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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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te recommande cet homme, Djebe.
    Gengis regarda le nouveau visage, nota la largeur des épaules.
Djebe portait une tunique ouverte sur son torse nu et sa peau rougeâtre luisait
de santé et de graisse de mouton. Même assis, il semblait sur le qui-vive, prêt
à bondir. C’était un guerrier-né et Gengis se sentit vieux en l’observant.
    — Sois le bienvenu dans ma yourte, Djebe. Avec Arslan
pour te recommander, tu seras toujours le bienvenu. Dans les jours qui viennent,
tu seras mis à l’épreuve. Veille à honorer son nom par tes actes.
    — Je n’y manquerai pas, seigneur, répondit Djebe avec
une assurance qui fit sourire Khasar.
    Gengis prit une inspiration et posa les mains sur ses genoux.
Il savait mieux que quiconque que cette réunion de généraux changerait le monde.
    — Quand je vous ai laissés finir le siège de Yenking, j’ai
envoyé des émissaires dans des terres lointaines. Plusieurs ont conclu des
alliances en mon nom et ont rapporté des marchandises ; d’autres ont été
attaqués ou ne sont pas revenus.
    Il marqua une pause mais personne ne parla. Tous retenaient
leur respiration en attendant les ordres de l’homme qui les enverrait dans la
steppe tels des loups en chasse. Tout le camp savait que la guerre approchait
et c’était un plaisir d’être parmi les premiers à connaître les détails.
    — Un groupe est allé dans l’Ouest, à plus de huit cents
lieues. Un seul éclaireur est revenu, le reste s’est fait massacrer. D’abord, je
n’en ai pas fait une affaire. Il n’y a pas si longtemps qu’une bande de
pillards se risquant sur nos terres se serait fait exterminer par la première
tribu tombant sur elle.
    Quelques-uns des hommes les plus âgés acquiescèrent de la
tête tandis que Süböteï et Djebe se rappelaient à peine cette époque.
    — J’ai appris par l’éclaireur que le chef de cette terre
se fait appeler shah Mohammed. Sur les conseils de mon frère…
    Gengis montra Temüge et poursuivit :
    — … j’ai envoyé un groupe de quatre cents guerriers
bien armés mais uniquement pour faire peser une menace. Ils ont gagné la ville
la plus proche, Otrar, ont rencontré le gouverneur. Ils avaient emporté une
lettre de moi pour le shah.
    Le souvenir de l’épisode fit grimacer le khan.
    — Je m’attendais à ce qu’il me livre les coupables ou
qu’il me fasse au moins savoir où ils avaient leur camp. Je l’appelais « bien-aimé
fils », parlais uniquement de commerce et d’amitié…
    Il regarda froidement Temüge jusqu’à ce que celui-ci
détourne les yeux. C’étaient ses conseils qui avaient conduit à ce lamentable
échec.
    — Le bazar d’Otrar est un endroit public. J’avais
envoyé là-bas trois espions pour qu’ils me rapportent comment mes émissaires
étaient traités.
    Il montra brièvement les dents quand la colère monta en lui.
    — Le gouverneur commande une garnison de vingt mille
soldats. Il a fait arrêter mes hommes et a déchiré ma lettre devant la foule.
    Gengis lança un autre regard noir à Temüge.
    — Même alors, je n’ai pas réagi ! J’ai pensé :
Le shah est servi par un imbécile mais je peux encore lui apprendre à marcher
droit. J’ai entendu parler de cités plus grandes qu’Otrar à l’est et j’ai
dépêché trois officiers au shah lui-même, exigeant que le gouverneur me soit
livré et mes hommes libérés… Là encore, j’ai été traité par le mépris.
    Son visage s’était empourpré et les hommes présents dans la
yourte sentirent leur cœur battre plus vite.
    — Le shah Mohammed m’a renvoyé leurs têtes, reprit
Gengis en serrant lentement le poing droit. Je ne suis pas la cause de ces
troubles et j’ai prié le père ciel de me donner la force d’exercer ma vengeance.
    On entendit une voix d’homme crier au loin et plusieurs
généraux sursautèrent.
    — C’est Djötchi, expliqua le khan d’un ton satisfait. Mon
chamane s’occupe de ses blessures.
    Il regarda son fils Djaghataï, qui bredouilla une question :
    — Viendra-t-il avec nous ?
    — Il a tué le tigre devant le peuple, répondit Gengis, dont
le regard se durcit en revoyant Djaghataï plier le genou. S’il survit, il aura
sa place parmi nous tout comme toi. Nous traverserons les montagnes de l’Altaï
à l’ouest et montrerons à ces hommes du désert qui ils ont choisi d’insulter.
    — Et les terres jin ? demanda Khasar. Il se trouve
au sud des cités plus riches que toutes celles que nous

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