose ? Corbett remit les morceaux de parchemin à leur place, referma les deux coffres et rabattit les fermoirs. Il regagna le réfectoire et suivit le couloir jusqu’à la bibliothèque. La porte en étant entrouverte, il la poussa et entra sans bruit. L’homme qui lui tournait le dos, installé à une table, était si absorbé par sa lecture qu’il ne se retourna que lorsque Corbett fut arrivé derrière lui. Son capuchon glissa et ses mains cherchèrent à recouvrir rapidement ce qu’il lisait.
    — Eh bien, Messire Appleston, sourit Corbett pour s’excuser, je ne voulais pas vous faire peur.
    Appleston referma d’un geste prompt le volume et se tourna sur son tabouret pour faire face au magistrat.
    — Sir Hugh, j’étais... hum... vous souvenez-vous de ce qu’a dit Abélard ?
    — Non, je crois bien que non.
    — Il a dit qu’un livre était un endroit de choix pour perdre son âme.
    Corbett leva la main.
    — Dans ce cas, Messire Appleston, puis-je voir celui dans lequel vous étiez si profondément plongé ?
    Appleston soupira et le lui tendit. Corbett l’ouvrit, faisant craquer les pages raides en le feuilletant.
    — Inutile de vous conduire en inquisiteur, déclara Appleston.
    Le magistrat continua de consulter le volume.
    — Les théories de Montfort m’ont toujours intéressé : «  Quod omnes tangent ab omnibus approbetur. »
    — Ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tous, traduisit Corbett. Et pourquoi cet intérêt ?
    — Oh, je pourrais mentir, rétorqua Appleston, et dire que les théories politiques m’intéressent, mais je suis sûr que les espions de la Cour ou les ragots de la ville vous ont déjà informé.
    Il se leva et se redressa.
    — Je m’appelle Appleston, ce qui était le nom de ma mère. C’était la fille du bailli d’un des manoirs de Montfort. Le célèbre comte, c’est du moins ce qu’elle m’a narré, tomba amoureux d’elle. Je suis leur enfant.
    — Et en êtes-vous fier ?
    Il observa le visage mat et carré, les pattes-d’oie aux coins des yeux et se demanda si cet homme, d’une certaine façon, était un reflet exact de son père.
    — J’ai posé une question.
    — Bien sûr que je le suis, déclara Appleston en effleurant l’irritation à la commissure de ses lèvres. Il ne se passe pas un jour sans que je prie pour le repos de l’âme de mon père.
    — Concedo. C’était un grand homme, mais c’était aussi un traître à son roi.
    —  Voluntas principis habet vigorem legis ,railla Appleston .
    — Non, je ne le crois pas, répliqua Corbett. Ce n’est pas parce que le roi veut quelque chose que ce désir devient loi. Je ne suis pas un théoricien, Messire Appleston, mais je connais les Évangiles : Nul ne peut servir deux maîtres – un royaume ne peut avoir deux rois.
    — Et si Montfort avait triomphé ?
    — Si Montfort avait triomphé et si les Communes, avec le Seigneur spirituel et le seigneur temporel, lui avaient offert la Couronne, alors moi, et des milliers d’autres, aurions plié le genou. Ce qui m’intéresse, Messire Appleston, ce n’est pas Montfort, mais le Gardien.
    — Je ne suis pas un félon, répliqua Appleston. Bien que j’étudie les écrits de mon père depuis l’enfance.
    — Comment se fait-il qu’un membre de la famille de

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