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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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tout le poids du blessé. Il ramassa le sabre ensanglanté tombé par terre
et le tint de façon que la poignée à tête de loup soit visible de tous.
    — N’a-t-il pas gagné le droit de porter cette lame, seigneur ?
    Les guerriers manifestèrent leur approbation en beuglant et
en frappant la palissade. Gengis ne montrait rien de ce qu’il ressentait.
    Jelme attendait une réponse. Dans la tête du khan, les
pensées tournoyaient, la fierté se mêlant à l’irritation. Lui aussi avait cru
que Djötchi mourrait et il n’avait pas prévu cette issue. Son mal de crâne le
torturait de plus belle et il avait un goût aigre dans la bouche. Finalement, il
acquiesça de la tête et Jelme s’inclina avant de retourner auprès de Djötchi.
    En pressant les doigts inertes du jeune guerrier sur la
poignée du sabre, il lui glissa à l’oreille :
    — Ils s’en souviendront, mon garçon.
    Djötchi ne donna aucun signe qu’il avait entendu et Jelme se
rendit compte qu’il était évanoui.
    — Il risque encore de succomber à ses blessures, dit Süböteï.
    — Sa vie est entre les mains du père ciel, répondit
Jelme. Ce qui compte, c’est qu’il a affronté cette bête. Aucun de ceux qui l’ont
vu ne l’oubliera.
    En parlant, il se tourna de nouveau vers Djaghataï mais le
visage amer avait disparu. Le général passait de nouveau le bras sous l’aisselle
de Djötchi quand des voix s’élevèrent à l’extérieur du cercle. Gengis avait
lancé un ordre d’un ton abrupt dans l’obscurité et la foule s’agitait autour d’un
point invisible pour ceux qui se tenaient dans l’arène. Le khan leva une main
en direction de Jelme pour lui signifier de rester où il se trouvait avec Süböteï
et son fardeau.
    Djaghataï réapparut, poussé en avant par des guerriers. Tous
avaient entendu la promesse qu’il avait faite et Gengis ne semblait pas disposé
à le laisser se fondre dans la nuit. Sans le regarder, son père lui murmura un
ordre. Le jeune garçon rougit, escalada la palissade. Jelme et Süböteï le
virent sauter à l’intérieur du cercle et s’approcher d’eux. Un homme plus âgé
aurait peut-être su se comporter avec grandeur et aurait reçu sa part d’honneur
en reconnaissant qu’il avait perdu. Djaghataï n’était pas assez habile pour
retourner la situation à son avantage. Tremblant de fureur et d’humiliation, il
se tenait devant son frère sans connaissance.
    Silencieux, il leva les yeux vers son père mais il n’y eut
pas de rémission. Djaghataï plia brièvement le genou ; la foule explosa en
acclamations et en huées. Il se redressa, retourna lentement à la palissade et
accepta la main qu’on lui tendait pour l’aider à repasser de l’autre côté.
    Jelme hocha la tête et soupira :
    — C’est toi qui as eu le meilleur fils à former.
    — J’espère que le khan le sait, répondit Süböteï.
    Les deux hommes échangèrent un regard entendu avant de faire
venir quelques hommes pour écorcher le tigre. Sa chair nourrirait le plus grand
nombre possible de guerriers qui pousseraient entre leurs lèvres des morceaux
de viande à demi brûlés. Tous voulaient acquérir la vitesse et la férocité d’un
tel animal. Jelme se demanda si Djaghataï en mangerait ce soir ou s’il se
contenterait de remâcher sa colère.

 
6
    Trois jours s’écoulèrent avant que Gengis vienne voir Djötchi.
Après la nuit de ripaille qui avait suivi le combat, presque tout le camp avait
dormi et Gengis ne s’était levé que pour vomir pendant une journée et une autre
nuit. Il avait fallu un jour de plus pour ramener l’ost sur les rives de l’Orkhon.
Le camp de Jelme avait parfaitement convenu pour célébrer les exploits d’Arslan,
mais le bétail et les chevaux avaient besoin d’eau et d’herbe verte. Avec sa
vitalité habituelle, Gengis s’était rétabli pendant le voyage bien qu’il eût
les entrailles encore dérangées alors qu’il se tenait devant la yourte du
chamane Kökötchu. Cela le déprimait de songer qu’autrefois une nuit de sommeil
aurait suffi à le libérer des effets d’une beuverie.
    En pénétrant dans la tente, il découvrit une scène qui lui
rappela la mort de son père. Il avala une salive acide, posa un regard dur sur
la forme étendue dans l’obscurité. Kökötchu, qui était en train de laver Djötchi,
se retourna avec irritation avant de voir qui était l’intrus. Le chamane se
leva et s’inclina devant le khan.
    L’ombre était un

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