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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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mais
Gengis avait voulu que tous puissent assister au combat et Jelme avait utilisé
des chariots pour former un autre cercle extérieur sur lequel les guerriers
posèrent des pyramides d’échelles grossières en bois de pin. Des hommes
montèrent sur ces tours et plus d’un soûlard tomba sur les têtes de ceux qui se
trouvaient dessous, si serrés et si nombreux qu’on ne voyait plus le sol.
    Gengis et ses généraux occupaient les meilleures places et
le khan les avait poussés à boire jusqu’à un quasi-abrutissement alors que le
troisième jour touchait à sa fin. On avait porté des toasts en l’honneur d’Arslan,
mais tout le camp savait maintenant que l’un des fils de Gengis allait se
battre contre une bête des terres lointaines et les guerriers étaient excités
par la proximité de la mort. Temüge était venu avec les derniers chariots du
camp de l’Orkhon. Il prit la plupart des paris mais seulement sur la durée du
combat. Personne ne misait sur une victoire de Djötchi face à ce monstre rayé
qui allait et venait dans sa cage.
    Quand la nuit vint, la seule lumière dans la plaine fut ce
cercle, œil d’or entouré de la masse mouvante du peuple mongol. Sans même en
avoir reçu l’ordre, les jeunes tambours se mirent à marquer la cadence de
guerre. Djötchi s’était retiré dans la yourte de Jelme pour s’y reposer tout l’après-midi
et les guerriers attendaient dehors, les yeux tournés vers la tente pour voir
apparaître le fils du khan dès qu’il sortirait.
     
     
    Jelme, debout, regardait le jeune homme assis sur un lit bas,
le sabre de son père en travers des cuisses. Djötchi portait la lourde armure
que Süböteï lui avait donnée, des écailles de fer de la largeur d’un doigt
cousues sur un épais tissu, du cou aux genoux. Une odeur aigre de sueur
imprégnait la yourte.
    — Ils te réclament, dit Jelme.
    — J’entends, répondit Djötchi, desserrant à peine les
mâchoires.
    — Je ne peux pas te dire que tu n’es pas obligé d’y
aller. Tu l’es.
    Jelme tendit la main dans l’intention de presser l’épaule du
jeune guerrier, laissa finalement retomber son bras et soupira.
    — Ce que je peux dire, c’est que c’est une chose
stupide à faire. Si j’avais su comment cela tournerait, j’aurais lâché le tigre
dans les forêts du Koryo.
    — C’est trop tard, murmura Djötchi.
    Les lèvres pressées en un pli amer, il leva les yeux vers le
général de son père.
    — Il ne me reste qu’à tuer cette grosse bête, maintenant,
non ?
    Jelme eut un sourire crispé. Dehors, le bruit de la foule
enflait et les guerriers scandaient le nom de Djötchi. Ce serait un moment de
gloire, mais Jelme savait que le garçon n’en réchapperait pas. Pendant qu’on
construisait le cercle et qu’on descendait la cage du chariot, il avait examiné
l’animal, remarqué la puissance et la souplesse de ses mouvements. Plus rapide
qu’un homme, quatre fois plus lourd, il serait impossible à arrêter. Il demeura
muet d’appréhension tandis que Djötchi se levait et faisait jouer les muscles
de ses épaules. Le premier fils du khan avait hérité de son père une vitesse
foudroyante, mais cela ne suffirait pas. Jelme vit de la sueur couler sur le
visage de Djötchi, former une grosse goutte. Bien que Gengis ne lui eût laissé
aucune marge de manœuvre dans l’exécution de ses ordres, le général cherchait
un moyen de lutter contre le réflexe d’obéissance imprimé en lui. C’était lui
qui avait apporté le tigre au khan ; il ne pouvait pas envoyer simplement
un jeune homme à sa mort. Quand il se décida enfin à parler, sa voix ne fut qu’un
murmure :
    — Je serai en haut des planches avec un arc. Si tu
tombes, tente de tenir bon et je le tuerai.
    Ces mots firent naître une lueur d’espoir dans les yeux de Djötchi.
Jelme se rappela la seule chasse à laquelle il avait assisté au Koryo : le
tigre, après avoir reçu une flèche dans le cœur, avait quand même éventré un
rétiaire expérimenté.
    — Ne montre surtout pas de peur, dit Jelme. Quoi qu’il
arrive. Si tu dois mourir ce soir, meurs en homme. Pour l’honneur de ton père.
    — S’il dépend de moi pour son honneur, il est plus
faible que je ne l’imaginais, rétorqua Djötchi d’un ton rageur.
    — Tous les hommes meurent, poursuivit le général, ignorant
la repartie. Pour toi, cela pourrait être ce soir, l’année prochaine ou dans
quarante ans, quand tu seras vieux et

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