La chasse infernale
nez.
— Mais je crois que ceci est de la craie ou de la farine finement broyée et que c’est sans aucun danger.
Churchley lui arracha presque la cuillère des mains et, s’armant de courage, prit un peu de poudre qu’il mit sur le bout de la langue. Puis il s’essuya les lèvres à l’aide d’une toaille.
— C’est de la farine finement moulue ! s’exclama-t-il.
— Qui garde les clés ? demanda Corbett.
— Eh bien, moi, dit Churchley, tout agité. Mais, Sir Hugh, vous ne me suspectez certainement pas, n’est-ce pas ?
Il s’éloigna de la flaque de lumière comme pour se dissimuler dans l’ombre.
— Il pourrait y avoir d’autres clés, se justifia-t-il. Et, à Sparrow Hall, nous ne verrouillons et ne fermons pas toutes nos chambres. Ascham, là-dessus, faisait exception. N’importe qui pourrait pénétrer dans ma chambre et s’emparer des clés. Le collège est souvent désert, expliqua-t-il d’une voix précipitée.
— Quelqu’un est venu ici, remarqua Corbett en reposant la cuillère sur la table, et a prélevé suffisamment d’arsenic blanc pour tuer le pauvre Langton. Quelqu’un qui connaissait votre système, Messire Churchley.
— Mais tout le monde le connaît ! bafouilla ce dernier.
— Il a rempli le pot de farine, ajouta le magistrat.
— Mais qui ?
Corbett s’essuya les doigts sur sa chape.
— Je l’ignore, Messire Churchley.
Il montra la pièce.
— Mais Dieu seul sait ce qui manque encore.
S’approchant, il perçut la peur dans les yeux de son interlocuteur.
— Je me demande ce qu’on a volé d’autre, Messire Churchley.
Il fit demi-tour et se dirigea vers la porte.
— Si j’étais un des maîtres de Sparrow Hall, lança-t-il par-dessus son épaule, je ferais très attention à ce que je mange et à ce que je bois.
CHAPITRE VIII
Ce fut un Churchley préoccupé qui ferma la porte de l’officine et suivit Corbett dans la galerie.
— Sir Hugh, gémit-il, voulez-vous insinuer que nous sommes tous en danger ?
— Oui, je le crois. Je vous conseille très fortement de tout examiner avec scrupule pour voir si d’autres poudres manquent.
Le magistrat s’arrêta en haut de l’escalier.
— Qui est chargé de l’intendance depuis la mort de Passerel ?
— Moi.
— Est-il possible de fouiller dans les biens personnels d’Ascham et de Passerel ?
Churchley fit la grimace.
— Je le dois, insista Corbett. N’oubliez pas, Messire, que nous courons tous un risque. Il se peut que je découvre quelque chose.
Churchley, grommelant dans sa barbe et désireux de retourner à son herboristerie, conduisit son visiteur en bas de l’escalier. Ils passèrent devant le petit réfectoire à l’arrière du bâtiment. Churchley ouvrit une porte et introduisit Corbett dans la resserre, grande salle voûtée pleine de coffrets avec des liasses de parchemins, de l’encre et des vélins rangés sur des étagères ; plus loin, il y avait des seaux de charbon et des barriques de malvoisie, de vin et de bière.
Churchley entraîna Corbett au bout de la pièce et ouvrit deux grands coffres.
— Les possessions de Passerel et d’Ascham sont ici, déclara-t-il. Ils n’avaient pas de famille – personne à proprement parler. Une fois que la Chancellerie aura vérifié leurs testaments et fait l’inventaire de leurs biens, je suppose que le collège en héritera.
Corbett acquiesça et s’agenouilla près des coffres. Il sourit en se souvenant de sa propre expérience de clerc de la Chancellerie, quand il devait voyager de manoir en abbaye pour certifier le bien-fondé d’un legs ou ordonner que l’on débloque argent et biens. Il commença à fouiller. Le mire grommela quelque chose à propos d’autres activités qui l’attendaient et laissa Corbett se débrouiller. Une fois que le bruit des pas de Churchley se fut évanoui, le magistrat s’aperçut à quel point, le collège était calme. Il maîtrisa un frisson de malaise et alla fermer et verrouiller la porte avant de reprendre sa tâche. Il passa au crible les deux coffres, examinant vêtements, ceintures, baudriers, un petit livre d’heures relié en veau, coupes, hanaps, plats d’étain et gobelets à bord doré, tout ce que chacun des hommes avait amassé au fil des ans. Corbett avait assez d’expérience pour comprendre que ce qui n’était pas de fait inscrit dans les testaments d’Ascham ou de Passerel avait déjà été enlevé. Il était également certain que
Weitere Kostenlose Bücher